
Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, lors d'un entretien sur la chaîne al-Hurra diffusé le 18 mai 2021. Capture d'écran effectuée à partir du site d'al-Hurra
Les déclarations faites lundi soir, à la chaîne al-Hurra, par le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, concernant le financement par des "pays-amis" du Liban de groupes jihadistes dans la région, et qui ont été interprétées comme visant les pays du Golfe, ont provoqué mardi une vague d'indignation sur la scène interne libanaise.
Lors de l'émission, au cours de laquelle il a également indiqué que les armes du Hezbollah constituaient une "police d'assurance" pour le Liban face à Israël, M. Wehbé avait affirmé que "Daech (le groupe jihadiste Etat islamique) a été apportée dans la région par des pays +amis et fraternels+", en allusion probable aux pays du Golfe, bien qu'il ait refusé de les nommer. "Ces pays ont amené l'Etat islamique et ont assuré son implantation dans la plaine de Ninive et dans le Anbar (en Irak) et à Palmyre (en Syrie)". Il s'en était également pris à un autre invité de l'émission, interrogé en visioconférence par la journaliste Layal al-Ikhtiyar, après que ce dernier avait qualifié le président libanais, Michel Aoun, et son gendre, Gebran Bassil, de "duo comique". Menaçant de quitter le plateau de l'émission, M. Wehbé avait dénoncé des "insultes" lancées contre le président Aoun et répliqué : "Ceux qui ont tué (le journaliste saoudien, Jamal) Khashoggi à Istanbul n'ont pas le droit de parler ainsi". Il avait ensuite pris à témoin la journaliste et martelé qu'il refusait de se faire insulter par "un Bédouin".
"Sabotage des relations libano-arabes"
Ces déclarations ont provoqué, dès lundi soir, l'indignation du Premier ministre désigné, Saad Hariri. "Le ministre Wehbé ajoute une nouvelle prouesse à celles du mandat (du président Aoun) pour ce qui est du sabotage des relations libano-arabes, comme si les crises dans lesquelles s'enfonce le pays et le boycott imposé ne suffisent pas", a accusé le chef du Courant du Futur dans un communiqué. "Les propos du ministre des Affaires étrangères ne sont pas du tout diplomatiques", a-t-il ajouté, soulignant qu'ils ne représentent pas le point de vue de tous les Libanais, "qui veulent arranger les relations avec les pays du Golfe".
Abdellatif Deriane, le mufti de la République, plus haute instance religieuse sunnite au Liban, a lui aussi dénoncé des propos "inacceptables". "Comment peut-on construire des relations entre deux pays frères sur la base de la diffamation ?", s'est-il indigné.
L'ancien Premier ministre Nagib Mikati a, dans un tweet, estimé que les déclarations étaient "très loin de la tradition diplomatique libanaise" et entraient dans le cadre d'une "série d'atteintes destructrices aux relations entre le Liban, l'Arabie saoudite et les pays du Golfe". Fouad Siniora, également ancien président du Conseil, a de son côté évoqué une prise de position "honteuse". Selon lui, les propos de M. Wehbé "reflètent l'étendue de l'épidémie de racisme intellectuel, de paranoïa et d'arrogance qui caractérisent certaines personnes au sein du mandat actuel".
De son côté, l'ancien ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk a réagi sur son compte Twitter en écrivant que les propos "stupides" du chef de la diplomatie "ne représentent pas le Liban".
Le Parti socialiste progressiste (PSP) du leader druze libanais Walid Joumblatt a également "rejeté et condamné" les déclarations du ministre. "Ce dont le pays a besoin, en cette période, c'est de prises de position et d'approches rationnelles, qui contribuent à mettre un terme aux crises, et non de déclarations qui approfondissent ces crises et insultent ceux qui ont soutenu le Liban, dans le passé et maintenant", a estimé le parti dans un communiqué. Le texte "rejette et condamne" des propos "irresponsables" et qui "ne reflètent absolument pas la réalité", le fait que les pays arabes du Golfe se sont tenus aux côtés du Liban et des Libanais dans les pires moments. Le parti joumblattiste a dès lors appelé les responsables concernés à "agir immédiatement" pour résoudre cet incident.
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a de son côté reproché au ministre d'avoir "jeté un pavé dans la mare dans laquelle ont bu et boivent encore les Libanais". Accusant M. Wehbé de se contenter d'être "le ministre des Affaires étrangères du Hezbollah et non de tous les Libanais", il a indiqué que, selon lui, ce sont "l'Iran et le régime syrien" qui sont à l'origine de l'Etat islamique, tandis que les autorités saoudiennes sont "le plus grand ennemi" de cette organisation jihadiste. Revenant sur les aides fournies depuis des décennies par Riyad, M. Geagea a dénoncé une "attaque injustifiée et inacceptable" contre les pays arabes et un "crime contre le Liban et les Libanais". Le leader maronite a dès lors appelé le président Aoun et le Premier ministre sortant, Hassane Diab, à "remplacer" Charbel Wehbé à la tête de la diplomatie libanaise jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet ou de prochaines élections législatives. Il en a encore demandé au roi Salmane et au prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, de ne pas tenir le peuple libanais pour responsable des propos du ministre.
Il a simplement fait le travail que le Hezbollah lui a assigné. Il a rempli sa mission. Il sera récompensé par quelques sonnantes et trébuchantes comme Judas. Le jour du jugement dernier n'est pas très loin, le Hezbollah et ses acolytes seront défaits et tous ces traîtres a deux sous devront rendre compte de leurs actions. La mère de toutes les vertus est la patience. Il n'est plus très loin le temps ou le peuple se fera justice.
09 h 58, le 19 mai 2021