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Lifestyle - La Mode

La Libanaise Cynthia Merhej sélectionnée parmi les demi-finalistes du prix LVMH 2021

La créatrice du label « Renaissance Renaissance »* devient la première femme arabe à arriver aux demi-finales du plus que prestigieux prix LVMH qui récompense chaque année des étoiles montantes du monde de la mode. Pour la soutenir, un vote du public qui accompagne celui d’un jury d’experts est ouvert jusqu’au 11 avril.**

La Libanaise Cynthia Merhej sélectionnée parmi les demi-finalistes du prix LVMH 2021

Cynthia Merhej, la créatrice du label « Renaissance Renaissance », devient la première femme arabe à arriver aux demi-finales du prestigieux prix LVMH. Photo Lily Merhebian

À l’heure où le Liban, pris dans les filets d’une classe dirigeante dont l’inefficacité n’est plus à prouver, dégringole inexorablement aux bas-fonds de tous les classements, apprendre que la créatrice de mode Cynthia Merhej figure parmi les 20 demi-finalistes de l’édition 2021 du prestigieux prix LVMH ne peut qu’émouvoir et faire l’effet d’une réjouissante bouffée d’oxygène. De fait, et tandis que l’horizon semble se refermer sur nous comme un piège, cette intrusion d’espoir est d’autant plus précieuse qu’on pensait être voués à ne plus jamais oser espérer. « Lorsqu’on m’a appelé de chez LVMH pour m’informer que j’avais été sélectionnée pour les demi-finales de ce prix, sans doute le plus important de l’industrie de la mode, j’ai eu du mal à le croire. Peut-être parce que le Liban est à ce point devenu un tueur de rêves que l’on a désormais du mal à accepter une bonne nouvelle », déclare la Libanaise de 31 ans, première créatrice arabe à atteindre ce stade de la compétition.


Collection automne/hiver 2021. Photo Joyce NG, stylisme Makram Bitar

Une histoire de femmes

Cynthia Merhej, on l’avait d’abord découverte dans ces pages, parmi les talents de la deuxième saison du prix Génération Orient. À l’époque, alors qu’elle avait achevé des études en Visual Communication au Royal College of Arts et à Central Saint Martins College of Art and Design de Londres, on ne connaissait que le pan illustration de sa personnalité artistique pourtant aux mille nuances. Quelques mois plus tard, en 2016, les femmes délurées, ludiques et batailleuses qu’elle avait l’habitude de faire fleurir sur du papier, toutes ces femmes en elle prennent vie dès lors qu’elle fonde son label Renaissance Renaissance. « J’ai littéralement grandi entre les patrons et les tissus de l’atelier de ma mère qui, elle aussi, avait suivi les pas de sa grand-mère, exilée de Palestine et qui avait professé dans la couture. Même si j’ai connu, à travers ma mère, le côté pas glamour de la mode, les difficultés et l’ingratitude d’un tel métier, ce langage m’est venu naturellement. J’ai eu l’envie, peut-être même le besoin, de lancer ma marque pour raconter, à travers le vêtement, cette histoire de femmes qui est la mienne », confie Cynthia Merhej qui commence par lancer des premières collections capsules depuis son appartement de Badaro à mesure que, de fil en aiguille, elle rassemble autour d’elle ce qu’elle appelle sa famille créative.

Pour mémoire

Cynthia Merhej et Rym Beydoun unissent leurs forces à Paris

Sa maman bien sûr, avec qui elle travaille en tandem, son patronniste Sako et son ami, le styliste Makram Bitar avec qui elle affirme et affermit l’imagerie de Renaissance Renaissance qu’elle raconte de la sorte : « Mon travail est indissociable du contexte où j’ai grandi, celui d’une société fondamentalement patriarcale qui a longtemps intimé aux femmes de s’habiller pour plaire aux hommes. Aujourd’hui, à travers ma marque, j’entends réagir à toutes ces rigides attentes qu’on a pour la femme arabe, ainsi qu’à l’exotisation dont elles font souvent l’objet. » Pour la femme Renaissance Renaissance qui tantôt semble être échappée d’un roman des Sœurs Brontë, tantôt rescapée d’une toile rococo de François Bucher, Cynthia Merhej imagine plutôt un destin de battante romantique qui s’amuse à brouiller les codes du genre et de la féminité.


Collection automne/hiver 2021. Photo Joyce NG, stylisme Makram Bitar

L’histoire de son Beyrouth

Sa collection automne/hiver 2021, vendue en exclusivité chez Net-à-Porter et qui a attiré l’attention du prix LVMH, en est la preuve. Gravitant autour d’une palette allant du rose barbe à papa au rouge sang, enveloppant ses silhouettes d’un cocon géant de taffetas, serrant leurs tailles avec des rubans de laine, la créatrice libanaise raconte la géographie sentimentale de ces « guerrières poétiques » pour reprendre les mots du journaliste Loïc Prigent qui présentait mardi, sur le compte Instragram de Vogue Paris, les demi-finalistes du prix LVMH.

Pour mémoire

Six Libanais parmi les vingt-quatre finalistes du prix Fashion Trust Arabia

Initié en 2013 par le groupe LVMH, ce prix récompense chaque année deux designers de mode en leur octroyant un montant d’argent mais aussi un mentorat aux côtés d’experts du domaine. Cette année, le dossier du label Renaissance Renaissance a été retenu, avec 19 autres, parmi près de 2 000 candidatures soumises en janvier. À ce stade de la compétition, un jury ainsi qu’un vote ouvert au public permettront de sélectionner les huit finalistes de cette édition. En allant sur le site dédié au prix LVMH, sorte de showroom numérique auquel se fieront le jury et le public pour faire leur choix, on peut d’ailleurs écouter Cynthia expliquer que « même si j’ai une démarche plutôt radicale dans ma manière d’aborder la féminité, je n’ai jamais cherché à rejeter la beauté ». « En vivant à Beyrouth, et en témoignant au quotidien de la facilité de la destruction, je pense que la beauté, dans son sens le plus simple, reste pour moi quelque chose d’essentiel. Et puis, en matière de sustainability, la beauté d’un vêtement est ce qui lui promet de durer. » Ce qui nous fait dire que, plus qu’être une histoire de femmes, Renaissance Renaissance est sans doute l’histoire du Beyrouth de Cynthia Merhej. Ce Beyrouth dont elle a brandi avec émotion une image lors de son entretien avec Loïc Prigent. La photo, extraite de son moodboard, montre un soleil qui se couche entre des fils électriques en débâcle. « Cette image-là résume pour moi ma ville et ce qui m’a poussé à créer ma marque. C’est le sentiment qu’on a tous les jours à Beyrouth lorsqu’au milieu de l’anarchie urbaine, au milieu des problèmes qui n’arrêtent pas de nous tomber dessus, on se demande comment une chose aussi belle qu’un coucher de soleil peut encore avoir lieu ici. C’est le pouvoir de ma ville, continuer à nous faire croire en une promesse de la beauté. » Continuer à croire aussi, grâce à des talents comme celui de Cynthia Merhej, à une promesse de Renaissance (Renaissance).

* Pour découvrir l’univers du label « Renaissance Renaissance » : https://www.lvmhprize.com/ ? pg=semifinalist n=renaissance_renaissance

** Pour voter pour Cynthia Merhej et sa marque « Renaissance Renaissance » : https://www.lvmhprize.com/

À l’heure où le Liban, pris dans les filets d’une classe dirigeante dont l’inefficacité n’est plus à prouver, dégringole inexorablement aux bas-fonds de tous les classements, apprendre que la créatrice de mode Cynthia Merhej figure parmi les 20 demi-finalistes de l’édition 2021 du prestigieux prix LVMH ne peut qu’émouvoir et faire l’effet d’une réjouissante bouffée...

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On n’arrive pas à voter !

Maya B.

05 h 50, le 08 avril 2021

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Commentaires (1)

  • On n’arrive pas à voter !

    Maya B.

    05 h 50, le 08 avril 2021

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