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Société - Explosion au Akkar

Les hôpitaux sur le qui-vive pour traiter les grands brûlés

Le secteur hospitalier a reçu de nombreuses donations, à l’heure où les médicaments et le matériel médical se font rares. Mais les blessés auront besoin d’un traitement sur le long terme, difficile à assurer avec la crise.

Les hôpitaux sur le qui-vive pour traiter les grands brûlés

Un patient gravement brûlé transporté en hélicoptère dimanche jusqu’à l’Hôpital libanais-Jeitaoui. Anwar Amro/AFP

Le Liban a observé hier une journée de deuil national au lendemain de l’explosion d’une citerne d’essence, samedi dans le Akkar, qui a fait au moins 29 morts, un nouveau corps carbonisé ayant été découvert hier par l’armée et les secouristes de la Croix-Rouge. Selon un bilan du ministère de la Santé, cet incident a fait 80 blessés parmi les personnes qui cherchaient à se procurer désespérément du carburant, après que l’armée eut perquisitionné un réservoir dans la localité de Tleil. Ces blessés sont répartis entre l’hôpital al-Salam, à Tripoli, et l’Hôpital libanais-Jeitaoui à Beyrouth, tandis que plusieurs personnes sont toujours portées disparues. L’hôpital gouvernemental Rafic Hariri a pour sa part annoncé l’ouverture hier de son unité de soins pour grands brûlés, avec quatre lits disponibles, rapidement occupés par deux blessés du Akkar, dont un souffrant de brûlures couvrant 80 % de son corps, selon un tweet du directeur de l’établissement, Firas Abiad.

C’est l’Hôpital libanais-Jeitaoui qui accueille le plus de cas difficiles, avec douze grands brûlés, dont trois sont dans un état critique, selon le professeur Pierre Yared, directeur général de l’établissement. Le secteur hospitalier, confronté à une pénurie de médicaments et de matériel en raison de la crise économique, a reçu plusieurs donations pour pouvoir poursuivre le traitement des grands brûlés. « Nous avons reçu des donations de médicaments et du matériel médical de la part de certains fournisseurs, de l’Unicef et du Comité international de la Croix-Rouge, confie le Dr Yared à L’Orient-Le Jour. D’autres hôpitaux ainsi que des particuliers nous ont également offert leur soutien. Nous avons de quoi traiter les blessés pendant une semaine, mais toute aide serait la bienvenue. »

Le Dr Nagi Abi Rached, directeur médical de l’hôpital, indique pour sa part que le plus difficile sera d’assurer la continuité du traitement dans le contexte actuel. « Les grands brûlés ont besoin d’un traitement de huit semaines au moins avec des antibiotiques, des anesthésiques, des pansements et des antidouleurs, prévient-il. Ces produits sont difficiles à assurer dans ces moments de crise, d’autant que nous ne recevons aucune aide de l’État. »

Des blessés bientôt évacués au Koweït
À l’hôpital al-Salam, où les cas traités ne sont pas graves, une source du bureau médical a assuré à notre correspondant au Liban-Nord, Souhaib Jawhar, qu’une grande partie des équipements médicaux nécessaires a été assurée, mais que l’établissement est presque à court de mazout. « Notre stock ne suffit que pour quelques jours, déplore ce responsable. Nous espérons que l’armée nous fournira du carburant provenant des hydrocarbures réquisitionnés dernièrement. »

Depuis le week-end dernier, de nombreux pays ont accouru à la rescousse et offert une aide médicale au Liban. Ainsi, l’Égypte a annoncé l’envoi dimanche d’une équipe de médecins spécialisés et d’une tonne et demie de matériel médical et de médicaments. Hier après-midi, la Jordanie a fait parvenir du matériel à l’Hôpital militaire de Beyrouth.

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Selon l’armée, deux militaires sont morts, onze autres soldats se trouvent dans un état critique et quatre sont portés disparus. Quatre des militaires blessés ont été évacués vers la Turquie hier pour se faire soigner. D’autres blessés militaires et civils devraient bientôt être transférés au Koweït, selon un responsable au sein du ministère de la Santé. « Nous ne savons pas encore combien de personnes seront évacuées. Nous procédons par ordre d’urgence et il se trouve que les militaires sont ceux qui ont été le plus gravement affectés lors de l’explosion », précise ce responsable à L’OLJ.

Plus tôt dans la journée, le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a confié qu’il craignait « de manquer de mazout, de médicaments et du matériel nécessaire pour soigner les blessés », lors d’un entretien à la radio Voix du Liban.L’Organisation mondiale de la Santé a pour sa part annoncé l’envoi dans les prochaines heures de médicaments et de fournitures médicales pour soigner jusqu’à 3 000 patients, mais aussi 250 malades souffrant de brûlures.

Des familles laissées à elles-mêmes

Par ailleurs, les familles présentes dans les hôpitaux étaient complètement laissées à elles-mêmes hier, rapporte une source qui suit le dossier de près. « Aucune cellule de crise n’a été mise en place, aucun numéro d’urgence n’a été communiqué à ceux qui cherchent leurs proches, regrette cette source. Il n’y a même pas de listes nominatives des blessés ou des hôpitaux où ils se trouvent. Il semblerait que nous n’ayons rien appris des explosions au port de Beyrouth. Certaines personnes passent leur temps à appeler désespérément les hôpitaux pour retrouver leurs proches. J’ai rencontré une mère de famille dont le mari est blessé et qui a dû laisser ses enfants seuls au village. Elle n’a même pas de téléphone pour prendre de leurs nouvelles. »

Le billet de Dominique Eddé

La brûlure

Au Akkar, les familles des victimes n’ont pas encore organisé les funérailles, certaines étant encore à la recherche de proches, d’autres attendant de les identifier au moyen de tests d’ADN tant les corps ont été carbonisés. En concertation avec les dignitaires de la région, les familles pourraient organiser des funérailles collectives et enterrer leurs morts sur un même site, selon notre correspondant dans la région, Michel Hallak. Une seule victime, Mohammad Ahmad Khodr, dont la famille a pu identifier le corps, a été inhumée dimanche après-midi dans son village de Koueichra.

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