Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a appelé mercredi le Parlement à se pencher sur une "interprétation constitutionnelle" du rôle que peut jouer le gouvernement actuel, chargé de l'expédition des affaires courantes depuis août 2020, tout en insistant sur la "priorité absolue" de mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle pour faire face aux crises.
Le Liban est toujours sans gouvernement actif depuis la démission du cabinet de Hassane Diab, dans la foulée de la double explosion le 4 août 2020 au port de Beyrouth. Lundi, le processus gouvernemental était une fois de plus revenu à la case départ à l'issue d'une très brève et orageuse réunion entre MM. Aoun et Hariri, qui campent tous les deux sur leurs positions et s'accusent mutuellement du blocage. Ces derniers développements politiques interviennent alors que le pays est englué dans une crise socio-économique sans précédent, qui a fait sombrer plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté.
La question de la réactivation du gouvernement sortant a été dans ce contexte évoquée par plusieurs protagonistes, notamment jeudi dernier par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, alors que de nombreuses échéances sont attendues pour faire face à la situation actuelle. L'exécutif est notamment appelé à approuver l'avant-projet de budget pour l'année en cours, présenté par le ministère des Finances, une procédure qui accuse déjà plusieurs mois de retard.
Les limites de la raison et de la logique
"Malheureusement, près de huit mois après la démission de mon gouvernement, les efforts fournis pour former un nouveau cabinet n'aboutissent pas", a déploré M. Diab dans un communiqué, soulignant que cette nouvelle équipe devra "poursuivre le chantier de réformes entamé pour sortir le Liban de la crise financière et socio-économique". Cette situation " a dépassé les limites de la logique et de la raison et la formation du gouvernement s’est transformée en une crise nationale, ce qui exacerbe la souffrance des Libanais", a-t-il ajouté, évoquant un "cercle vicieux politique effrayant".
Relevant la "controverse" actuelle sur les pouvoirs d'un cabinet chargé de l'expédition des affaires courantes, alors qu'il se trouve pris entre les feux de ceux qui "demandent l'activation du gouvernement démissionnaire" et des "mises en garde contre la violation de la Constitution", Hassane Diab a estimé que cette question des prérogatives de son cabinet doit faire l'objet d'une "interprétation constitutionnelle". Cette interprétation, qui doit être donnée selon lui par le Parlement, doit "définir les limites et le rôle du gouvernement démissionnaire à la lumière de la réalité actuelle, due au retard accusé dans la formation du gouvernement".
Plus tôt dans la journée, le président de la Chambre, Nabih Berry a convoqué les députés à une séance plénière lundi 29 mars afin d'étudier l'ordre du jour. Il n'est pour l'heure pas clair si le Parlement se penchera sur la question des prérogatives du cabinet sortant et sur la crise politique en cours lors de cette réunion.
Le Premier ministre sortant a encore défendu le travail de son équipe qui "n'a jamais hésité à s'acquitter de ses tâches dans la mesure du possible", soulignant que le travail n'a été suspendu dans aucun ministère ni au niveau de la présidence du Conseil. "La formation d'un nouveau gouvernement est aujourd'hui une priorité absolue, et toutes les parties concernées doivent coopérer pour mener à bien cette mission nationale", a-t-il exhorté. Et de conclure : "La crise exacerbe et augmente les pressions sur tous les Libanais. De nombreux secteurs sont manifestement en difficulté, ce qui est un indicateur de la gravité de cette crise et ce qui exige de faire primer l'intérêt national sur toute autre considération".
commentaires (4)
Le parlement ferait bien de voter la confiance au gouvernement proposé par Hariri.
Esber
18 h 24, le 24 mars 2021