Le feuilleton ministériel se poursuit avec des épisodes qui se veulent inédits, mais qui ne sont en fait que des déclinaisons de la même trame sous des formes différentes. Et chaque fois qu’un pas en avant est effectué, un nouveau sujet conflictuel fait son apparition.
Depuis la dernière réunion des trois émissaires Ali Hassan Khalil, Hussein Khalil et Wafic Safa avec le chef du CPL Gebran Bassil, un climat relativement positif a été instillé. Mais il attend d’être confirmé par la réunion suivante entre le trio médiateur et le président du Conseil désigné.
Les médiateurs eux-mêmes, ainsi que les milieux proches de Aïn el-Tiné, en parlent d’ailleurs avec beaucoup de prudence. Toutefois, il semblerait qu’un certain progrès ait été accompli.
Pour rappel, les derniers obstacles à franchir seraient en principe trois. Ils se résumeraient à la distribution des portefeuilles entre les différentes parties et communautés, au processus de désignation des deux ministres chrétiens restants et à la condition posée par Saad Hariri sur la nécessité pour le groupe parlementaire aouniste d’accorder sa confiance au gouvernement.
Aux dernières nouvelles, la réunion du trio médiateur avec Gebran Bassil aurait permis de s’entendre sur la distribution des portefeuilles. Le chef de l’État pourrait choisir le ministre de la Défense (on parle d’un ancien officier de l’armée à la retraite), alors que le Premier ministre désigné choisirait lui le ministre de la Justice, mais les deux personnalités ainsi choisies devraient être acceptées par les deux camps.
Au sujet de la distribution générale des portefeuilles, un schéma global aurait été établi, qui se veut relativement équitable. Il serait inspiré des moutures qui ont été remises au patriarche Béchara Raï par le ministre Bassil et qui accordent notamment le portefeuille de la Santé au courant du Futur et les Travaux Publics à Amal ou au Hezbollah.
La seule demande de Gebran Bassil aurait été de ne pas accorder le ministère de l’Énergie à un ministre choisi par les Marada, de crainte que ce portefeuille ne soit utilisé pour régler des comptes électoraux avec le CPL. Il aurait donc été convenu qu’il soit accordé au tandem chiite, et le plus probablement au Hezbollah, puisque Amal aura le portefeuille des Finances. De leur côté, les Marada pourraient ainsi obtenir le portefeuille des Télécommunications à la place de celui de l’Énergie, en plus de la vice-présidence du Conseil... Un grand obstacle qui avait nécessité de longues tractations aurait été ainsi éliminé.
Au sujet de la désignation des deux ministres chrétiens supplémentaires, les différentes parties concernées étaient déjà convenues de ne pas leur confier des ministères importants. Il restait bien sûr à définir ce qu’est un ministère important, et dans la période actuelle, désormais considérée comme préélectorale, il s’agit d’un portefeuille qui ne peut pas être utilisé pour fournir des services aux électeurs. On a ainsi parlé des portefeuilles de la Jeunesse et des Sports, de l’Information ou de la Culture. Un accord préliminaire ayant été obtenu sur ce point, il fallait encore s’entendre sur le mécanisme adopté pour les choisir. Gebran Bassil avait déjà évoqué la possibilité que les ministres soient sélectionnés parmi les personnalités de la société civile, autrement dit, ils n’auraient aucune affiliation politique à l’égard des parties traditionnelles. Cette idée a été longuement étudiée et, faute d’accord précis sur ce point, le chef du CPL a proposé que les directeurs généraux actuels de ces deux ministères (ou de hauts fonctionnaires chrétiens de ces mêmes ministères) deviennent eux-mêmes ministres. Il semblerait que cette suggestion ait été considérée comme acceptable et les médiateurs devraient la soumettre au président du Conseil désigné. D’abord, il ne s’agit plus d’une désignation politique, ensuite ces ministres ne seraient comptés sur aucune partie politique. Ali Hassan Khalil aurait même proposé de leur faire signer un papier dans lequel ils s’engageraient à ne pas démissionner. Ce qui devrait rassurer Saad Hariri sur l’octroi d’un tiers de blocage déguisé au camp présidentiel.
S’il faut donc en croire à la fois les sources proches du CPL et celles proches d’Amal et du Hezbollah, ce problème serait donc en voie de solution. Si toutefois Saad Hariri donne son accord à cette formule, sachant que l’argument qu’il avance repose sur le droit, dans le cadre du respect de l’héritage politique de son père Rafic Hariri, de pouvoir choisir des ministres chrétiens...
Si le climat positif au sujet de ces deux points se confirme, cela signifie qu’il restera alors le troisième obstacle qui porte sur le fait pour le groupe aouniste d’accorder sa confiance au gouvernement.
Selon les mêmes sources recoupées, il semble que Gebran Bassil a été intraitable sur ce sujet. Pour lui, il s’agit d’une décision souveraine à chaque groupe parlementaire et même à chaque député et qu’il n’y a donc aucune raison de prendre des engagements préalables à ce sujet.
En général, la confiance des députés repose sur la déclaration ministérielle qui constitue en quelque sorte le programme du gouvernement. Il n’est donc pas possible de décider à l’avance de l’accorder, alors que le cabinet n’est même pas encore formé...
En principe, les négociations progressent donc, mais l’accord final n’est pas encore atteint. Certaines parties qui suivent le processus restent sceptiques et se demandent si un nouvel obstacle ne pourrait pas surgir à la dernière minute, d’autant qu’à mesure que le temps passe, le fossé s’élargit entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné (et leurs camps respectifs). Selon ces mêmes parties, il y aurait en fait peu de chances qu’il soit comblé, alors que les élections législatives se profilent à l’horizon. Dans ce contexte, Saad Hariri considère que plus il s’oppose à Michel Aoun et Gebran Bassil, plus il gagne en popularité au sein de la rue sunnite. Même raisonnement pour le chef du CPL qui pense qu’en défendant les droits des chrétiens à choisir leurs ministres, il sera plus populaire dans ces milieux... Comment avec ces considérations les deux parties concernées pourraient-elles former un gouvernement ?
Le feuilleton ministériel se poursuit avec des épisodes qui se veulent inédits, mais qui ne sont en fait que des déclinaisons de la même trame sous des formes différentes. Et chaque fois qu’un pas en avant est effectué, un nouveau sujet conflictuel fait son apparition.
Depuis la dernière réunion des trois émissaires Ali Hassan Khalil, Hussein Khalil et Wafic Safa avec le chef du...
commentaires (11)
Les personnes à qui l’OLJ a attribué le pompeux titre de modérateurs censurent les commentaires selon le fait du prince. Vous pouvez critiquer les politiques mais en aucun cas vous ne pouvez critiquer un article et encore moins son auteur(e) car être journaliste a l’OLJ confère un droit divin à certains. Je ne suis guère surpris, tout fout le camp dans ce pays, surtout la liberté d’expression mais pour parodier un chanteur à immense talent, vous n’aurez pas ma liberté de penser. Mme Haddad peut donc continuer à écrire ses divagations, ça fera toujours plaisirs aux 3 ou 4 CPListes qui restent, c’est autant d’abonnés conservés par rapport à tous ceux qui ne vont pas renouveler leur abonnement pour cause de censure arbitraire
Liberté de penser et d’écrire
19 h 34, le 11 juin 2021