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Économie - Crises au Liban

Patronat, commerçants et travailleurs unis contre "l'effondrement chaotique"

Asmar, Choucair et Chammas réclament un "gouvernement de sauvetage" et une modification des mécanismes d'aides apportées à la population.

Patronat, commerçants et travailleurs unis contre

Le président de la CGTL, Béchara el-Asmar (g.), le président de l'ACB, Nicolas Chammas (d. haut), et le président des Organisations économiques, Mohammad Choucair. Photos ANI

Les représentants du patronat, des commerçants et des travailleurs au Liban ont dénoncé mercredi l'inaction des dirigeants politiques face à "l'effondrement chaotique" du pays, réclamant un "gouvernement de sauvetage" ainsi qu'une modification des mécanismes d'aides apportées à la population pour affronter les multiples crises. 

Tirant une nouvelle fois la sonnette d'alarme face à la situation "chaotique", le président de la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL), Béchara el-Asmar, le président de l’organisation patronale des organismes économiques, l’ancien ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, et le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, ont notamment réclamé que le mécanisme de subventions sur certains produits soit remplacé par une carte d'approvisionnement, ainsi que des mesures "définitives" contre la contrebande transfrontalière. 

Lors d'une conférence de presse conjointe, Nicolas Chammas, a dans ce cadre déclaré que le Liban était "en plein chaos", critiquant "ceux qui s'accrochent au pouvoir de perpétuer les mêmes pratiques", sans assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple et de l'Etat. Il a encore accusé les dirigeants de "suivre uniquement l'appel du pouvoir et se disputer pour obtenir des gains politiques alors que les ouvriers ont tout perdu et sont laissés à eux mêmes". "Nous nous retrouvons à devoir choisir entre l'émigration ou les souffrances et la faim, a-t-il déploré. Le peuple libanais est menacé de perdre sa nation et son identité".

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"Nous réclamons la formation d'un gouvernement de sauvetage, qui pourra obtenir la confiance du peuple et de la communauté internationale, mettre en œuvre les réformes et redresser le Liban", a dans ce contexte réclamé M. Chammas au nom des participants à la réunion. Il a encore appelé à ce que des aides soient apportées directement aux familles libanaises, via la distribution de cartes d'approvisionnement "au lieu de subventionner différents produits", un mécanisme qui a été à de nombreuses reprises dénoncé comme étant peu efficace et ne profitant pas directement aux personnes dans le besoin. Il a encore appelé les autorités à "inciter les entreprises à améliorer la situation de leurs employés et ouvriers" et à ce que des mesures soient engagées pour "mettre un terme définitif" à la contrebande vers l'étranger.

"Si le navire sombre..."
"Les salaires se sont évaporés et la situation sanitaire est critique, la crise ayant touché durement l'armée et les forces de sécurité", a pour sa part diagnostiqué Béchara el-Asmar. Il a affirmé la volonté de son organisation de "lutter contre les effets de cette crise par tous les moyens pacifiques et démocratiques" à sa disposition, annonçant avoir demandé au comité exécutif de la CGTL d'établir un "plan d'action" à mettre en place jusqu'à ce que le futur gouvernement soit formé. "Nous sommes au bord d'un effondrement total et catastrophique de grande ampleur et personne ne nous écoute ni ne nous répond", a regretté le syndicaliste, mettant en garde contre un recours à la rue "comme dernier refuge". "Si le navire sombre, tout le monde sombrera avec", a-t-il lancé. 

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S'exprimant à son tour au nom du patronat, Mohammad Choucair a fait porter la responsabilité de l'effondrement du Liban "à la politique", promettant de tout faire pour lutter contre la crise. "Nous refusons ce qu'il se passe sur la scène politique, qui a mené à la détérioration de la situation", a-t-il affirmé. "Il faudra de longues années pour revenir à la situation d'avant la crise", a-t-il encore averti.

Dans la rue, un petit groupe de manifestants s'est rassemblé à Baalbeck afin de protester contre la corruption et la détérioration de la situation socio-économique, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). 

Le Liban s'enfonce depuis l'été 2019 dans une crise sans précédent, accompagnée d'une forte dépréciation de la livre. Sur le marché parallèle, la monnaie a dépassé la semaine dernière les 15.000 livres pour un dollar, et s'échangeait aux alentours de 13.000 livres mercredi, alors que le taux officiel est toujours de 1.507 livres pour un dollar. L'inflation annuelle a atteint 145,8% fin 2020, selon des statistiques officielles. Début mars, le prix de la viande avait augmenté de 110% sur un an et celui du poulet de 65%, selon la Banque mondiale. Mardi, le ministre de l'Economie a d'ailleurs annoncé une nouvelle augmentation du prix du sac de pain, la troisième depuis juin. Les carburants ont également connu une nouvelle hausse ce mercredi, bien que plus restreinte par rapport aux semaines précédentes. 

L'érosion du pouvoir d'achat et la précarisation provoquent la colère de la population, avec des manifestations et des blocages de routes sporadiques. Plus de la moitié des habitants vit désormais sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU. 



Les représentants du patronat, des commerçants et des travailleurs au Liban ont dénoncé mercredi l'inaction des dirigeants politiques face à "l'effondrement chaotique" du pays, réclamant un "gouvernement de sauvetage" ainsi qu'une modification des mécanismes d'aides apportées à la population pour affronter les multiples crises. Tirant une nouvelle fois la sonnette d'alarme face à...
commentaires (5)

Il y a des Libanais mais pas de CITOYEN libanais Tant que subsistera le système confessionnel et cette Constitution totalement antidémocratique et obsolète, rien ne changera dans ce magnifique endroit (j'allais dire Pays Liban ) Dans le fond ne dit on pas que les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent ? Que DIEU nous préserve

fouad ghozayel

22 h 50, le 24 mars 2021

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Commentaires (5)

  • Il y a des Libanais mais pas de CITOYEN libanais Tant que subsistera le système confessionnel et cette Constitution totalement antidémocratique et obsolète, rien ne changera dans ce magnifique endroit (j'allais dire Pays Liban ) Dans le fond ne dit on pas que les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent ? Que DIEU nous préserve

    fouad ghozayel

    22 h 50, le 24 mars 2021

  • A quand un front commun de toutes les forces vives du pays, de toutes les mères de tous les étudiants, pour dire stop à ces dérives, à ces dirigeants qui affichent un manque total de pitié, d'indulgence et qui n'aspirent qu'a une cupidité insatiable de pouvoir et d'argent. Le jour où la population s'éveillera ces dirigeants de toute origine tribale ou confessionnelle trembleront.

    C…

    15 h 34, le 24 mars 2021

  • UNIS EN PAROLES VIDES. DONNER L,ORDRE A VOS EMPLYES DE SE JOINDRE AUX MANIFESTANTS DE LA THAWRA POUR EN FAIRE UN SOULEVEMENT GENERAL DE TOUTES LES FORCES DU PEUPLE LIBANAIS QUI EMPORTERAIT SUR SON PASSAGE TOUS LES MAFIEUX VOLEURS ET LEURS PARTENAIRES LES TRAFIQUANTS MERCENAIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 30, le 24 mars 2021

  • Et les industriels libanais? Pas concernés? Ou plutôt échaudés, puisque les politiques financières du Liban, depuis toujours, a été de favoriser les investissements passifs ou le commerce, mais jamais (ou si peu) dans le développement d’une industrie nationale... Commerçants (importateurs donc) = dollars qui quittent le pays. Industriels (locaux donc) = dollars qui restent au pays. Choisis ton camp, camarade...

    Gros Gnon

    13 h 45, le 24 mars 2021

  • Il ne manquerait plus que les crapules bancaires rejoignent la protestation. Il faut sortir de la logique reformiste qui montre tous les jours son inutilite pour entrer dans une logique de "vengeance".

    Michel Trad

    13 h 34, le 24 mars 2021

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