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Économie - Crise

Les importateurs de denrées alimentaires déplorent 75 millions de dollars non réglés par la BDL

Les importateurs de denrées alimentaires déplorent 75 millions de dollars non réglés par la BDL

Depuis quelques semaines, les prix des biens alimentaires ont fortement augmenté dans le pays. Photo P.H.B.

Le syndicat des importateurs de denrées alimentaires a demandé hier à la Banque du Liban (BDL) de régler aux importateurs des subventions impayées depuis plusieurs mois, pour un montant estimé à 75 millions de dollars, estimant que le mécanisme de subventions était « en état de mort clinique ». C’est la première fois que le syndicat des importateurs communique un chiffre précis concernant les demandes de subvention validées, mais non honorées. « Le problème se situe au niveau des dossiers approuvés ces derniers mois par le ministère de l’Économie (et du Commerce) : les marchandises ont été importées et vendues à un prix subventionné, alors que les importateurs n’ont pas reçu les crédits en devises de la BDL », a-t-il expliqué. Le syndicat a mis en garde contre le fait que les importateurs seraient obligés de vendre leurs produits « au taux du marché parallèle » si la question des subventions n’est pas résolue. Ce taux qui reste aujourd’hui un marqueur de la valeur réelle de la livre en plein contexte de crise évolue actuellement au-dessus de la barre des 15 000 livres pour un dollar, contre un taux officiel de 1 507,5 livres, un taux de change « agréé » légèrement supérieur à 12 000 livres via la plate-forme Sayrafa et un taux de 3 900 livres pour les retraits de « dollars bancaires » autorisés en marge des restrictions mis en place illégalement depuis les premiers mois de la crise, au courant de l’automne 2019.

Sécurité alimentaire

« Si ces montants ne sont pas versés, cela causera des pertes énormes » au secteur et « entravera la continuité des flux de produits alimentaires en provenance de l’étranger, ce qui à terme menacera la sécurité alimentaire des Libanais », a encore affirmé le syndicat. Il a souligné que deux choix étaient possibles pour les importateurs : « Prendre le risque de déposer un dossier auprès de la BDL ou bien retirer le dossier des mains de la BDL et vendre les produits au taux du marché » parallèle. Depuis quelques semaines, les prix des biens alimentaires ont fortement augmenté dans le pays. Les mécanismes de subventions aux importations ont commencé à être déployés depuis le début de la crise il y a près de deux ans afin de limiter l’inflation des prix provoquée par la chute de la livre. Essentiellement pilotés par la BDL, ils permettent aux importateurs de blé, carburant, médicaments ou encore matériel médical d’acheter tout ou partie des dollars nécessaires pour payer leurs fournisseurs auprès de celle-ci en échangeant leurs livres au taux officiel. Les importateurs de certaines denrées alimentaires identifiées par le ministère de l’Économie peuvent, eux, depuis mai 2020 échanger leurs livres avec la BDL pour obtenir 100 % des dollars requis au taux de 3 900 livres pour un dollar. Ce dernier mécanisme englobe également certains produits destinés aux agriculteurs ou éleveurs – dont ceux de volaille, qui ont aussi dénoncé hier lors d’une réunion au ministère de l’Économie le fait que la BDL ne leur avait pas réglé plusieurs dizaines de milliers de dollars sur des dossiers validés.Les dollars demandés proviennent des réserves de devises de la BDL, qui ont atteint un niveau critique selon les autorités qui ont annoncé à plusieurs reprises leur intention de les rationaliser ou de les lever, sans jamais communiquer clairement sur le sujet. Plusieurs sources assurent que ce processus aurait démarré et serait appliqué de manière détournée, notamment en renvoyant des dossiers remplissant pourtant tous les critères ou en retardant le déblocage des crédits – comme le dénoncent les importateurs de carburant alors que les problèmes d’approvisionnement des stations-service sont désormais ancrés dans le quotidien des Libanais. De l’autre côté, des sources proches de la BDL ainsi que certains responsables dénoncent le fait qu’une partie des produits subventionnés finissent par alimenter la contrebande vers la Syrie, voire sont revendus dans des pays tiers, en raison du laxisme des autorités aux frontières. Les mêmes voix reprochent aussi à certains importateurs de stocker des produits achetés avec des dollars subventionnés pour les revendre au prix fort une fois que les subventions seront définitivement levées.

S’agissant des denrées alimentaires, des sources au sein du syndicat de la filière contactée par L’Orient-Le Jour assurent que la BDL n’a plus validé aucune nouvelle demande depuis qu’elle a commencé à exiger, il y a quelques mois, que les importateurs n’effectuent pas leurs commandes avant d’avoir obtenu un préaccord. Des sources proches de la BDL rejettent, elles, la responsabilité sur le ministère de l’Économie qui participe au processus de validation des dossiers, une version rejetée par une source proche de cette administration.

Le syndicat des importateurs de denrées alimentaires a demandé hier à la Banque du Liban (BDL) de régler aux importateurs des subventions impayées depuis plusieurs mois, pour un montant estimé à 75 millions de dollars, estimant que le mécanisme de subventions était « en état de mort clinique ». C’est la première fois que le syndicat des importateurs communique un chiffre...

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