Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, en quête d’un soutien international dans ses efforts pour former un gouvernement – qui se fait attendre depuis plus de huit mois –, est arrivé hier en début de soirée à Rome, à la veille d’un entretien au Vatican avec le pape François. Selon le bureau de presse de M. Hariri, celui-ci sera reçu ce matin par le pape, en présence du secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin. Le Premier ministre désigné devrait également se réunir, plus tard dans la journée, avec le Premier ministre italien, Mario Draghi, et le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio. Il sera de retour au Liban aujourd’hui même, ou au plus tard demain.
À la table de Raï
Hasard ou concomitance voulue, parallèlement à l’arrivée de M. Hariri à Rome, le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, a rendu visite hier soir au patriarche maronite, Béchara Raï, qui l’a retenu à dîner. M. Bassil a tenté de faire preuve d’optimisme, à l’issue de cette rencontre, en affirmant qu’« il continuera de se battre pour que le gouvernement voie le jour ». Toutefois, avec les accents inquiétants d’un homme qui semble presque se croire investi d’une mission divine, M. Bassil a ajouté : « Si le Christ avait faibli, il y a 2 000 ans, il n’y aurait pas de chrétiens aujourd’hui. Le Christ a accepté la croix pour porter témoignage à la vérité. La différence entre les 10 commandements et les enseignements du Christ c’est que les 10 commandements parlent du “non”, alors que les enseignements du Christ portent sur le témoignage à la vérité. Pour notre part, nous continuerons à témoigner pour la vérité. Nous savons bien que le prix en est élevé. Mais nous savons que la vérité finira par triompher, et que c’est cette vérité qui sauve les peuples, au temps des grandes crises. Et une fois la victoire de la vérité assurée, elle sera propriété de tous les Libanais. Certes, les sacrifices seront grands, mais ils ne seront pas plus grands que la croix. La victoire de la vérité est ce qui compte. Voilà où réside notre salut et le salut des Libanais dans ce contexte de crise. Nous continuerons de nous battre pour qu’il y ait un gouvernement. Nous en parlerons plus longuement samedi (jour où M. Bassil prévoit de tenir une conférence de presse, NDLR). »
Pour sa part, dans une volonté de neutralité que contredisent certains passages des homélies du patriarche qui ont été comprises comme des critiques adressées au chef de l’État, Michel Aoun, le responsable de la communication de Bkerké, Walid Ghayad, a affirmé dans le cadre d’un entretien, que le siège patriarcal « ne soutient aucune partie au Liban ». « Les propos du patriarche Raï sont interprétés selon le bon vouloir de certains (...) », a estimé M. Ghayad. Le responsable de la communication de Bkerké a assuré que les relations entre la présidence de la République et le patriarcat sont « bonnes », avant d’affirmer qu’« il faut que Saad Hariri se rende à Baabda et se concerte avec le président Aoun afin qu’un gouvernement soit formé le plus vite possible ».
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Le Patriarche devrait l’excommunier plutôt que de le garder à dîner
Lecteur excédé par la censure
21 h 58, le 22 avril 2021