Le compositeur libanais Samir Sfeir, partisan du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et connu pour ses positions anti-saoudiennes, est arrivé jeudi après-midi à Beyrouth après avoir été détenu pendant plusieurs semaines par le royaume wahhabite. L'artiste a affirmé que le chef de l'Etat, Michel Aoun, "l'a sauvé".
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), un avion de la compagnie libanaise Middle East Airlines (MEA) à bord duquel se trouvait l'artiste a atterri en milieu d'après-midi en provenance d'Arabie saoudite. Le député Salim Aoun (CPL), ainsi que le compositeur Nizar Francis (lui aussi proche du courant aouniste), attendaient Samir Sfeir au salon d'honneur de l'aéroport international de Beyrouth, en compagnie de membres de la famille.
Une blague en 2013
Dans des propos rapportés par le site d'information el-Nashra, M. Sfeir a affirmé à son arrivée à Beyrouth qu'il respecte les lois de tous les pays et qu'il n'avait pas évoqué les affaires saoudiennes lors de son dernier séjour en Arabie saoudite, mais "uniquement des affaires libanaises internes". "Je ne m'attendais pas à être détenu. C'est une blague que j'ai dit en 2013 lors d'une émission humoristique qui a mené à ma détention", a-t-il expliqué sans plus de détails. Le compositeur a toutefois estimé que "quelqu'un a incité contre moi depuis l'intérieur", sans toutefois étayer ses propos.
"J'ai été interrogé par quatre enquêteurs et la discussion était politique. On m'a demandé si j'avais des relations avec la branche militaire du Hezbollah, mais j'ai dit que j'étais en faveur de l'armée et contre les partis armés", a également affirmé M. Sfeir. "Le président de la République m'a sauvé, ainsi que le général Abbas Ibrahim (directeur de la Sûreté générale) et le chef de l'armée, le général Joseph Aoun, sans oublier la mobilisation populaire", a rappelé l'artiste.
Peu d'informations avaient filtré sur l'arrestation de Samir Sfeir par les autorités saoudiennes le mois dernier. Mais selon des informations rapportées par le quotidien al-Akhbar (pro-Hezbollah), M. Sfeir aurait été arrêté par les autorités saoudiennes après s'être rendu dans le royaume "à l'invitation d'un responsable" local. Les officiels saoudiens contactés par les Affaires étrangères à Beyrouth auraient en outre refusé de préciser les raisons de son arrestation.
"Réfléchir aux 15 dernières années de ma vie"
"Ce que j'ai vécu m'a poussé à réfléchir aux quinze dernières années de ma vie, et j'ai réalisé que j'avais tort. Il se peut que Dieu ait souhaité ce qui m'est arrivé afin que je reprenne conscience. Je n'ai pas tort dans mes opinions, mais plutôt dans ma façon de m'exprimer, et aujourd'hui je me considère à la retraite, mais je reviendrai au monde de la musique", a fait savoir Samir Sfeir.
"Nous devons être solidaires au Liban, sinon, nous perdrons notre pays et nous serons sans abri", a encore plaidé le compositeur.
Sur les réseaux sociaux, l'arrestation du compositeur avait provoqué des réactions très contrastées. Alors que, côté libanais, des appels avaient été lancés pour sa "libération", notamment par des partisans aounistes, ou bien à ce que son sort soit révélé, les internautes saoudiens ou pro-Riyad se sont montrés plus virulents à son égard. Certains sont allés jusqu'à l'accuser d'avoir été arrêté pour trafic de drogue, lui reprochant ses nombreuses critiques publiques du royaume.
Cette affaire intervient alors que les relations entre Beyrouth et Riyad ont été ternies par deux polémiques : l'annonce de la suspension des importations par Riyad de produits agricoles libanais, une mesure prise pour lutter contre le trafic de stupéfiants en provenance du Liban, et des remarques racistes et hostiles à l'Arabie saoudite prononcées par le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé lors d'une interview télévisée. Ce dernier a été mis à l'écart à sa demande et une crise ouverte entre les deux pays semble avoir été évitée.
commentaires (14)
Si je comprends bien, Berri, Joumblatt, Nasrallah, Hardane, ceux que j’oublie doivent être jugés? Le seul chef de milice qui a payé, (11ans et 3 mois de détention en cellule individuelle au sous sol de yarzé) est Geagea.
DJACK
17 h 22, le 28 mai 2021