La direction des médias au sein du Parlement libanais a appelé jeudi la justice à mettre un terme aux critiques dont la Chambre fait l'objet sur les réseaux sociaux, après que des députés ont signé une pétition visant à contourner la levée des immunités parlementaires réclamée par le juge d'instruction près la cour de justice Tarek Bitar, dans le cadre de son enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth en août 2020.
Une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux contre les députés signataires, sous les hashtag #députés_du_nitrate et #députés_de_la_honte. Les noms et photos de ces parlementaires étaient largement diffusées ces derniers jours, à côté d'une représentation de la déflagration, tandis que de nombreux journalistes et activistes ont dénoncé leur tentative de contourner la justice, attendue depuis près d'un an par les familles des plus de 200 victimes, les sinistrés et tous les Libanais. La déflagration du 4 août 2020 s'était produite à la suite d'un incendie dans le hangar n°12 du port de Beyrouth, où étaient stockées depuis des années 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, sans mesures de sécurité.
"Depuis l'explosion (...), certaines parties, dont les affiliations sont connues, tentent de cibler le Parlement et les députés, et hier, cette campagne a atteint son paroxysme (...)", déplore la Chambre dans un communiqué. "La direction des médias au sein du Parlement appelle la justice et le juge d'instruction à se mobiliser afin de mettre un terme à cette atteinte qualifiée à la justice et aux proches des victimes qui ont le droit de connaître la vérité (...)", poursuit le communiqué. "Le Parlement, qui a été partiellement détruit par l'explosion, et dont des dizaines de fonctionnaires ont été blessés, rappelle qu'il coopère et continuera de coopérer avec la justice, et sa mission à présent est de constituer une commission d'enquête en vertu de la loi numéro 13 afin de mener l'enquête du début jusqu'à la fin, loin des exploitations politiques et populistes qui mettent en danger les résultats qui doivent mener à la justice", conclut la Chambre.
Mercredi, plusieurs députés, notamment affiliés à la formation parlementaire de l'ex-Premier ministre Saad Hariri, ont finalement retiré leur signature de cette pétition, après le tollé provoqué par cette démarche au sein d'une population qui continue de réclamer justice, près d'un an après le drame. Il ne resterait donc plus désormais que 21 signatures sur cette pétition, qui vise à contourner la justice en enclenchant la procédure de mise en accusation, par la Chambre cette fois, des trois députés et anciens ministres, Nouhad Machnouk, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, ainsi que de l'ex-ministre Youssef Fenianos. Le juge Tarek Bitar avait demandé la levée de leur immunité pour les inculper et engager des poursuites pour "éventuelle intention d'homicide" et "négligence et manquements". Il est depuis confronté à des tentatives d'obstruction de la part de la classe politique. Les députés, réunis le 10 juillet en commissions, n’avaient pas statué sur la requête du juge Bitar, et avaient requis davantage de documents, ce que ce dernier avait refusé, arguant du secret de l'instruction.
"Les innocents n'ont rien à craindre"
Par ailleurs, réagissant aux derniers développements entourant l'enquête sur la double explosion, mais sans nommer directement les députés ni le Parlement, les familles des pompiers tués le 4 août ont estimé que les personnes innocentes ne devraient pas "avoir peur" de comparaître devant la justice.
"Aucun rang hiérarchique ne peut échapper à la reddition des comptes", a déclaré Antonella Hitti, la sœur d'un des soldats du feu, lors d'une conférence de presse au nom des familles à la caserne du district de la Quarantaine. "Pourquoi ceux qui sont sûrs que le sang de nos proches n'est pas sur leurs mains ont-ils peur de la justice ? Les innocents n'ont rien à craindre", a-t-elle lancé, exhortant également les responsables "qui se cachent derrière leur grade militaire" à se présenter devant le juge. "Nous attendrons le dépôt des actes d'accusation" avant de nous prononcer, a-t-elle souligné, avertissant que pour les familles des victimes "la coupe est pleine" et qu'elles "ne se tairont pas en cas de tentative de détourner l'enquête". "Nous avons pleine confiance dans le travail du juge Tarek Bitar que nous soutenons, et nous lui demandons de ne rien négliger", a poursuivi Mlle Hitti. Elle a aussi invité les Libanais à rejoindre les proches des victimes à la commémoration du 4 août à 15h, à la caserne de la Quarantaine, d'où partira une procession jusqu'à la statue de l'Émigré, face au port.
Le jour des explosions, dix pompiers avaient été déployés autour du hangar n°12 du port de Beyrouth pour y éteindre un incendie qui s'y était déclaré, sans aucun équipement adéquat ni aucune information sur les matières stockées. Ils s'étaient retrouvés en première ligne au moment de la déflagration.
Députés et ministres de la honte. Des vendus déguisés en hommes politiques dans le but de s’enrichir en assassinant le pays à leur tête la plus grosse crapule que le pays a connu, avec ses airs de papi somnolent il participe à la destruction de ce qui reste de notre nation pendant que tout le monde le regarde faire sans broncher.
11 h 55, le 23 juillet 2021