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Politique - Drame du 4 août

Diab : La réalisation de la justice commence en révélant la vérité

Berry se déclare à nouveau favorable à la levée de toutes les immunités ; Hariri réitère son appel à amender la Constitution.


Diab : La réalisation de la justice commence en révélant la vérité

Le 4 août 2020, la double explosion au port de Beyrouth a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés et dévasté des quartiers entiers de la capitale. REUTERS/Aziz Taher

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a affirmé mardi, à la veille du premier anniversaire du drame du 4 août, qu'il n'y aura pas de véritable justice au Liban tant que justice ne sera pas rendue dans l'affaire de la double explosion au port de Beyrouth, laquelle a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés et dévasté des quartiers entiers de la capitale, et tant que la vérité ne sera pas révélée.

Après avoir catégoriquement rejeté une enquête internationale, les autorités libanaises ont dessaisi de ses fonctions le premier juge chargé d'enquêter sur l'affaire, Fadi Sawan, après l'inculpation de hauts responsables, dont Hassane Diab. Début juillet, son remplaçant, le juge Tarek Bitar, annonce son intention d'interroger Hassane Diab et demande au Parlement de lever l'immunité de trois députés ayant occupé des postes ministériels "en vue d'intenter des poursuites pour potentielle intention d'homicide" et "négligence et manquements". Le Parlement réclame des "preuves" supplémentaires, ce que le juge refuse.

"Une année s'est écoulée depuis le tremblement de terre qui a frappé Beyrouth et tout le Liban", a déclaré M. Diab dans un communiqué. "L'explosion du 4 août a révélé les failles du pays. La corruption profondément enracinée qui ronge le Liban a été en partie exposée, et les caractéristiques de l'Etat, un Etat de corruption, ont émergé", a estimé M. Diab, qualifiant le hangar n°12, où étaient stockées depuis des années les matières explosives de "hangar de la corruption". Sous la pression de la rue, le Premier ministre Diab a démissionné le 10 août dernier dans la foulée de la tragédie. La Sécurité de l'Etat, qui a mené une enquête sur le stock de nitrate avant l'explosion, a tardé à signaler la menace potentielle aux hauts responsables, fournissant, par ailleurs, des informations incomplètes sur les dangers posés par ces produits chimiques, selon Human Rights Watch. Hassane Diab a ainsi reçu des informations sur la cargaison seulement à partir de juin 2020, soit à peine deux mois avant l'explosion. "Je l'ai ensuite oublié et personne n'a assuré le suivi. Il y avait des désastres tous les jours", a-t-il déclaré à HRW.

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"Il n'y aura pas de véritable justice au Liban tant que la justice ne sera pas rendue dans l'affaire de l'explosion au port de Beyrouth. Les Libanais ne pourront pas se sentir en sécurité tant que la vérité toute entière sur cette catastrophe ne sera pas dévoilée", a martelé le Premier ministre sortant. Or, "la vérité ne peut pas être dévoilée si les questions fondamentales suivantes restent sans réponse : qui a importé le nitrate d'ammonium et pourquoi ? Comment et pourquoi a-t-il été abandonné dans le port pendant sept ans ? Comment l'explosion s'est-elle produite ?", a-t-il lancé.

L'enquête locale n'a toujours donné aucun élément de réponse concernant les causes de la déflagration, et les dirigeants refusent l'éventualité d'une enquête internationale. Le 15 juin, une cinquantaine d'ONG ont réclamé une enquête de l'ONU, évoquant notamment "des ingérences politiques flagrantes, l'immunité des hauts responsables politiques, le manque de respect des normes d'un procès équitable". Amnesty international a déploré lundi que les "autorités libanaises aient passé toute l'année écoulée à entraver de manière éhontée les revendications de vérité et de justice de la part des familles des victimes". Human Rights Watch a dénoncé pour sa part accusé les autorités de négligence criminelle, de violation du droit à la vie et de faire barrage à l'enquête locale. L'ONG a recommandé la mise en place d'une mission d'investigation indépendante de l'ONU et des sanctions internationales contre les hauts responsables libanais. Dans un rapport de 126 pages, l'ONG a documenté les multiples manquements des instances politiques et sécuritaires dans la gestion de ce stock de matières dangereuses depuis son arrivée au port en 2013 jusqu'à son explosion. Des dizaines de responsables gouvernementaux, douaniers et responsables de sécurité qui étaient au courant des dangers encourus, selon l'ONG, y sont identifiés.

"Pierre d'angle qui empêche la chute du Liban"
"La réalisation de la justice commence en révélant la vérité et en s'assurant que les auteurs de cette catastrophe rendent des comptes. Tout le monde doit prendre conscience que la vraie justice est la pierre d'angle qui empêche la chute du Liban", a encore jugé M. Diab, qui a refusé de statuer sur l'autorisation de comparaître du chef de la sécurité de l'État, le général Tony Saliba, arguant du fait que cela relevait des prérogatives du conseil de Défense.

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Enfin, M. Diab s'est dit solidaire des familles des victimes, dénonçant l'exploitation politique de leur peine. "Comment une conscience humaine et patriotique peut-elle exploiter la peine d'une mère et les larmes d'un père à des fins politiques ou personnelles ?", s'est-il interrogé, sans donner davantage de précisions à qui il faisait référence. Mardi, un meeting a été organisé au port par les Forces libanaises du leader maronite Samir Geagea et un sit-in sera organisé cet après-midi par le Courant patriotique libre (CPL, aouniste). Mercredi, pour le premier anniversaire du sinistre, une importante mobilisation est attendue dans les rues de Beyrouth afin de réclamer justice.

Surenchère
Quant au président du Parlement, Nabih Berry, il s’est une fois de plus prononcé en faveur de la levée de toutes les immunités des personnalités politiques et responsables sécuritaires que le juge Tarek Bitar entendrait interroger dans le cadre de cette affaire. Le président de la Chambre a estimé que "les âmes des victimes de la tragédie ne connaîtront pas la paix, et la blessure au niveau national provoquée par l'explosion ne sera pansée que si toute la vérité est révélée". "La justice ne se réduit pas à une pétition ou un étalage de force. Il s’agit d’une échéance quotidienne qui se consacre à travers l’indépendance de la justice, l’application de la Constitution et des lois, loin de toute considération politique, électorale ou confessionnelle", a ajouté M. Berry dans un communiqué. Il a ajouté que de par son "positionnement politique et législatif", il n’acceptera "rien de moins que la justice, et que les sanctions soient infligées à tous ceux qui sont impliqués dans le drame, où qu’ils soient et quelle que soit leur appartenance (politique)". "Le premier pas sur cette voie réside dans l'identification de ceux qui ont fait entrer le nitrate de la mort (à bord du navire Rhosus) à Beyrouth, et la découverte des raisons de l’explosion", a encore dit Nabih Berry. Et de conclure : "Il n’y d’immunité ni de couverture que pour les martyrs, les lois et la Constitution".

Le leader sunnite et chef du courant du Futur, Saad Hariri, a de son côté déclaré que la journée du 4 août 2021, commémorant le premier anniversaire de la double explosion survenue au port de Beyrouth, devrait être une occasion pour manifester une solidarité avec les proches des victimes et non pour faire de la surenchère politique. Il est dans ce cadre revenu à la charge en plaidant pour la suspension de certains articles de la Constitution, afin de lever toutes les immunités, tout en se prononçant contre le transfert du dossier devant la Cour de justice.

Dans un communiqué, M. Hariri souligne que la double explosion "est un point noir (qui reflète) l'état de déni et de négligence au sein des institutions politiques, économiques militaires et administratives". Pour Saad Hariri, également député de Beyrouth, "le séisme qui a secoué Beyrouth ne devrait pas constituer une plateforme pour faire de la surenchère et de la récupération politiques aux dépens des citoyens, afin de noyer la justice dans le populisme pour occulter la vérité". Le leader du Futur répondait ainsi à son adversaire politique, le chef du CPL, Gebran Bassil, qui avait tenu lundi une conférence de presse dans laquelle il avait appelé le président de la Chambre à convoquer le Parlement à une séance le 4 août, consacrée à la levée des immunités parlementaires. "C'est un jour pour libérer la justice des querelles politiques et des procès médiatiques. Ce n'est pas un jour pour lancer les campagnes électorales", a encore affirmé Saad Hariri. "Il n'y a pas de justice sans demande des comptes, et pas de vérité sans une enquête internationale transparente, ou la suspension de certains articles de Constitution pour lever toutes les immunités, au plus haut niveau", a encore dit le chef du Futur, dans une claire allusion au chef de l’Etat qui avait reconnu qu'il était au courant du stockage de certaines matières dangereuses au port de Beyrouth, quelques semaines avant le drame.

Le Hezbollah a, lui, appelé la justice libanaise à "faire la vérité" sur la double explosion, "sans céder aux pressions", mettant en garde contre les tentatives d'exploitation à des fins politiques de cette affaire. Après avoir présenté une nouvelle fois ses condoléances aux proches des victimes de "la plus grande tragédie nationale" ayant frappé le Liban et exprimé sa sympathie aux blessés et sinistrés, le parti chiite a exprimé l'espoir que "toute la vérité soit faite sur cette catastrophe en toute transparence et fiabilité, loin de toute récupération politique, règlement de comptes ni conflits internes étroits". Dans un communiqué, le Hezbollah a estimé que ces pratiques risquent d'"empêcher toute reddition des comptes". "Nous demandons aux autorités judiciaires concernées de traiter cette affaire nationale avec sérieux et responsabilité, sans céder aux pressions et aux intérêts personnels et à dévoiler la vérité, devant l'opinion publique et le monde, en toute transparence", a encore appelé le parti. Il a aussi réclamé qu'un terme "définitif" soit mis aux "manipulations internes et à l'exploitation externe" de cette affaire, ainsi qu'aux "accusations infondées et aux détournements de la vérité".

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a affirmé mardi, à la veille du premier anniversaire du drame du 4 août, qu'il n'y aura pas de véritable justice au Liban tant que justice ne sera pas rendue dans l'affaire de la double explosion au port de Beyrouth, laquelle a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés et dévasté des quartiers entiers de la capitale, et tant que la vérité...

commentaires (6)

Honte à vous Monsieur !

Wow

20 h 09, le 03 août 2021

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Honte à vous Monsieur !

    Wow

    20 h 09, le 03 août 2021

  • Et chacun de ces Messieurs se croit obligé de faire sa "déclaration justificative"...Allez-y, Messieurs, cela consolera certainement les victimes du 4/8/2020...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 26, le 03 août 2021

  • LES USA DISENT QUE SEULEMENT LE QUART DU NITRATE CAD DES 2750 TONNES A EXPLOSE. QUI AVAIT DURANT LA DECENNIE DE SA PRESENCE AU PORT RETIRE A DES INTERVALES DES QUANTITES ? LES NOMS DES UTILISATEURS SONT BIEN SUR DANS LES DOCUMENTS DOUANIERS TOUT COMME LE NOM DE L,IMPORTATEUR OU DU MOINS LE DEPOSITAIRE DANS LE LIEU DE STOCKAGE. JUGE BITAR, QU,ATTENDEZ-VOUS DE POURSUIVRE LES TETES ? ET DE REVELER DES NOMS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 18, le 03 août 2021

  • ils se prennent vraiment pour intelligents ces mecs Kellon ? comme si "trouver" reponses a ""qui que quoi dont ou "" de cette nitrate absolvait les fautes des autres poltrons criminels responsables libanais divers de par leur incompetence, inconscience , insouciance Ah la La ! ce qu'ils sont cons hein ? mais le sont ils vraiment ou ils savent tres bien qu'en depit de tout, des suiveurs /partisans/serfs ne leur feront pas faux bond !

    Gaby SIOUFI

    14 h 15, le 03 août 2021

  • Cher Monsieur Diab..La verite n' est pas bonne a dire...Elle est de fait interdite !

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 45, le 03 août 2021

  • au liban on assassine les gent et on va à leurs enterrements depuis toujours et c est toujours la faute des autres. la justice on ne connait pas c est la loi du plus fort

    barada youssef

    11 h 48, le 03 août 2021

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