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Politique - Liban

Hale poursuit sa tournée : Il est temps de former le gouvernement, pas de faire obstruction

Les Etats-Unis sont "prêts à faciliter les négociations concernant la frontière maritime entre le Liban et Israël conformément à la base sur laquelle les pourparlers ont été lancés les pourparlers", affirme le numéro 3 de la diplomatie américaine depuis Baabda. 

Hale poursuit sa tournée : Il est temps de former le gouvernement, pas de faire obstruction

Le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires politiques, David Hale, à Baabda, le 15 avril 2021. Photo Dalati et Nohra

Le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires politiques, David Hale, en tournée au Liban, a déclaré jeudi depuis le palais de Baabda, après une réunion avec le président Michel Aoun, "qu'il est temps pour les responsables libanais de former le gouvernement et non de faire obstruction", alors qu'un cabinet est attendu depuis août 2020 pour faire face aux multiples crises qui s'abattent sur le pays. Le haut diplomate a encore mis en garde "ceux qui continuent de mettre des bâtons dans les roues des réformes" attendues par la communauté internationale et la rue libanaise, affirmant qu'ils s'exposent à "des mesures punitives". 

"Je suis venu à la demande du secrétaire d'Etat, Antony Blinken, afin de souligner l'engagement continu de l'administration Biden envers le peuple libanais et notre désir commun de la stabilité" de ce pays, a déclaré David Hale, qui a lu un communiqué à l'issue d'un entretien d'une trentaine de minutes avec le chef de l'Etat. Le peuple libanais "souffre parce que les dirigeants ont échoué à respecter leurs engagements à faire passer le pays en premier et à résoudre les problèmes socio-économiques aggravés", a déploré le diplomate US. Les Libanais "ont perdu leurs économies" dans les banques, "n'ont plus accès aux soins de santé de base et peinent à nourrir leur famille", a-t-il dénoncé. "Lorsque j'ai visité le Liban en 2019 et en 2020, j'ai entendu de nombreux appels au changement, de la part de Libanais de tous horizons, afin de mettre un terme à la corruption et à la mauvaise gouvernance. Si cela avait eu lieu, nous aurions été en bonne voie pour permettre au Liban d'accomplir son incroyable potentiel", a-t-il indiqué. Il a toutefois affirmé "qu'il n'est pas trop tard".

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"Nous appelons depuis longtemps les responsables à faire preuve de suffisamment de flexibilité pour mettre sur pied un cabinet capable d'inverser l'effondrement en cours. Il est maintenant temps de former ce gouvernement, pas de le bloquer. Il est maintenant temps de lancer des réformes exhaustives", a lancé le sous-secrétaire d'Etat. Et de réitérer la volonté de soutien de Washington et de la communauté internationale "à condition qu'il y ait des partenaires" au Liban avec qui discuter.

"Mesures punitives"
"Ceux qui continuent de mettre des bâtons dans les roues des réformes mettent en péril leur relation avec les Etats-Unis et leurs partenaires et risquent d'être soumis à des mesures punitives", a prévenu le numéro 3 de la diplomatie américaine. 

La question d’éventuelles sanctions devrait être évoquée, lundi prochain, dans le cadre d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. La semaine dernière, une source diplomatique européenne expliquait toutefois à L’Orient-Le Jour que le fait d’examiner le dossier ne signifie pas que les mesures en question entreront incessamment en vigueur. Cela requiert du temps, précisait la source.

David Hale a dans ce cadre cité nommément le Hezbollah et "ses armes dangereuses, ses activités de contrebande et autres actions corrompues et illicites" qui, selon lui, "sapent les institutions de l'Etat, privent les Libanais de leur capacité à construire un Etat prospère". Il a encore dénoncé le fait que l'Iran "finance" le défi que pose le parti chiite et sa "distorsion de la vie politique libanaise". 

Hier déjà, lors de ses entretiens avec des responsables politiques, M. Hale avait insisté sur la mise sur pied d'un cabinet dans les plus brefs délais, alors que la formation du gouvernement de Saad Hariri achoppe sur des désaccords incessants avec le camp politique du président Aoun. Dans ce cadre, une énième initiative a été présentée aux rivaux politiques par le leader druze Walid Joumblatt et le chef du Législatif, Nabih Berry, consistant en une formule de 24 ministres, sans tiers de blocage.

Faciliter les négociations
Le séjour de M. Hale à Beyrouth intervient au moment où le pays du Cèdre fait monter les enchères dans les négociations indirectes avec Israël sur le tracé de leur frontière maritime, interrompues depuis décembre 2020. Le dossier du tracé de la frontière maritime méridionale fait l'objet d'un bras de fer politique, déclenché par le décret 6433/2011 (qui accorde au Liban 1 430 km2 supplémentaires dans la perspective des prospections pétrolières off-shore) entre le chef de l’État, Michel Aoun, et le Premier ministre sortant Hassane Diab. Le président Aoun a ainsi refusé de signer l’amendement du décret 6433/2011, estimant qu’il appartient au gouvernement, même d’expédition des affaires courantes, de l’approuver en raison de son importance et des conséquences qu’il pourrait avoir.

Cette question aurait déjà été évoquée par David Hale avec le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun et Nabih Berry hier. De source informée, on apprend que le président de la Chambre, interrogé à ce sujet, a préféré renvoyer la balle dans le camp de l’exécutif. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, David Hale aurait, lors de son entretien avec Nabih Berry, exprimé sa surprise et celle des Etats-Unis concernant la nouvelle position du Liban au sujet des frontières de sa Zone économique exclusive et estimé que ce revirement aurait contribué à la suspension des négociations.

David Hale a dans ce contexte réitéré jeudi la volonté des Etats-Unis de "faciliter les négociations concernant la frontière maritime entre le Liban et Israël sur la base sur laquelle ont été initiés les pourparlers", à l'automne 2020. "Ces négociations peuvent débloquer d'importants avantages économiques" pour le Liban, a-t-il souligné. Le haut-diplomate a proposé à Beyrouth de "faire venir des experts" afin de se pencher sur cette question. 

Dans la foulée des déclarations du haut responsable américain à ce sujet, la présidence de la République a publié un communiqué, dans lequel elle souligne avoir insisté lors de la réunion avec la délégation américaine sur l'importance de poursuivre les négociations et que Washington continue de jouer "un rôle de médiateur impartial". Le président Aoun a, dans ce cadre, demandé à ce que des experts internationaux soient accrédités pour définir le tracé de la frontière "conformément au droit international" et à ce qu'aucune opération d'extraction des hydrocarbures offshore ne soient lancées par Tel Aviv dans le champ Karich, situé dans le bloc de la ZEE israélienne qui empiète sur les eaux revendiquées par le Liban. Beyrouth "a le droit de faire évoluer sa position" en ce qui concerne la délimitation de sa frontière maritime "de manière à répondre à ses intérêts tout en respectant le droit international", a encore estimé Baabda. Et de souligner que le chef de l'Etat veille à la "souveraineté, aux droits et aux intérêts" du pays et déploie tous les efforts possibles pour que la question du tracé de la frontière soit "un sujet de consensus entre tous les Libanais et non de division", afin de "renforcer la position du Liban lors des négociations".  

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Après son départ de Baabda, David Hale a été reçu par le Premier ministre sortant, Hassane Diab, au Grand Sérail. Selon un communiqué du bureau de presse de la présidence du Conseil, M. Hale "a fait part de la préoccupation de l'administration américaine quant à la non formation du nouveau gouvernement" et les participants à la réunion se sont penchés sur la crise socioéconomique. De son côté, M. Diab a insisté sur la nécessité de former le cabinet "afin d'initier des réformes, sur la base du plan élaboré par son gouvernement".

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, recevant le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires politiques, David Hale, et l'ambassadrice américaine Dorothy Shea, au Grand Sérail, le 15 avril 2021. Photo fournie par le Grand Sérail

David Hale s'est en outre entretenu avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, sur "les derniers développements politiques" locaux et régionaux, et avec le patriarche maronite Béchara Raï. Le diplomate américain a quitté Bkerké sans faire de déclaration à la presse.

Lors de la réunion entre le patriarche maronite et M. Hale, la nécessité de former le gouvernement qui mette en œuvre les réformes nécessaires a été soulignée, rapporte de son côté l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). M. Hale a également exprimé son intérêt pour les propositions du patriarche et a écouté son explication sur la neutralité et la conférence internationale, ajoute l'agence. Le patriarche maronite demande depuis plusieurs mois qu'un statut de neutralité soit adopté pour le Liban. Il réclame aussi la tenue d'une conférence internationale sous les auspices de l’ONU consacrée au dossier libanais.

Selon notre correspondante Hoda Chedid, le haut responsable américain a également été reçu par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, sans faire de déclarations. M. Hale a aussi été reçu par le chef des Kataëb, Samy Gemayel. Il devrait encore être reçu par le chef des Marada Sleiman Frangié. Il aura ainsi rencontré l’écrasante majorité des acteurs de la scène politique libanaise, à l’exception notable du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, visé par des sanctions américaines depuis novembre 2020, et du Hezbollah, bête noire de Washington. Mercredi, David Hale avait entre autres été reçu par MM. Berry et Joumblatt, par Saad Hariri, avant que celui-ci ne s'envole pour Moscou, et par l'ex-Premier ministre Nagib Mikati.

Le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires politiques, David Hale, en tournée au Liban, a déclaré jeudi depuis le palais de Baabda, après une réunion avec le président Michel Aoun, "qu'il est temps pour les responsables libanais de former le gouvernement et non de faire obstruction", alors qu'un cabinet est attendu depuis août 2020 pour faire face aux multiples crises...

commentaires (3)

Il le dit à sa sortie de Baabda: il faut arrêter le blocage à la naissance du gouvernement. Il sait aussi que la partie derrière le blocage, est en même temps, celle qui refuse les réformes, car ces dernières retirent d'elle beaucoup de gains et arrêtent les abus qui lui profitent.

Esber

16 h 56, le 15 avril 2021

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Commentaires (3)

  • Il le dit à sa sortie de Baabda: il faut arrêter le blocage à la naissance du gouvernement. Il sait aussi que la partie derrière le blocage, est en même temps, celle qui refuse les réformes, car ces dernières retirent d'elle beaucoup de gains et arrêtent les abus qui lui profitent.

    Esber

    16 h 56, le 15 avril 2021

  • LA FORME DU GOUVERNEMENT D,INDEPENDANTS EST CONNUE. LES CONDITIONS D,INVESTISSEMENTS ET D,AIDES ECONOMIQUEMENT, FINANCIEREMENT ET POLITIQUEMENT SONT CONNUES. L,APPLICATION DE LA 1559 ET DE LA 1701 SONT CONNUES. LA ZEE DE 860 KM2 PRESENTEE DEPUIS PLUS DE 7 ANS EST CONNUE. AOUN ET GENDRE, ELOIGNEZ-VOUS DES TENTATIONS DES INTERETS DIABOLIQUES. N,EN FAITES PLUS PARTIE. ASSEZ DE TORT VOUS AVEZ CAUSE AUX CHRETIENS QUI EMIGRENT PAR MILLIERS. NE DERAISONNEZ PLUS. SI VOUS ETES IMPLIQUES ET ENGAGES AVEC LE HEZB ET L,IRAN DE QUELQUE SORTE QUE CE SOIT, TROUVEZ LE MOYEN DE VOUS EN DESENGAGER. LES CHRETIENS SURTOUT MAIS TOUT LE PEUPLE LIBANAIS NE VOUS PARDONNERAIENT GUERE. SATAN A TENTE JESUS QUI L,A CHASSE. MAIS IL A TENTE AUSSI JUDAS QUI EN A SUCCOMBE. LE REPENTIR ET LA RECTIFICATION EST UNE ISSUE POUR SE FAIRE PARDONNER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 19, le 15 avril 2021

  • Tous ces visiteurs qui n'ont vu la corruption que quand le pire est arrivé et qui continuent malgré cela à faire le tour de la classe politique accusée de cette corruption . Par ailleurs Hariri et Geagea , qui se vantent car ils ont démissionné lors de la révolte du 17 octobre et se présentent depuis comme les saints sauveurs et opposants au pouvoir ; juste contre Aoun et le CPL , pas contre Berri ( allié du Hizb ) ou Joumblatt et etc..eh ben expliquez nous . Société civile réveillez vous et faites vous des leaders avant qu'il ne soit trop tard et que cette classe ne soit blanchie .

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    11 h 34, le 15 avril 2021

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