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Moyen-Orient - Turquie

Erdogan fulmine contre des amiraux retraités pour avoir critiqué un de ses projets

Erdogan fulmine contre des amiraux retraités pour avoir critiqué un de ses projets

Un cargo traverse le Bosphore, le 11 août 2018. Murad Sezer/File Photo/Reuters

Le président Recep Tayyip Erdogan a accusé hier un groupe d’amiraux retraités de réveiller le spectre d’un « coup d’État politique » en Turquie pour avoir critiqué la construction prévue d’un nouveau canal à Istanbul, l’un de ses projets emblématiques.

Signe de la détermination du pouvoir d’empêcher toute incursion des militaires, fussent-ils à la retraite, dans la sphère politique, dix anciens amiraux parmi les signataires de la lettre qui a mis le feu aux poudres ont été arrêtés hier.

« Le devoir d’amiraux retraités n’est pas de publier des déclarations qui sous-entendent un coup d’État politique. Aucun fonctionnaire à la retraite n’a le droit d’emprunter un tel chemin », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. « Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression. Dans un pays dont l’histoire est émaillée de coups, cela est inacceptable », a-t-il ajouté.

Il parlait à l’issue d’une réunion à la présidence avec de hauts dirigeants turcs consacrée à une lettre ouverte publiée durant le week-end par 104 anciens amiraux, alertant contre la menace que pourrait représenter, selon eux, le projet de canal Istanbul pour la convention de Montreux, datant de 1936, et qui garantit le libre passage par le détroit du Bosphore.

Le gouvernement argue que canal Istanbul permettrait de doter la ville d’un nouveau pôle d’attractivité en plus de soulager le Bosphore, l’un des détroits les plus congestionnés du monde. Ce canal de 45 kilomètres de long, dans l’ouest d’Istanbul, serait parallèle au Bosphore et relierait la mer de Marmara à la mer Noire.

Meilleures opportunités

Si la convention de Montreux garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, elle impose des restrictions à la traversée des bateaux militaires n’appartenant pas aux pays riverains de la mer Noire. Selon certains observateurs, une remise en question éventuelle du traité par le biais du canal Istanbul pourrait faciliter l’accès des navires de guerre américains en mer Noire, ce que la Russie voit d’un mauvais œil. « Le lien fait (par les amiraux) entre canal Istanbul et la convention de Montreux est totalement faux », a affirmé M. Erdogan. « Nous n’œuvrons pas et n’avons pas l’intention de l’abandonner. Si le besoin se fait sentir à l’avenir, nous pourrons amender n’importe quelle convention si cela peut permettre à notre pays d’aller de l’avant », a-t-il toutefois ajouté. « Nous considérons les avantages qu’offre Montreux à notre pays comme importants, et nous resterons tenus par cet accord jusqu’à ce que nous trouvions de meilleures opportunités », a-t-il assuré.

Dix amiraux retraités parmi les signataires de la lettre ont été arrêtés lundi et placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour « réunion visant à commettre un crime contre la sécurité de l’État et l’ordre constitutionnel », selon le bureau du procureur d’Ankara.

Partie bleue

Quatre autres anciens officiers ont aussi été visés par des mandats d’arrêt, mais n’ont pas été interpellés en raison de leur âge avancé. Ils ont reçu l’ordre de se présenter à la police d’Ankara dans les trois prochains jours pour déposer.

Les amiraux signataires se sont également vu retirer le logement mis à leur disposition par l’État et leur droit à une protection, selon le journal progouvernemental Sabah.

Parmi les détenus figure le contre-amiral Cem Gürdeniz, le « père » de la doctrine controversée de la « patrie bleue » prévoyant l’établissement de la souveraineté turque sur de larges pans de la Méditerranée orientale. Les autorités turques se basent sur cette doctrine pour justifier leurs ambitions maritimes à l’origine des tensions entre la Turquie et la Grèce. M. Gürdeniz est aussi connu pour sa prise de position pour une alliance « eurasianne » qui implique un rapprochement de la Turquie avec la Russie, l’Iran et la Chine plutôt qu’avec ses partenaires occidentaux.

L’intervention des militaires dans la politique reste un sujet sensible en Turquie où l’armée, se définissant comme le garant de la laïcité, a mené trois coups d’État entre 1960 et 1980, et a longtemps eu une influence déterminante sur les gouvernements.

Après avoir mené des réformes ayant considérablement réduit le poids des militaires, M. Erdogan a survécu en juillet 2016 à une tentative de coup d’État mené par des militaires factieux, qu’il a imputée aux partisans du prédicateur Fethullah Gülen, basé aux États-Unis.

L’approbation par la Turquie, le mois dernier, des plans de construction à Istanbul d’un canal de navigation comparable à ceux de Panama ou de Suez a ouvert le débat sur la convention de Montreux.

Avant les militaires, 126 anciens ambassadeurs turcs ont aussi mis en garde contre un éventuel retrait d’Ankara de la convention de Montreux.

Source : AFP

Le président Recep Tayyip Erdogan a accusé hier un groupe d’amiraux retraités de réveiller le spectre d’un « coup d’État politique » en Turquie pour avoir critiqué la construction prévue d’un nouveau canal à Istanbul, l’un de ses projets emblématiques.Signe de la détermination du pouvoir d’empêcher toute incursion des militaires, fussent-ils à la retraite, dans...

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