Le Conseil de sécurité des Nations Unies a appelé jeudi les autorités libanaises à "immédiatement faciliter" la formation d'un gouvernement, alors que le pays, empêtré dans une grave sociale, économique et politique, est sans cabinet depuis plus de sept mois et connaît un regain de contestation populaire dans la rue.
Cet appel a eu lieu au cours d'un échange par visioconférence avec la coordinatrice adjointe des Nations Unies pour le Liban, Najat Rochdi, qui a informé le Conseil de sécurité de l'application de la résolution 1701, comme reflété par le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Après la guerre meurtrière de juillet 2006, cette résolution avait rétabli une cessation des hostilités entre Israël et le Liban. Dans son dernier rapport, M. Guterres a appelé les dirigeants libanais à former un gouvernement de réforme au plus tôt, les encourageant au respect du calendrier électoral de 2022, sachant que l'année prochaine, une présidentielle, des législatives et des municipales sont prévues.
Profonde préoccupation
Selon un communiqué de l'ONU, Mme Rochdi a exprimé "sa profonde préoccupation concernant la crise socio-économique et financière au Liban, qui continue de se détériorer depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité en novembre, affectant la sécurité et la stabilité du pays".
Notant "la montée des manifestations et la désillusion ressentie par une majorité de Libanais", Najat Rochdi a affirmé que les responsables libanais "doivent agir urgemment pour arrêter la crise qui s'approfondit et assurer une bonne gouvernance".
L'ONU salue le rôle de l'armée
Les membres du Conseil de sécurité étaient pour leur part d'accord sur le fait que "les forces politiques libanaises doivent immédiatement faciliter la formation d'un gouvernement entièrement capable d'entreprendre les réformes nécessaires pour remettre le Liban sur la voie du redressement et regagner la confiance de la population et la communauté internationale".
Le Conseil a dans ce contexte salué "le rôle joué par l'armée libanaise et les forces de sécurité dans la protection de la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban (...), malgré le fait qu'elles soient elles aussi impactées par la crise socio-économique". Ces propos font écho à l'appel du commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, qui avait alerté sur l'impact de la crise économique sur la troupe et avait demandé aux dirigeants d'agir à cet effet.
Jeudi, le Premier ministre désigné Saad Hariri s'était entretenu au palais présidentiel de Baabda avec le chef de l'État Michel Aoun, dans une tentative de débloquer la formation du gouvernement. Cet entretien intervenait au lendemain d'une passe d'armes entre les deux hommes, qui s'accusent mutuellement de retarder la formation du cabinet. Une autre réunion est prévue lundi. La formation du gouvernement est une condition sine qua non pour le déblocage d'une assistance financière internationale. Face à cette impasse politique et l'effondrement record de la monnaie nationale, de nombreux Libanais manifestent à nouveau dans les rues depuis plusieurs semaines, dans une sorte de regain de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre la classe dirigeante.
commentaires (5)
Nos politiciens n'ont que faire de ces déclarations du conseil de sécurité, Jamais le chaos n’a été aussi grand et l’imbroglio politique aussi surréaliste ... pourtant ils s'obstinent à rester au pouvoir . Il serait temps que la communauté internationale prenne des mesures au niveau du porte feuille , c'est à dire là où cela fait mal ... Cette nomenklatura qui vit dans les villas et les appartements luxueux, dispose de biens importants à l’extérieur du pays, ne devrait pas se sentir en sécurité ... Il faut que l'on arrive à briser cette résistance passive et volontaire qui consiste principalement à s'abstenir d'agir ou à refuser toute initiative..et c'est là que devrait intervenir la communauté des nations.
C…
15 h 07, le 19 mars 2021