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Moyen-Orient - Maghreb

Une présence onusienne minuscule dans un mécanisme libyen d’observation du cessez-le-feu ?

Une présence onusienne minuscule dans un mécanisme libyen d’observation du cessez-le-feu ?

Cent vingt prisonniers appartenant au camp du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est Libyen, ont été relâchés hier, sur fond de réconciliation nationale. AFP / Mahmud TURKIA

Pour vérifier le cessez-le-feu en Libye et le retrait des troupes étrangères et mercenaires aidant les ex-rivaux de l’Est et l’Ouest libyen, l’idée de mobiliser dans un mécanisme libyen... cinq observateurs onusiens et dix Libyens a été récemment avancée, suscitant l’incrédulité de diplomates à l’ONU.

Comment assurer avec un aussi petit nombre d’observateurs l’énorme mission de contrôler l’arrêt des hostilités qui reste fragile et le départ de quelque 20 000 hommes armés ? s’interrogent-ils.

« Ils vont patrouiller ? Rester dans un bureau ? » Certes « l’obsession des Libyens est de ne pas avoir de bottes étrangères sur le terrain, mais c’est très décevant » un tel mécanisme « symbolique », indique un diplomate sous couvert d’anonymat, en craignant un « gel » des positions militaires sur le terrain. Et cela « pour empêcher la reprise de la guerre civile » ?

Il y a une semaine, lors d’un huis clos avec le Conseil de sécurité, l’émissaire de l’ONU Jan Kubis a évoqué ce chiffre de cinq observateurs civils onusiens non armés. Il a dit que ce pouvait être « cinq+cinq+cinq, soit 15 en tout » mais « cinq à la fois », indique un autre diplomate.

Voulait-il parler d’un déploiement séquencé ? Ou faisait-il référence à cette règle de « 1 pour 3 » utilisée par les militaires pour tout déploiement : pour un soldat sur le terrain, un deuxième est au repos, le troisième à l’entraînement avant de relever le premier.

Certains diplomates assurent qu’il n’a pas évoqué la présence libyenne dans le mécanisme. Mais selon d’autres, l’idée est bien d’avoir aussi dix Libyens, pour moitié représentant l’Est, pour moitié l’Ouest, les deux ayant été en guerre pour le pouvoir jusqu’à octobre.

Dans un nouveau rapport publié hier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, insiste sur le fait que ce mécanisme de surveillance du cessez-le-feu sera « dirigé et contrôlé par la Libye ». L’ONU « fournira au départ une équipe modulable d’observateurs », indique-t-il sans préciser leur nombre.

Dans ce rapport, Antonio Guterres demande au Conseil de sécurité de créer une « composante d’observateurs » au sein de la mission de paix Manul, parallèlement au mécanisme prévu sous la direction des Libyens. Elle « se limitera à la surveillance des violations (...) signalées au mécanisme de surveillance du cessez-le-feu par les observateurs nationaux et d’autres sources locales », indique-t-il.

La très petite présence onusienne qui se dessine au sein du dispositif libyen est à contre-courant du « mécanisme robuste » voulu notamment par l’Union européenne qui surveille déjà au large de la Libye les flux migratoires et l’embargo sur les armes.

Un vrai problème

Depuis des mois, les responsables onusiens parlent d’une « force légère », de « Libyens à la manœuvre sous le parapluie de l’ONU », « d’un mécanisme de surveillance évolutif ». Mais pour contrôler un cessez-le-feu et le départ de 20 000 mercenaires et soldats étrangers, c’est « un plutôt gros boulot qui nécessite davantage que quelques observateurs », relève un ambassadeur du Conseil de sécurité sous couvert d’anonymat.

Ex-puissance coloniale, le Royaume-Uni, qui a en charge le dossier libyen à l’ONU, est sous pression pour proposer une résolution destinée à soutenir le processus politique de réunification de la Libye et intégrer dans la mission de l’ONU en Libye (Manul) un mécanisme d’observation de l’arrêt des hostilités et du départ des forces étrangères.

Parmi celles-ci, figurent des mercenaires du groupe privé russe Wagner, des Syriens qui auraient commencé à partir, des groupes armés tchadiens et soudanais que le Niger ne veut pas voir s’éparpiller dans la région, et des forces turques.

Ces dernières ont la particularité d’avoir été déployées en vertu d’un accord bilatéral conclu entre Ankara et l’ex-gouvernement qui siégeait à Tripoli. Seront-elles aussi forcées à partir? « C’est un vrai problème, il va falloir qu’on y travaille », soupire le même ambassadeur du Conseil.

Pour son homologue américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, « tous les acteurs extérieurs impliqués dans ce conflit (doivent) commencer immédiatement à se retirer de Libye ». « Il ne peut y avoir aucune exception à cette règle », a-t-elle récemment insisté, en déplorant que « la présence continue de certaines forces soit devenue une excuse pour maintenir la présence d’autres forces ».

Selon un autre ambassadeur du Conseil, requérant aussi l’anonymat, « les Russes sont les plus critiques sur la mise en place du mécanisme de surveillance ». « Ils ne veulent pas se barrer tant que les Turcs ne partent pas. Et les Turcs ne sont pas prêts à partir non plus », résume-t-il.

La Russie a toujours démenti avoir des militaires en Libye. Si des citoyens russes sont dans ce pays, « ils ne représentent pas le gouvernement russe », a récemment assuré Moscou.

Source : AFP

Pour vérifier le cessez-le-feu en Libye et le retrait des troupes étrangères et mercenaires aidant les ex-rivaux de l’Est et l’Ouest libyen, l’idée de mobiliser dans un mécanisme libyen... cinq observateurs onusiens et dix Libyens a été récemment avancée, suscitant l’incrédulité de diplomates à l’ONU.
Comment assurer avec un aussi petit nombre d’observateurs l’énorme...

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