Le groupe Bank Audi a démenti mercredi, dans un communiqué, « toute implication dans la moindre opération illicite », en réaction à un article publié le même jour par le site d’investigation Intelligence Online, liant l’établissement bancaire et ses filiales française et suisse aux poursuites judiciaires à l’encontre du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé. Soulignant son « respect total des lois et règlements de tous les pays dans lesquels elle opère » et précisant sa pleine coopération avec les autorités de ces pays, Bank Audi s’est ainsi saisie de son « droit de réponse » à de « fausses allégations ».
Dans son article, le média français avance que la filiale française de Bank Audi « est soupçonnée d’avoir joué un rôle dans les investissements immobiliers français de Riad Salamé », ce dernier disposant d’un compte personnel au sein de cette filiale.
Ces soupçons suivent ceux portés par l’enquête du parquet suisse sur les avoirs du gouverneur au sein de plusieurs établissements helvètes ainsi que l’ouverture d’une enquête préliminaire par le Parquet national financier (PNF) fin mai, suite aux plaintes déposées par l’ONG Sherpa, associée au Collectif des victimes de pratiques frauduleuses et criminelles au Liban, et la fondation suisse Accountability Now, portant notamment sur la fortune et les investissements immobiliers de Riad Salamé en France.
Ni la BDL ni Riad Salamé n’ont réagi à l’article d’Intelligence Online.
Contactées par L’Orient-Le Jour, aucune des sources proches du dossier n’a pu confirmer que l’enquête du PNF s’étendrait à Bank Audi France, tel qu’indiqué dans l’article d’Intelligence Online. Toutefois, toutes ont qualifié cette possibilité de « suite logique » compte tenu de la procédure juridique en France, Riad Salamé y possédant un compte en banque. Également contacté, le PNF a seulement confirmé l’ouverture d’une enquête pour « association de malfaiteurs » et « blanchiment en bande organisée », sans en préciser le contenu. « L’effet domino » est en place et « des tiroirs vont s’ouvrir », a simplement commenté l’une de ces sources.
Trois enquêtes, visant notamment le gouverneur de la banque centrale, sont donc ouvertes : en Suisse, en France et au Liban. Des actions judiciaires ont également été lancées au Royaume-Uni, entre autres auprès du Serious Fraud Office (l’équivalent britannique du PNF) et de la National Crime Agency (l’agence nationale de lutte contre le crime organisé). Enfin, cinq collectifs libanais, avec l’appui d’Accountability Now, ont déposé une plainte commune il y a deux mois devant l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (la Finma) en Suisse, demandant une investigation « approfondie » sur le « rôle central » qu’auraient joué les banques helvètes, dont Bank Audi Suisse, en aidant Riad Salamé et ses proches à conserver des dépôts provenant de « fonds illicites » en Suisse ou à l’étranger.
commentaires (2)
Une sacré liberté de penser en sens unique ....
Menassa Antoine
14 h 17, le 18 juin 2021