Rechercher
Rechercher

Politique - Crise au Liban

Raï contre une Constituante et le partage communautaire par tiers

L'ambassadeur d'Arabie saoudite s'entretient avec le patriarche maronite.

 

Raï contre une Constituante et le partage communautaire par tiers

L'ambassadeur d'Arabie au Liban Walid Boukhari s'entretenant vendredi avec le patriarche maronite Béchara Raï, à Bkerké. Photo ANI

Le patriarche maronite Béchara Raï s'est une nouvelle fois ouvertement opposé aux appels à la tenue d'une assemblée Constituante qui modifierait le régime politique actuellement en vigueur au Liban, principalement axé sur la parité islamo-chrétienne consacrée par la Constitution. Le prélat maronite a mis en garde dans ce cadre contre les tentatives de remplacer cette parité par un système de partage communautaire par tiers (sunnite-chiite-chrétien), y voyant une "menace pour l'entité libanaise".

Les propos du chef de l'Eglise maronite sonnent comme une critique à l'encontre du Hezbollah et de son allié chrétien, le Courant patriotique libre, qui brandissent régulièrement la question du changement du système libanais, dans un pays plongé dans une crise en profonde.

Lire aussi

Le Hezbollah, arbitre timoré du duel Aoun-Hariri

"Je ne sais pas ce que veux dire une Constituante, ni ses objectifs. Et quand une idée nous est inconnue, nous nous y opposons", a lancé le chef de l'Eglise maronite jeudi soir, lors d'une table ronde avec des étudiants de l'Université Saint Joseph de Beyrouth. "Par contre, la conférence internationale pour laquelle nous plaidons a des buts clairs et connus", a-t-il ajouté, dans une allusion au combat qu'il mène depuis des mois pour la tenue d'une conférence internationale pour le Liban sous les auspices de l'ONU. Selon Mgr Raï, cette conférence devrait examiner des sujets épineux tel que l'arsenal "illégal" du Hezbollah.

Chrétien "le plus fort"
Evoquant la question d'un éventuel recours au partage par tiers en lieu et place de la parité islamo-chrétienne, le patriarche a déclaré: "Le partage par tiers porte atteinte à l'équilibre politique, et menace l'entité libanaise". Il a aussi appelé au respect du Pacte national de 1943.

Et dans une critique implicite au président de la République, Michel Aoun, et son camp, Mgr Raï a confié "ne pas comprendre" ce que veut dire la notion du "chrétien le plus fort". Le chef de l'Etat et son parti, le Courant patriotique libre, brandissent ce slogan depuis 2016. "Que veut dire être le premier parmi les chrétiens? Qui décide de cela?", s'est interrogé le patriarche, appelant à ce que soit élu un président qui soit "le premier sur le plan libanais, sans allégeances extérieures".

 "Le Liban est en danger du fait de la mauvaise pratique politique et des allégeances extérieures", a encore déploré le patriarche réitérant son appel à consacrer le principe de la neutralité du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux. Une demande réclamée sans relâche depuis des mois par Mgr Raï et qui lui a valu des critiques, notamment de la part du Hezbollah et de ses alliés. 

Boukhari à Bkerké
Béchara Raï s'est dans ce contexte prononcé sur la crise gouvernementale, exhortant les responsables à former "le plus rapidement possible" un cabinet qui se fait attendre depuis bientôt dix mois. "Je suis sûr que le pape a reporté sa visite au Liban à cause de l'absence de gouvernement", a-t-il affirmé, alors que le souverain pontife a exprimé son désir de se rendre à Beyrouth, sans toutefois donner de date précise pour un tel déplacement.

Le patriarche maronite multiplie les appels à la mise en place du cabinet et prend part aux contacts allant dans ce sens. C'est dans ce cadre qu'il s'est entretenu vendredi à Bkerké avec l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari. "J'étais honoré de m'entretenir avec le patriarche aujourd'hui, à travers qui se dévoilent l'identité du Liban-message et la sagesse dans le maintien des équilibres dans l'intérêt de la population libanaise", a-t-il écrit sur Twitter.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le diplomate saoudien a également souhaité que "l'intérêt national suprême prime sur tout autre intérêt personnel qui empêche le retour à la stabilité, la sécurité et le développement au Liban". M. Boukhari a également insisté sur "le rôle garant du patriarche Raï dans la vie nationale libanaise et qui se traduit par ses efforts dans l'intérêt du pays en ce moment".

Pour sa part, le patriarche a insisté sur l'importance de préserver "de bonnes relations avec l'Arabie", après l'incident diplomatique provoqué par des propos tenus il y a deux semaines par le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, au sujet des pays du Golfe qu'il a accusés de financer le terrorisme. M. Wehbé a été écarté depuis de ses fonctions et une crise diplomatique ouverte a été évitée.

Lire aussi

Quand Berry reprend du poil de la bête

La réunion entre les deux hommes intervient à l'heure où le Premier ministre désigné Saad Hariri, qui semble avoir été lâché par son allié saoudien de longue date, ne parvient pas à former la nouvelle équipe ministérielle. Cette impasse politique est principalement due à un conflit politico-personnel qui l'oppose au chef de l'Etat Aoun et à son gendre, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil. Depuis la nomination de M. Hariri en octobre dernier, les deux camps se disputent autour de la forme du futur cabinet, ainsi que sur la notion de tiers de blocage, minorité requise pour bloquer au besoin l'action de l'exécutif. Les deux camps se rejettent constamment la responsabilité de l'impasse.

Pour tenter de faire bouger le dossier, le chef de l'Etat avait adressé la semaine dernière un message à la Chambre, dans lequel il avait accusé M. Hariri de "prendre en otage" le processus, le jugeant "incapable" de mener à bien sa mission. Une démarche à laquelle le Parlement avait riposté en renouvelant symboliquement le mandat accordé à M. Hariri, tout en l'exhortant à former son équipe sans plus tarder. Le président de la Chambre Nabih Berry, qui affirme que le blocage est "purement intérieur", s'apprêterait à relancer son initiative axée sur la formation dans les prochains jours d'une équipe de 24 ministres sans tiers de blocage. Dans une déclaration radiodiffusée, Elie Ferzli, vice-président de la Chambre, a fait état vendredi d'une "lueur d'espoir" qui pourrait se dégager de l'initiative Berry, soulignant que "la cohabitation entre MM. Aoun et Hariri est dans l'intérêt du pays", parce qu'aucun d'entre eux ne peut se débarrasser de l'autre.

Le patriarche maronite Béchara Raï s'est une nouvelle fois ouvertement opposé aux appels à la tenue d'une assemblée Constituante qui modifierait le régime politique actuellement en vigueur au Liban, principalement axé sur la parité islamo-chrétienne consacrée par la Constitution. Le prélat maronite a mis en garde dans ce cadre contre les tentatives de remplacer cette parité par un...

commentaires (3)

Monseigneur ça n’est pas en changeant d’avis tous les quatre matins que vous allez convaincre les pays amis et les libanais sur la teneur et l’authenticité de vos prêches dominicaux. Lorsqu’on tient le bon bout d’une solution il ne faut pas le lâcher et continuer à réclamer la même chose jusqu’à l’obtenir sinon on perd notre latin dans les contradictions et on ne sait plus à quel saint nous vouer.

Sissi zayyat

11 h 35, le 29 mai 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Monseigneur ça n’est pas en changeant d’avis tous les quatre matins que vous allez convaincre les pays amis et les libanais sur la teneur et l’authenticité de vos prêches dominicaux. Lorsqu’on tient le bon bout d’une solution il ne faut pas le lâcher et continuer à réclamer la même chose jusqu’à l’obtenir sinon on perd notre latin dans les contradictions et on ne sait plus à quel saint nous vouer.

    Sissi zayyat

    11 h 35, le 29 mai 2021

  • Pour la Constituante si chacun prend sa part du gâteau et s’en va avec, si on partage le Liban. Même 25pct du territoire libanais et une indépendance totale de ces traîtres , vaut mieux que vivre avec 25pct qui imposent leur volonté à tout le pays..!

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 13, le 28 mai 2021

  • MAIS LES DEUX BELIERS DE VOTRE BERGERIE POUR QUI VOUS AVEZ CHANGE D,AVIS A L,EGARD DE HARIRI DIRIGENT LE PAYS POUR LES INTERETS DU HEZBOLLAH ET DE L,IRAN, SANS CONTRE PARTIE PERSONNELLE ?, VERS LE 30/30/30/10. IL SEMBLE QUE SANS LE VOULOIR VOUS ETES TOMBE DANS LEUR JEU NEFASTE AVANT TOUT POUR LES CHRETIENS, CHER PATRIARCHE QUI DEVIEZ RESTER SUR LES POSITIONS DE VOS HOMELIES INITIALES POUR LA FORMATION D,UN GOUVERNEMENT DE 18 MINITRES INDEPENDANTS COMME PROMIS PAR TOUS AU PRESIDENT FRANCAIS. VOS DEUX BELIERS RISQUENT DE VOUS ENDOMMAGER VOTRE BERGERIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 21, le 28 mai 2021

Retour en haut