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Politique - Justice

L’avocat Rami Alleik libéré sous condition de ne pas exercer pendant deux mois

Le chef de l’association Mouttahidoun a fait hier l’objet d’une demande d’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment d’argent et abus de confiance.

L’avocat Rami Alleik libéré sous condition de ne pas exercer pendant deux mois

Rami Alleik a été libéré hier. Photo d’archives ANI

Le juge d’instruction de Beyrouth, Assaad Bayram, a décidé hier de remettre en liberté l’avocat et activiste Rami Alleik, président de l’association Mouttahidoun, accusé par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de flagrant délit d’atteinte à la justice et d’insultes contre le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate. M. Bayram a toutefois placé l’avocat sous contrôle judiciaire pendant deux mois au cours desquels il lui sera interdit d’exercer son métier et d’entrer dans l’enceinte du Palais de justice. M. Alleik a en outre été condamné à verser une amende d’un million de livres, selon la décision judiciaire, qui n’a pas fait l’objet d’un recours de la cour d’appel de Beyrouth.

Auteur d’une plainte contre le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, et le PDG de la banque SGBL, Antoun Sehnaoui, pour blanchiment d’argent et transfert illégal de millions de dollars, l’avocat avait accompagné la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, lors de ses perquisitions de la société Mecattaf pour le convoyage de fonds.

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Le militant avait été appréhendé manu militari jeudi, alors qu’il se rendait auprès du bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, après avoir refusé de se présenter devant le service des renseignements des FSI qui l’avait convoqué sur ordre de l’avocat général près la Cour de cassation, Ghassan Khoury. Trois hommes en tenue civile s’étaient jetés sur lui, le forçant à s’agenouiller dans la rue avant de le faire entrer, les mains menottées, dans une voiture. À la suite de cette interpellation dont les images ont abondamment circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux, le conseil de l’ordre des avocats avait décrété une grève qui s’est étendue sur deux jours, vendredi et hier, pour réclamer sa libération.

Avant d’entrer dans le bureau de M. Bayram pour y être interrogé, Me Alleik a dénoncé « une violation de la Constitution et des droits de l’homme » devant nombre d’avocats venus lui témoigner leur soutien.

Affirmant qu’il poursuivait une grève de la faim entamée quatre jours auparavant et qu’il avait arrêté de s’hydrater la veille, Me Alleik a déclaré qu’il ne fera pas marche arrière. « Je confirme mes dires et je ne présenterai pas mes excuses », a-t-il assuré, soulignant que « la bataille contre la corruption, qui vient de commencer, sera longue ». « Je suis détenu pour mes opinions », a-t-il ajouté, déplorant par ailleurs d’avoir été empêché de se réunir seul avec son avocate, Cynthia Hamoui, « ne serait-ce que pour une minute ». Cette dernière a fustigé, à l’issue de l’audience, la décision d’interdire à Rami Alleik d’exercer la profession d’avocat, soutenant que cette mesure est du ressort du bâtonnier de Beyrouth et du conseil de discipline au sein de l’ordre des avocats. L’avocate a par ailleurs fait état d’une plainte présentée contre son client auprès du parquet militaire, pour « résistance contre des agents sécuritaires », lors de son arrestation.

L’affaire Costa Brava

Outre cette affaire pour laquelle Rami Alleik a été convoqué par la justice, des activistes ont demandé hier l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre pour abus de confiance et blanchiment d’argent dans le cadre d’une ancienne affaire dans laquelle il serait impliqué. Cette demande a été présentée par Pierre Baaklini, Pierre Hachache, Ghassan Germanos et Michel Chamoun, quatre militants connus pour être de fervents opposants au Courant patriotique libre. Il y a quelques jours, la chaîne télévisée al-Jadeed avait diffusé une vidéo d’archives dans laquelle Rami Alleik avait affirmé avoir encaissé en 2018 de Jihad el-Arab, entrepreneur en charge de la décharge de Costa Brava, la somme de 200 000 dollars, alors qu’il avait précédemment porté un recours contre lui dans le cadre de protestations contre les effets nuisibles du site sur les plans écologique et sanitaire. Avant son arrestation jeudi, l’avocat a confirmé à la même chaîne que M. Jihad el-Arab avait payé la somme, et que celle-ci devait être utilisée par l’association Mouttahidoun et par des experts de l’Université américaine pour des études scientifiques destinées à être appliquées dans la décharge. En parallèle, une association baptisée « Mouttahidoun (Unis) contre la bande de Rami Alleik » fait état sur les réseaux sociaux de plusieurs plaintes déposées contre ce dernier, notamment pour détournement de fonds.

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Ancien membre du Hezbollah, Me Alleik avait écrit il y a une dizaine d’années un ouvrage intitulé Tariq el-nahl (La route des abeilles), dans lequel il relate son expérience avec le parti chiite ainsi que sa dissidence. Il avait brigué sans succès un siège chiite dans le caza de Nabatiyé lors des élections législatives de 2018.

Le juge d’instruction de Beyrouth, Assaad Bayram, a décidé hier de remettre en liberté l’avocat et activiste Rami Alleik, président de l’association Mouttahidoun, accusé par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de flagrant délit d’atteinte à la justice et d’insultes contre le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate. M. Bayram a toutefois placé...

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