Une coalition de groupes issus du soulèvement du 17 octobre 2019 a appelé mardi à la formation d'un bloc politique et électoral élargi face aux partis au pouvoir accusés de corruption, lors des législatives prévues en 2022. L'appel conjoint lancé par 16 groupes, dont le Bloc national, Beirut Madinati et Mentechrin, lors d’une conférence de presse au siège du BN à Beyrouth, vise à rassembler le plus grand nombre de forces issues du mouvement de contestation de l'automne 2019 en vue d'affronter des dirigeants inchangés depuis des décennies lors des élections de mai 2022. Les 16 groupes ont dans ce cadre réclamé la formation d’un gouvernement transitoire formé de personnalités indépendantes, qui serait doté de larges pouvoirs et préparerait ce scrutin.
"Nous appelons toutes les forces de changement et les différents groupes révolutionnaires (...) à unifier leurs rangs et à travailler ensemble pour former un bloc d'opposition le plus large possible", a déclaré la porte-parole de la coalition Nada Sehnaoui, de Beirut Madinati. "Ensemble, nous développerons un plan conjoint pour participer au scrutin parlementaire à travers des listes d'opposition communes", a-t-elle ajouté, lisant un communiqué commun des 16 groupes. Le texte appelle dans ce cadre à former une entité indépendante qui superviserait les prochaines élections, soulignant qu’il est impératif qu’elles se tiennent à la date fixée. "Nous faisons face aujourd’hui à une crise de gouvernance qui menace l’existence même de notre pays", a poursuivi Mme Sehnaoui, soulignant que la classe politique a perdu toute crédibilité. "Nous n'avons pas de temps à perdre", a insisté Mme Sehnaoui. "La faim traque la grande majorité de notre peuple et le sort de notre pays est en jeu", souligne-t-elle.
Le soulèvement populaire, amorcé le 17 octobre 2019, avait secoué le pays et sa classe dirigeante par son ampleur et son étendue géographique. Mais aucune initiative n'a réussi jusqu'ici à faire émerger un front d'opposition élargi. Les partis traditionnels, dont certains sont au pouvoir depuis la guerre civile (1975-1990) sont accusés par la rue de corruption, d'archaïsme, de népotisme et d'entretenir un régime politique "confessionnel" basé sur un partage communautaire du pouvoir ayant nourri le clientélisme. Depuis l'automne 2019, l'élan révolutionnaire s'est toutefois tassé, en raison notamment de la pandémie et d'une explosion gigantesque au port de Beyrouth en août 2020 ayant dévasté des pans entiers de la ville et tué plus de 200 personnes. Mais la grogne et la colère sociales sévissent à mesure que le pays s'enfonce dans une crise économique et financière inédite ayant propulsé le taux de pauvreté à 55% de la population. La livre libanaise a perdu plus de 85% de sa valeur par rapport au dollar en moins de 18 mois, provoquant une inflation à trois chiffres.
"Initiative de sauvetage"
Rappelant, en ce jour commémorant le déclenchement de la guerre civile, que "le 13 avril 1975 est un jour noir dans l’histoire du Liban", le communiqué commun souligne que la même classe politique qui a mené la guerre est aujourd’hui responsable des maux des Libanais : "l’explosion du port, les assassinats, la mort des citoyens devant les hôpitaux, l’émigration, la faim, les humiliations, la banqueroute de l’Etat, le chômage, le vol des avoirs bancaires… ". "C’est cette même classe politique qui s’est déplacée des barricades dans la rue aux barricades du gouvernement et qui poursuit ses guerres de différentes manières contre le peuple et le pays", estime le communiqué. Face à la crise, "des forces de l’opposition et de la thaoura issues de différentes régions libanaises se sont réunies pour lancer une initiative de sauvetage qui sortirait le pays de sa crise, pour empêcher ces dirigeants d’entraîner le pays dans un nouveau 13 avril", poursuit encore le texte.
Cette initiative urgente se base sur "la formation d’un gouvernement transitoire restreint formé d’experts indépendants des partis au pouvoir, dotés de larges pouvoirs législatifs" et qui serait chargé de gouverner le pays jusqu’aux prochaines élections législatives de mai 2022. Cette équipe serait chargée de mettre en place un programme économique et financier et notamment de restructurer la dette et de "s’entendre avec le Fonds monétaire international et les pays donateurs" pour sauver le pays. Le programme prévoit également de remédier à la dilapidation des fonds publics, de lutter contre la corruption, d’arrêter la contrebande, et d’entamer les réformes urgentes dont celle du secteur de l’électricité. Il prévoit dans le même temps de consolider le filet de protection sociale pour aider les Libanais "alors que la faim frappe aux portes de la majorité d’entre eux".
L'initiative appelle également à "demander des comptes à la classe politique et récupérer les avoirs volés avec l’aide des pays amis", réclame une loi sur l’indépendance de la justice et exige la vérité sur l’explosion du port de Beyrouth. Le texte demande enfin d’instaurer "une loi sur les partis politiques et leur financement, dont la source doit provenir exclusivement des citoyens libanais", et exige que les armes soient "exclusivement détenues par l’armée libanaise".
Excellent programme qui n'est pas seulement leur, mais s'il pensent qu'en gagnant les élections ils pourrons réaliser 1% de tout cela et le Hezbollah se balade encore avec armes et bagages, ils se fourrent le doigt dans l'œil jusqu'à la garde ! De plus, ils ont torts de mettre tout le monde dans le même sac car certains, encore et toujours a cheval sur leurs principes, et qui ont fait la guerre, méritent d'être au pouvoir et sans eux pour les soutenir dans leurs entreprises ils ne pèseront pas lourd. Ils feraient mieux de revoir une partie de leur copie sur ce chapitre.
10 h 15, le 14 avril 2021