Trois femmes sur quatre au Liban peinent chaque mois à se procurer des protections menstruelles, notamment des serviettes hygiéniques, dans un pays en plein effondrement économique où certaines doivent recourir à des alternatives peu pratiques voire dangereuses, ont rapporté mercredi des ONG.
"En raison de la hausse des prix au cours de l'année précédente, 76,5% des femmes et des adolescentes au Liban ont connu des difficultés accrues quand il s'agissait d'accéder aux produits" menstruels, selon un sondage réalisé par l'association libanaise Fe-Male et l'ONG Plan International auprès de 1.800 Libanaises, Syriennes et Palestiniennes. Le prix des serviettes hygiéniques, pratiquement toutes importées, a ainsi considérablement augmenté, dans un Liban confronté selon la Banque mondiale à l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850. En fonction des marques, les paquets qui coûtaient naguère moins de 3.000 livres, soit deux dollars, se vendent aujourd'hui entre 13.000 et 34.000 livres.
Les femmes sont obligées d'acheter les serviettes hygiéniques les moins chères et donc de moins bonne qualité, de les porter plus longtemps, voire de les remplacer par des mouchoirs, des morceaux de tissus, ou des couches pour bébé qui sont découpées. C'est ainsi que 36% des sondées disent avoir souffert d'irritations ou d'infections, en raison du manque d'accès à des produits convenables. Plus de 35%, les plus jeunes surtout, ont indiqué que leurs règles représentaient désormais un obstacle qui les empêchaient de participer à certaines activités quotidiennes. Une écolière a ainsi signalé à Fe-Male utiliser des bouts de tissus et être obligée de manquer plusieurs jours d'école par mois.
Les deux ONG ont réclamé un débat public sur la précarité menstruelle et le droit d'accès à des produits hygiéniques, pour lutter contre la marginalisation qu'entraîne le silence sur le sujet. Le silence conduit les femmes à "s'en occuper seule et à utiliser des alternatives qui pourraient ne pas être saines", a déploré auprès de l'AFP Alia Awada, co-directrice de Fe-Male. De plus, "la précarité menstruelle est considérée comme superflue, dans un contexte marqué par des crises économique et sociale, où les droits de la femme, mais aussi leur santé mentale et physique, deviennent secondaires", selon elle. "La menstruation n'est pas un choix, mais un fait biologique, et l'accès aux produits hygiéniques est un droit humain", résume Lama Naga de l'ONG Plan International.
commentaires (2)
Il va falloir revenir a l' ere pre-industrielle, et utiliser des tissus, qui seront ensuite laves , comme pour les couches de bebe d' autrefois...
LeRougeEtLeNoir
14 h 25, le 15 juillet 2021