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Société - Professions

Le conseil de l’ordre des ingénieurs dans le collimateur d’une coalition de professionnels contestataires

Plusieurs groupes d’ingénieurs accusent l’organisme présidé par Jad Tabet de ne pas vouloir organiser des élections et de mal gérer le budget.

Le conseil de l’ordre des ingénieurs dans le collimateur d’une coalition de professionnels contestataires

La conférence de presse tenue hier par des membres de « L’ordre se révolte ». Photo ANI

« L’ordre se révolte », une coalition de plusieurs groupes d’ingénieurs née dans le sillage du mouvement du 17 octobre, a exprimé hier son mécontentement au sujet des prestations du conseil de l’ordre des ingénieurs, présidé par Jad Tabet. Au cours d’une conférence de presse, le groupe a accusé le conseil de l’ordre d’une part de ne pas organiser des élections par peur de la montée des indépendants, et d’autre part de vouloir adopter un budget inapproprié à la situation économique, laquelle nécessite selon eux davantage d’austérité. La conférence de presse s’est tenue concomitamment à une réunion du conseil de l’ordre qui a, justement, décidé du report des élections, et à la veille d’une réunion des délégués lors de laquelle devrait être examiné aujourd’hui le budget 2021-2022.

La conférence de presse de « L’ordre se révolte », organisée à Zokak el-Blatt à Beyrouth, a vu notamment la participation de six candidates et candidats aux prochaines élections dont la date n’a donc toujours pas été fixée, alors qu’elles étaient initialement prévues il y a un an. Parmi ces intervenants, Joseph Mchaylek et Ali Darwiche, candidats pour être membres du conseil de l’ordre, Aref Yassine, candidat au poste de président, et Nahida Khalil, qui brigue un poste de déléguée.

Contactée par L’Orient-Le Jour, Mme Khalil fustige le fait que « les élections au sein de l’ordre n’ont pas encore eu lieu, bien que les rassemblements soient autorisés depuis la quatrième phase de déconfinement entamée le 22 mars ». « Le conseil de l’ordre aurait dû appeler à la tenue du scrutin dès décembre dernier, sachant que les ordres professionnels avaient été alors dispensés de l’application de la loi sur la suspension des délais légaux », indique-t-elle. Pour la jeune femme, les élections auraient même pu être organisées à leur date initiale. « Le scrutin du 7 mars 2020 avait été reporté sine die, tandis que le lendemain, les ingénieurs de Tripoli ont pu choisir leurs représentants, fait-elle remarquer. Les reports cumulés trouvent leur origine en grande partie par la crainte des partis dirigeants de voir les forces contestataires gagner des sièges. »

En réponse à ces accusations, le président de l’ordre des ingénieurs, Jad Tabet, attribue les ajournements répétés à la propagation du coronavirus et aux lois sur la suspension des délais. Il affirme à L’OLJ que le Conseil supérieur de défense (CSD) vient de prohiber l’organisation du scrutin. « Après l’annonce d’un plan de déconfinement, nous avons demandé au ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi une autorisation en ce sens. S’estimant incompétent en la matière, il a transféré la demande au CSD. Celui-ci nous a notifiés hier (lundi) de son interdiction, bien que nous lui ayons fait part d’un accord conclu avec la Croix-Rouge libanaise pour une organisation des élections sans risque. » Pourquoi n’avoir pas proposé un scrutin qui se serait étalé sur plusieurs jours ? « La loi nous oblige à tenir les élections en un seul jour. Elle interdit par ailleurs le vote électronique », répond M. Tabet. Et de noter : « La situation sanitaire est dangereuse. Quatorze employés de l’ordre sont actuellement contaminés par le Covid-19. »

Microcosme de l’État

Outre la non-organisation des élections, les ingénieurs contestataires accusent le conseil de l’ordre de « mal gérer » le budget et de « gaspiller » les fonds. « À l’exception de Jad Tabet, les 15 membres du conseil sont tous affiliés aux partis du pouvoir et constituent un microcosme de l’État corrompu », assène Nahida Khalil. « Le budget est inchangé depuis des dizaines d’années. Or dans cette crise inédite que le Liban traverse, le conseil doit entreprendre des réformes », tonne-t-elle. « Il faut restructurer le budget et autoriser les dépenses selon les rentrées prévues et les montants possédés », poursuit-elle, prônant « un budget d’austérité ». « Au lieu d’augmenter les cotisations des ingénieurs, pourquoi ne pas instaurer le travail à mi-temps pour les centaines de salariés de l’ordre, de sorte qu’ils perçoivent un demi-salaire ? » s’interroge-t-elle. Elle fait observer que « ceux-ci sont en surnombre » et qu’en 2017, 40 employés avaient été embauchés sur fond de calculs clientélistes, selon elle, répartis entre les partis au pouvoir à la veille des élections législatives de 2018.

En ce qui concerne l’option d’une réduction des salaires, Jad Tabet répond que ceux-ci « ne représentent que 4 % du budget de l’ordre », indiquant que « les bonus annuels ont été supprimés pour la seconde année consécutive ». Quid des voyages que les membres du conseil continuent d’entreprendre, ainsi que les congrès auxquels ils participent à l’étranger? demande Mme Khalil. « Les voyages sont supprimés, et la participation aux congrès est maintenue, mais via Zoom », rétorque Jad Tabet, soutenant qu’« il n’est pas question d’arrêter ces activités scientifiques » qui, reconnaît-il, sont coûteuses même si elles se produisent en ligne.

Pour mémoire

Les ingénieurs du Liban mobilisés pour une reconstruction durable

Autre sujet de polémique entre le conseil en place et les ingénieurs protestataires : l’augmentation du coût des cotisations pour les hospitalisations. « Le contrat avec la société d’assurances a été conclu sans consultation préalable des ingénieurs », s’indigne Nahida Khalil. « C’est après un appel d’offres que nous avons conclu le contrat avec GMI, une société qui nous a proposé les prix les moins chers, répond M. Tabet. Depuis le 2 février, tous les hôpitaux ont d’ailleurs indexé les prix des hospitalisations au taux de 3 900 LL pour un dollar. Les 470 000 livres que l’ingénieur paie chaque année pour sa couverture médicale ont donc été converties à ce taux, sans aucune autre augmentation ».

Face au manque de recettes dû à un ralentissement de la construction, Mme Khalil préconise d’« établir un plan d’investissements à long terme », afin, dit-elle, que « l’ordre ne s’effondre pas ». « Il faut abandonner l’économie rentière adoptée depuis des décennies », juge-t-elle, relevant que « les capitaux ne rapportent plus que des taux d’intérêt de 1 à 2 % ». Si Jad Tabet fait la même constatation, il estime cependant que la situation actuelle n’est pas propice aux investissements. « Plusieurs sociétés industrielles nous ont proposé d’investir auprès d’elles en contrepartie de taux d’intérêt à 6 %, mais elles ne garantissaient le capital qu’à 70 % », indique-t-il, soulignant qu’il ne prendra pas la responsabilité d’un tel risque.

« L’ordre se révolte », une coalition de plusieurs groupes d’ingénieurs née dans le sillage du mouvement du 17 octobre, a exprimé hier son mécontentement au sujet des prestations du conseil de l’ordre des ingénieurs, présidé par Jad Tabet. Au cours d’une conférence de presse, le groupe a accusé le conseil de l’ordre d’une part de ne pas organiser des élections...

commentaires (3)

Il faut se débarrasser des membres affilié pas au pouvoir et le problème sera résolu. Ils sont le cancer de ce pays et il faut empêcher la métastase aussitôt que possible. Avoir recours à un Politicien pour jouer à l’arbitre n’est forcément pas une bonne idée vu leur implication, des fois malgré eux (mais c’est rare) dans la mission d’empêcher toute solution à tout problème, il faut passer outre et se rebeller en accomplissant le travail pour lequel ils ont été désignés. C’est la mode dans ce pays et il faut savoir être à la page et in. Donc contents ou pas les honnêtes devraient prendre des décisions et foncer même si on leur dit que c’est illégal. Tout est illégal dans ce pays alors on n’est plus à une exception près surtout lorsqu’il s’agit de reconstruire ce pays. Et s’ils ne sont pas contents alors qu’ils démissionnent ou qu’ils aillent voir ailleurs si vous y sont. Même la constitution a été piétiné alors de grâce que ne nous parle plus de droits et de valeurs dans ce pays et ça devrait être la règle pour tous les sauveurs du pays. Ils devraient utiliser les mêmes armes avec lesquelles ils nous font la guerre. Nous sommes libanais non? Alors des échappatoires et des passes droit ça nous connaît et il faut les utiliser.

Sissi zayyat

20 h 24, le 31 mars 2021

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Commentaires (3)

  • Il faut se débarrasser des membres affilié pas au pouvoir et le problème sera résolu. Ils sont le cancer de ce pays et il faut empêcher la métastase aussitôt que possible. Avoir recours à un Politicien pour jouer à l’arbitre n’est forcément pas une bonne idée vu leur implication, des fois malgré eux (mais c’est rare) dans la mission d’empêcher toute solution à tout problème, il faut passer outre et se rebeller en accomplissant le travail pour lequel ils ont été désignés. C’est la mode dans ce pays et il faut savoir être à la page et in. Donc contents ou pas les honnêtes devraient prendre des décisions et foncer même si on leur dit que c’est illégal. Tout est illégal dans ce pays alors on n’est plus à une exception près surtout lorsqu’il s’agit de reconstruire ce pays. Et s’ils ne sont pas contents alors qu’ils démissionnent ou qu’ils aillent voir ailleurs si vous y sont. Même la constitution a été piétiné alors de grâce que ne nous parle plus de droits et de valeurs dans ce pays et ça devrait être la règle pour tous les sauveurs du pays. Ils devraient utiliser les mêmes armes avec lesquelles ils nous font la guerre. Nous sommes libanais non? Alors des échappatoires et des passes droit ça nous connaît et il faut les utiliser.

    Sissi zayyat

    20 h 24, le 31 mars 2021

  • AVEC CA QUI OSERAIT ENCORE CRIER : OU EST L'ETAT ?( traduit de l'arabe "wayn eddawle" )?

    Gaby SIOUFI

    09 h 21, le 31 mars 2021

  • Si au XXI ème siècle l'ordre des ingénieurs ne peut pas organiser des élections modernes via internet pour quelques milliers de membres..que pouvons nous encore espérer ?

    paznavour

    00 h 34, le 31 mars 2021

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