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Santé - Pédiatrie

Le Covid-19 retarde la vaccination des enfants, l’OMS et l’Unicef s’inquiètent

Dans un rapport publié récemment, les deux agences onusiennes ont mis en garde contre un risque de « catastrophe absolue ». Au Liban, l’immunisation des enfants a chuté de 31 % en 2020.

Le Covid-19 retarde la vaccination des enfants, l’OMS et l’Unicef s’inquiètent

La lutte contre le Covid-19 et les mesures imposées dans ce cadre ont contribué à un recul de la vaccination des enfants au Liban et dans le monde. Photo d’illustration Bigstock

Dans un rapport récent, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef ont mis en garde contre un risque de « catastrophe absolue » si le dangereux retard pris dans la vaccination des enfants à cause du Covid-19 n’est pas rattrapé et si les restrictions sanitaires sont levées trop vite. En effet, depuis le début de la pandémie dans le monde, en 2020, les ressources et les personnels ont dû être détournés vers la lutte contre le Covid-19. De plus, dans plusieurs pays, nombre de services de soins ont dû fermer ou réduire leurs horaires. À cela s’ajoute la réticence des parents à se déplacer de crainte de contracter le coronavirus. Résultat : certaines maladies font des éruptions, comme c’est le cas de la rougeole au Pakistan.

Selon ce document, en 2020, 23 millions d’enfants dans le monde sont passés à travers les mailles du filet et n’ont pas reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche ou DTP3, qui sert de mesure de référence. C’est le plus grand nombre depuis 2009 et cela touche 3,7 millions d’enfants de plus qu’en 2019. Plus grave encore, 17 millions d’enfants n’ont sans doute eu aucune dose l’année dernière.

Toujours d’après le rapport, le taux de vaccination DTP3 est resté bloqué à 86 % depuis plusieurs années avant la pandémie et en 2020, il est tombé à 83 %. Dans le cas de la rougeole, une maladie extrêmement contagieuse nécessitant un taux de couverture vaccinale de 95 % pour être bien maîtrisée, seulement 71 % des enfants ont reçu la deuxième dose.

Au Liban, un problème amplifié

Le Liban figure au nombre des pays qui connaissent le même problème, « puisque la vaccination des enfants ne figurait plus au nombre des priorités des familles », explique à L’Orient-Le Jour Randa Hamadé, cheffe du département de soins de santé primaires et directrice du programme national de vaccination au ministère de la Santé. « Les bouclages imposés pour lutter contre la pandémie ont également limité l’accès des enfants aux centres de vaccination, poursuit-elle. Au Liban toutefois, le problème est amplifié en raison de la crise financière et économique couplée à la décision prise par le ministre (sortant) de la Santé Hamad Hassan (en juillet 2020, NDLR) d’interdire aux pédiatres d’acquérir les vaccins directement des distributeurs de médicaments, limitant leur vente aux pharmacies et hôpitaux. De ce fait, les vaccins n’étaient plus disponibles en quantités suffisantes dans le secteur privé. »

Mme Hamadé souligne dans ce cadre que ceux-ci restaient disponibles dans les centres de soins de santé primaires répartis sur l’ensemble du territoire. « Le ministère de la Santé, à travers l’Unicef, assure les vaccins pédiatriques à ces centres, insiste-t-elle. Ils n’y ont jamais été en rupture de stock. »

Pour toutes ces raisons, le taux de vaccination pédiatrique au Liban a chuté de près de 31 % durant la période s’étalant entre mars et fin 2020. Pour lutter contre ce problème et éviter de perdre tous les acquis, le programme de vaccination du ministère de la Santé a relancé en octobre 2020 la campagne de vaccination contre la rougeole, la rubéole et la poliomyélite. « Ce qui a permis d’améliorer la vaccination routinière des enfants et de limiter les dégâts, se félicite Mme Hamadé. Actuellement, c’est dans les régions reculées que cette campagne est menée. Aussi, à travers les sociétés de pédiatrie de Beyrouth et du Liban-Nord, nous sommes en train de fournir gratuitement ces vaccins aux pédiatres pour qu’ils les administrent à leurs patients dans leurs cabinets. L’étape suivante consistera à lancer une campagne de sensibilisation pour rappeler aux parents l’importance de la vaccination et au gouvernement ses responsabilités dans ce cadre, mais aussi pour pousser le secteur privé à collaborer avec le secteur public. Les pédiatres pourront ainsi se procurer gratuitement les vaccins du ministère de la Santé. Ils seront obligés de les donner aussi gratuitement à leurs patients. Ils tariferont uniquement la consultation médicale. »

On ignore encore l’impact de ce recul observé dans la vaccination au Liban, puisqu’en raison de la pandémie, le système de surveillance épidémiologique a également été affecté. « On ne peut pas trancher et dire que des maladies éradiquées ont commencé à resurgir, avance Mme Hamadé. Si nous ne l’avons pas encore remarqué, cela ne signifie pas pour autant qu’on est à l’abri, mais qu’il faut attendre pour mesurer les dégâts. »

Dans un rapport récent, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef ont mis en garde contre un risque de « catastrophe absolue » si le dangereux retard pris dans la vaccination des enfants à cause du Covid-19 n’est pas rattrapé et si les restrictions sanitaires sont levées trop vite. En effet, depuis le début de la pandémie dans le monde, en 2020, les ressources...

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