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Nos Lecteurs ont la Parole

Évidences libanaises

Deux millénaires plus tard, la corruption et l’ambition frénétique aidant, le prix de Dieu n’a pas changé : compte tenu de la mondialisation et de la financiarisation du monde, 32 deniers de la Judée de l’an 30 sont bien plus que le prix payé, mais surtout reçu par la classe politique libanaise pour anéantir le Liban.

Liban, terre bénie des dieux, berceau des trois religions monothéistes ; Liban, terre d’Orient où un Dieu est né, mort et ressuscité, et où Allah détruisit les idoles et chassa le paganisme.

Paganisme ! C’est une évidence que nous assistons à son retour triomphant.

Évidence encore que l’or, l’argent, le billet vert ou rose sont le tsunami qui risque d’emporter aujourd’hui le Liban.

En 1920, le patriarche maronite Hoyek plaidait devant les puissances de l’après-guerre pour un Grand Liban pour tous : chrétiens – 80 % de la population – juifs et musulmans. Il lui sembla une évidence que c’est à lui que revenait le devoir d’assurer tous les fils d’Abraham et que les cèdres se devaient d’abriter ceux qui, à leur ombre, y trouvaient refuge, plaisir et vie.

En 1942, lorsque les leaders patriotiques libanais de tous bords envisageaient l’avenir, ce fut le pacte national et le partage non équitable, peut-être, du pouvoir mais partage généreux car une communauté aurait pu tout emporter.

Mais c’était une évidence qu’il ne servait à rien de revenir à la montagne ou à un Liban « réduit chrétien ». L’avenir était d’être tous à la tâche pour la construction d’un « foyer » pour tous.

C’était une évidence que le Liban serait un foyer pour tous ses fils.

C’était une évidence en soi mais une évidence aussi pour tous ses voisins et frères arabes, et pour l’Occident où se délite la notion orientale de terre d’accueil…

Évidence encore pour les participants à la réunion de Taëf. Les équilibres numériques ayant changé, ils décidèrent de préserver une nouvelle forme de déséquilibre en matière d’institutions politiques pour permettre à tous les Libanais de se sentir « at home » au Liban.

Mais c’est une évidence encore et surtout que nous sommes en train de trahir nous tous et de tous bords « al-amanah », le gage reçu en héritage, nous cachant derrière « les clusters » communautaires, laissant à l’œuvre leurs puissances respectives, bénéfiques ou de nuisance : trahison de l’histoire et du bien-fondé de ces communautés et de leur présence au Liban.

En cette période où chrétiens et musulmans fêtent qui un Dieu ressuscité, qui un Dieu miséricordieux, il est temps, grand temps, de voir que l’évidence est aujourd’hui de ressouder, sécuriser, colmater, afin de rebâtir une terre d’asile, terre d’exemple où Dieu et Allah sont priés ensemble : c’est là le destin du Liban…

Ce n’est plus une évidence mais une convergence de valeurs, de renonciation à l’argent facile de la corruption, au pouvoir fallacieux et annihilant pour le Liban de l’en-soi et entre-soi, convergence pour le nous et l’entre-nous, pour ramener la solidarité, la fierté et la volonté du vivre en commun ; le vivre en commun qui n’est jamais une évidence : il est volonté, vision et don ; il est aux antipodes de notre immense indigence politique, de nos verbiages et de nos responsabilités égoïstes et corrompues.

Abandonner les sirènes de l’argent facile et du pouvoir pour le pouvoir pour reprendre les fils de l’existence dans un monde qui cherche à se construire sans Dieu. Il est impératif pour tout croyant, pour tout Libanais, d’œuvrer pour sauver l’homme et la terre « d’Arz al-Rab », la terre des Cèdres de Dieu.

À votre évidente responsabilité !

Mesdames et Messieurs les prétendants au pouvoir ou à la sauvegarde du Liban, il est évident pour nous les Libanais de tous bords que votre premier devoir est d’assurer une unité de front, une autocensure intelligente pour faire face et éviter d’être le prix, le seul prix de tous les compromis et arrangements que les puissances imposent à notre région… et le Liban réapparaîtra alors comme évident.

Ambassadeur

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Deux millénaires plus tard, la corruption et l’ambition frénétique aidant, le prix de Dieu n’a pas changé : compte tenu de la mondialisation et de la financiarisation du monde, 32 deniers de la Judée de l’an 30 sont bien plus que le prix payé, mais surtout reçu par la classe politique libanaise pour anéantir le Liban.
Liban, terre bénie des dieux, berceau des trois...

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