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Société - Commentaire

Droits des chrétiens, dites-vous ?

Les droits des chrétiens au Liban, on nous en rabâche les oreilles depuis toujours. Depuis cette fichue guerre fratricide qui a déchiré les Libanais, bouleversé un vivre-ensemble si fragile et empêché toute réconciliation durable basée sur la confiance réciproque. Quarante-six ans plus tard, voilà que réapparaît cette rhétorique, pour reprendre de l’ampleur à moins d’un an des prochaines législatives, véhiculée avec force slogans alarmistes par Gebran Bassil, chef du parti politique le plus populiste du Liban. Alors que les leaders du pays n’ont jamais réussi à débattre de la question ou, ne serait-ce, de l’avenir d’un système politique dysfonctionnel. Bien loin des préoccupations immédiates d’une population épuisée par une crise sans fin, privée désormais de ses droits les plus basiques.

Agiter le spectre des droits des chrétiens face à un peuple en grande souffrance ! Quelle ineptie, de la part d’un homme qui se pose en leader politique chrétien. Leader pourtant boudé de l’ensemble des autres formations chrétiennes du pays. Que de mépris, à l’égard d’une population en attente vaine de réponses. Population qui réalise une fois de plus combien la caste politique au pouvoir se nourrit des dérives du confessionnalisme politique, brandissant la menace de guerres ou d’incidents sécuritaires, dès qu’elle se sent un tant soit peu en danger.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Sanctions, mode d’emploi

Que signifient aujourd’hui les droits des chrétiens pour une femme libanaise, toutes confessions confondues, qui au sein de sa famille n’est pas l’égale de l’homme, n’obtient quasiment jamais justice en cas de violence domestique ou de divorce, n’a toujours pas le droit de transmettre sa nationalité à ses enfants nés de père étranger, est sous- représentée dans la vie politique et économique ? Que veulent dire les droits des chrétiens pour une jeunesse pourchassée parce qu’elle a osé se révolter et dénoncer la corruption, l’injustice, la mauvaise gouvernance, la confiscation de son argent par les banques ? Qu’apportera la polémique actuelle sur les droits des chrétiens aux victimes de la criminelle explosion au port de Beyrouth, ce funeste 4 août 2020, et à leurs familles qui réclament désespérément que soient identifiés les coupables de l’entreposage à proximité d’une zone résidentielle de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium ?

En ces temps d’effondrement de l’État libanais, un constat implacable s’impose : la totalité des droits humains sont bafoués quotidiennement, constamment. Ceux des plus vulnérables en particulier. À tel point que le visage d’un Liban où il faisait si bon vivre s’en trouve aujourd’hui modifié, que les risques de violence, d’agressions et d’incidents sécuritaires s’en trouvent accrus, dans l’indifférence totale d’autorités qui ne veulent ni voir, ni entendre, ni agir. Jamais, dans l’histoire du pays du Cèdre, n’avait-on vu tant d’enfants en guenilles et livrés à eux-mêmes, mendier les quelques sous qui leur permettraient de ne pas dormir le ventre creux. Peu importe qu’ils soient étrangers, réfugiés ou déplacés. Jamais, non plus, n’avait-on vu le secteur éducatif public ou privé, autrefois source de fierté nationale, si proche de l’effondrement. Car écolages, manuels et transports scolaires sont désormais hors de portée de dizaines de milliers de familles saignées à blanc par l’effondrement de la monnaie nationale, les licenciements, le chômage. Avec un risque particulièrement élevé de voir s’amplifier le nombre d’élèves déscolarisés, contraints de travailler pour soutenir leurs parents.

La liste est longue de personnes appauvries quémandant l’aumône aux associations humanitaires, de patients malades en manque de soins et de traitements médicaux pour cause de pénurie, d’employées de maison étrangères abandonnées dans la rue sans ressources par des employeurs peu scrupuleux, de personnes qui attendent que justice soit rendue dans des affaires souvent liées à la prolifération des armes partisanes… Trop longue aussi la descente aux enfers d’une population exsangue qui n’en peut plus de voir sa qualité de vie dégringoler et nul pour s’en soucier. Car l’être humain compte pour si peu dans ce pays. Les droits des chrétiens, par contre, ont la cote.

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Qu’on le veuille ou pas, la jeune génération, qui entraîne dans son sillage une partie de la population, aspire à autre chose qu’à ces creuses rengaines. Elle entend d’abord contribuer à l’émergence d’un peuple membre d’un État-nation baptisé Liban où régneraient justice et égalité entre citoyens, sous la seule bannière du drapeau national. Et refuse pour ce faire d’être identifiée par son appartenance à l’une ou l’autre des 18 communautés religieuses du pays. Avec pour volonté commune de ne pas répéter les erreurs du passé, de bâtir un avenir ensemble quel qu’il soit, en dépit des différences. Avec pour slogans sur les routes du pays, du Nord au Sud, en commençant par la place des Martyrs de Beyrouth ce fameux 17 octobre 2019, le désormais célèbre « Kellon ya3né kellon », autrement dit « À bas, tous ceux qui nous ont menés dans cette galère, Gebran Bassil et consorts inclus. »

Les droits des chrétiens au Liban, on nous en rabâche les oreilles depuis toujours. Depuis cette fichue guerre fratricide qui a déchiré les Libanais, bouleversé un vivre-ensemble si fragile et empêché toute réconciliation durable basée sur la confiance réciproque. Quarante-six ans plus tard, voilà que réapparaît cette rhétorique, pour reprendre de l’ampleur à moins d’un an des...

commentaires (15)

Le coq, la poule, et le renard : la poule, irritée par l'arrogance du coq, fait appel à son "ami" le renard, pour venir dévorer le coq. Cela ne ressemble-t-il pas à l'appel de Gebran Bassil au Hezbollah pour la protection des chrétiens ?

Un Libanais

19 h 58, le 23 juin 2021

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Commentaires (15)

  • Le coq, la poule, et le renard : la poule, irritée par l'arrogance du coq, fait appel à son "ami" le renard, pour venir dévorer le coq. Cela ne ressemble-t-il pas à l'appel de Gebran Bassil au Hezbollah pour la protection des chrétiens ?

    Un Libanais

    19 h 58, le 23 juin 2021

  • Pourquoi on ne rationne pas l'électricité au palais présidentiel ? Pourquoi, on fait payer les libanais le mazout pourque l'insensible sans cœur, continue à jouir de l'air conditionné 24 heures, lui qui ne fait rien ou plutôt fait tout pour empirer la situation des libanais ? Pourquoi il est toujours là haut ? Comment un peuple est réduit au silence par un irresponsable ?

    Esber

    18 h 49, le 23 juin 2021

  • Les cretins, vous voulez dire.

    SATURNE

    15 h 56, le 23 juin 2021

  • Le Libanais chrétien que je suis a honte d’entendre les discours divisifs qui parlent de la protection des chrétiens. Nous ne voulons pas de la protection des chrétiens. Nous voulons de la protection des Libanais. Nous voulons que l’État protège toute la population libanaise. Les besoins, les rêves et les revendications des Libanais chrétiens sont les mêmes que ceux des Libanais musulmans, druzes, athéistes ou bouddhistes, car il doit y avoir des Libanais bouddhistes aussi qui doivent être protégés aussi au même titre que tous les autres Libanais. Oui, nos besoins et nos rêves sont les mêmes de Naqoura jusqu’à Arida à la frontière syrienne et du Hermel, jusqu’à Khiam. Nous avons les mêmes besoins et les mêmes rêves pour nous et nos enfants. Le but des politiciens Libanais doit être la protection de la population libanaise. Il faut arrêter avec les discours dangereux, susceptibles d’enflammer certains esprits. Nous ne voulons pas d’hommes ou de femmes politiques qui nous divisent. Nous voulons des hommes et des femmes politiques qui nous rassemblent. Que M. Bassile continue sa croisade intéressée pour les droits des chrétiens et nous nous éloignerons de son chemin. Qu’il crie tout haut sa volonté de protéger la population libanaise de toutes les régions du Liban, peu importe son appartenance religieuse, et nous l’écouterons avec respect et attention, et peut-être même un jour avec admiration.

    Hippolyte

    14 h 45, le 23 juin 2021

  • LORSQU,ON EST POUSSE ET BOYCOTTE, ON SE DEFEND.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 25, le 23 juin 2021

  • A BAS TOUS COMME VOUS DITES MAIS IL FAUT COMMENCER PAR LA TETE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 00, le 23 juin 2021

  • vu que la population lib vieillit, c'est pt't sur ca que compte encore - et y reussissent- des energumenes tels que pti gendre, ils comptenent de plus en plus sur de "vieux" supporters devenus majoritaires tandis que les "jeunes Libanais" eux sont a la recherche d'un sang nouveau.

    Gaby SIOUFI

    11 h 31, le 23 juin 2021

  • Qu’on le veuille ou pas, pour pouvoir bâtir l’état nation il faut a tout [prix et quelqu’en soit le prix a payer, désarmer le Hezbollah. Tout le reste viendra tout seul;.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 20, le 23 juin 2021

  • A l heure actuelle,ce que desirent le plus les chretiens ,c est ne plus vivre dans la misere ou les ont plonge cette alliance HZB /CPL…..c est pour cela qu ils soutiennent le courant du futur……le plus a meme de sortir le LIBAN de l apocalypse…..

    HABIBI FRANCAIS

    09 h 07, le 23 juin 2021

  • Comment recuperer les droits des chretiens lorsque par haine du sunnite on se met publiquement sous la de’pendance de la milice sectaire arme’e qui a proclame’ son objectif d’integrer le Liban au wilayet el faqih chiite ?! L’amour maladif et excessif du pouvoir a ruine’ le Liban. L’accord de Taef n’a été conclu que suite aux echecs militaires desastreux de Miche Aoun….et l’on poursuit ainsi le chute aux enfers !

    Goraieb Nada

    09 h 04, le 23 juin 2021

  • Bien entendu! Les prétendus "droits des chrétiens" ne peuvent avoir le pas sur les droits de l'homme: droit à la vie, auc soins, à l'alimentation, au logement et à l'éducation. Lesquels sont ici bafoués

    Yves Prevost

    07 h 04, le 23 juin 2021

  • Excellent !

    Abou Khater Hayat

    05 h 19, le 23 juin 2021

  • Mr. Bassil who claims to defend the rights of the Christians, is desperate to remain in power, to defend his own power and his own Party’s, while the state that he’s represents is denying Christians, and the Lebanese population at large, their basic human rights - their right to access their bank savings, to feed their family, to have a well-paying job, the right to healthcare and education. Mr. Bassil claims to be the sole protector and spokesperson of the Christians - L’Etat C’est Moi - and is calling on Hezbollah to defend their so-called rights aka. the power of the FPM, while Hezbollah was never interested in nation-building and in a strong Lebanese state because it thrives in a weak state. Mr. Bassil is in denial and behaving like a snake oil salesmen. History will not look kindly upon Mr. Bassil, Mr. Aoun, and their ilk. We need to all vote in droves to fire Mr. Bassil and the FPM in the next elections.

    Mireille Kang

    04 h 35, le 23 juin 2021

  • Et Daech est une illusion peut-être. Le fruit d'une imagination malade... Le mal existe. La guerre civile de 1975 une farce? C'etait l'époque où dans le quotidien Le Monde les chretiens libanais étaient traités de sales fachistes.

    Massabki Alice

    01 h 00, le 23 juin 2021

  • Un minable mélange de Image 7 et de méthode Coué, c'est comme ça quand on est borné mais néanmoins cupide.

    Christine KHALIL

    00 h 35, le 23 juin 2021

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