
Des manifestants anti-pouvoir rassemblés à Beyrouth, le 10 avril 2021. Photo Matthieu Karam
Une centaine de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi sous la pluie battante devant le Grand Sérail, sur la place Riad el-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, afin de réclamer le départ de la "classe politique irréformable et contre-productive" au pouvoir et appeler à la formation d'un gouvernement de transition doté de prérogatives législatives exceptionnelles. Plusieurs groupes issus du soulèvement populaire du 17 octobre 2019 avaient appelé à ce rassemblement sous le slogan d'une "Journée de colère populaire".
"Dégagez, vous les trois présidents", ont scandé les protestataires, en référence au président de la République, Michel Aoun, au Premier ministre désigné, Saad Hariri, et au chef du Parlement, Nabih Berry, incarnations selon eux du système corrompu en place. Pour exprimer leur colère et ponctuer leurs slogans, ils ont frappé sur les volets métalliques baissés devant les commerces jouxtant la place.
"Un moyen de contestation"
“Nous, l’Observatoire populaire de lutte contre la corruption et d’autres collectifs comme Beyrouth Madinati et Mada participons à cette manifestation. Nous savons qu'elle ne changera pas la donne. Toutefois, il s’agit d’un des moyens de contestation en notre pouvoir", a confié l'avocat et l'activiste Wassef Haraké, une des figures les plus prédominantes du mouvement de protestation à notre journaliste Matthieu Karam. "Nous sommes venus réclamer un gouvernement de transition avec des pouvoirs spécifiques, notamment la possibilité de légiférer", a-t-il ajouté, soulignant que l'organisation d'élections législatives anticipées "n'est pas un objectif en soi". De telles élections sont notamment réclamées par certains partis traditionnels se réclamant de l'opposition comme les Forces libanaises et les Kataëb. Le militant a encore dénoncé une classe politique "qui a prouvé qu’elle était irréformable et contre-productive”.
Dans l'après-midi, un groupe d'étudiants appartenant au Club laïc de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), qui relève du réseau estudiantin Mada, était parti du quartier de Hamra pour rejoindre ce rassemblement, pouvait-on voir sur des vidéos partagées sur plusieurs plateformes du soulèvement sur les réseaux sociaux.
Hommage aux "martyrs"
Après s'être rassemblés sur la place des Martyrs, certains contestataires y ont installé sur un panneau publicitaire une grande affiche avec les portraits de plusieurs activistes et manifestants décédés depuis le 17 octobre 2019, parmi lesquels le médecin Mohammad Ajami, figure notoire du mouvement de contestation de Nabatiyé (Sud). Le Dr Ajami, oto-rhino-laryngologiste, était décédé fin mars après avoir attendu plus de deux heures pour être admis en vue d'une opération chirurgicale dans un hôpital du Sud, n'ayant pas de quoi s'acquitter des 500.000 livres demandées pour son hospitalisation.
Des manifestants installant un panneau en hommage aux militants décédés depuis le 17 octobre 2019. Photo Matthieu Karam
C'est d'ailleurs pour rendre hommage à cet activiste que des militants proches du soulèvement populaire se sont rassemblés à Tyr, dans le Sud, sous le slogan "La révolution ne mourra pas en nous", selon notre correspondant Mountasser Abdallah. "Notre martyr n'a pas reculé, il n'a pas abandonné sa révolution, il était sur toutes les places", a affirmé l'un de ses amis, Raëd Ataya. Il a demandé à l'ordre des médecins de former un comité d'enquête pour dévoiler les circonstances du décès du Dr Ajami.
commentaires (4)
Pour se débarrasser de ce président et de son nabot et pour en finir avec les autres il faut réclamer en premier lieu le désarmement du parti vendu et tout suivra sans anicroche. Un seul et unique slogan pour tous les opposants : le désarmement du parti vendu. Tous ces polichinelles se sentent forts de sa protection c’est tout et le jour où il n’y aura plus d’armes menaçantes on entendra plus parler d’eux. Une démocratie ne peut pas se faire avec une arme sur la tempe et des missiles pour menacer la sécurité du pays.
Sissi zayyat
11 h 34, le 11 avril 2021