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Politique - Interview express

Pierre Issa : La neutralité du Liban est dans notre ADN

Le secrétaire général du Bloc national affirme le soutien de son parti aux positions du patriarche maronite, assurant que « les tentatives de récupération ne réussiront plus ».

Pierre Issa : La neutralité du Liban est dans notre ADN

Pierre Issa. Photo d’archives Hassan Assal

Quelle est votre lecture des mouvements de contestation de ces derniers jours ?

Comme depuis le début du mouvement de contestation du 17 octobre, les partis communautaires mobilisent la masse critique dans la rue afin de créer un élan populaire qui finit par les dépasser. Malgré cela, ces partis, appartenant autant aux camps du 8 que du 14 Mars, ont besoin de recréer sans cesse cette fracture verticale en vue de mobiliser leurs troupes. Ce qui ne veut en aucun cas dire que la souffrance exprimée par la population n’est pas réelle, puisque même le public de ces partis souffre. Mais ces derniers continuent de mobiliser leurs partisans dans la rue, à mon avis pour ne pas perdre leur audience. Ils se répondent entre eux, comme lorsque des rassemblements ont eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth pour créer un pendant aux fermetures des routes dans d’autres régions, ou lorsque les Forces libanaises tentent de récupérer le public perdu par le Courant patriotique libre. Or, pour moi, ils sont tous finis, bien que la communauté internationale continue de s’adresser à eux, n’ayant pas d’autre interlocuteur.

Justement, que font les partis et groupes de la contestation pour se présenter comme alternative ?

Quand on parle de contestation, il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’un groupe organisé ou d’un parti politique. C’est un état d’esprit des Libanais, un ras-le-bol exprimé par la population. Ce ne sont que les partis politiques qui peuvent constituer une alternative pour les citoyens et des interlocuteurs pour la communauté internationale. Or, cela fait 45 ans que les partis communautaires dominent l’espace public, les institutions constitutionnelles, les administrations et même les corps intermédiaires tels les syndicats et les ordres… Un an, ce n’est pas de trop pour qu’une opposition s’organise et devienne une option pour le public. Jusque-là, dans l’opposition, il y avait surtout des groupes de revendication en faveur d’une cause ou une autre. Sans compter que les partis communautaires, qui continuent de détenir tous les pouvoirs ainsi que des connexions régionales et internationales, s’opposent de toute leur force à l’émergence de cette opposition. Ce laps de temps n’est donc pas suffisant pour changer le rapport de force, d’autant plus que la misère dans le pays est atroce et que nous traversons une étape de grandes manœuvres dans la région. La cause de la frustration, ce n’est pas le retard dans l’émergence de l’opposition, puisque le rythme de celle-ci est au contraire rapide quand on pense qu’elle était absente durant 50 ans.

Pourquoi le Bloc national a-t-il donné l’impression de prendre ses distances par rapport aux propositions du patriarche maronite ?

Nous n’avons certainement pas pris nos distances par rapport à l’appel du patriarche Béchara Raï, ni en ce qui concerne la neutralité du Liban ni la tenue d’une conférence internationale, bien que nous ayons fait l’objet d’une campagne qui prétend le contraire. Et ça n’aurait pu être autrement, puisque la neutralité est une des recommandations du BN depuis sa fondation, elle est pratiquement dans notre ADN. Et pour ce qui est de la conférence internationale, notre position a toujours été de recourir à la légalité internationale quand la légalité nationale ne fait pas son travail envers le peuple libanais. Et, outre le fait que nous avons appuyé les positions du patriarche, nous lui avons demandé, à la veille du rassemblement du 27 février à Bkerké, d’ôter toute couverture à quelque homme politique que ce soit. Et en effet, dans son discours ce samedi-là, il a appuyé toutes les revendications du 17 octobre et s’est désolidarisée de tous les partis politiques quand il a appelé le peuple à ne plus se taire.

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Mais en ce qui concerne le rassemblement de soutien en lui-même, deux points n’étaient pas clairs pour nous : qui avait lancé cette invitation, étant donné qu’elle ne provenait pas de Bkerké ; et qui finançait toute la campagne qui l’a accompagnée ? Nous avons donc donné la liberté à nos partisans d’y participer sans que le parti n’y soit représenté. Et le rassemblement a effectivement pris une tournure de toute évidence sectaire, et la réponse est venue le soir même de la banlieue sud avec un rassemblement parallèle. Or, pendant ce temps-là, aux élections des professeurs à l’Université libanaise, le Hezbollah, Amal, le Futur, le Parti socialiste progressiste, les FL et le CPL s’alliaient contre les candidats indépendants… Il y avait donc eu une tentative de récupération des positions du patriarche, mais à mon avis, ces tentatives ne réussiront plus.

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Et pour ce qui est de la conférence internationale, nous sommes conscients qu’en l’état actuel de la région, le Liban n’est pas une priorité. Peut-être mieux vaut qu’elle se tienne à un moment où le pays sera représenté également par des voix libanaises issues du 17 octobre. Pour nous, l’internationalisation du dossier libanais ne signifie en aucun cas une quelconque intervention armée, mais une aide internationale pour une gestion indépendante de l’organisation des futures élections.

Quelle est votre lecture des mouvements de contestation de ces derniers jours ?
Comme depuis le début du mouvement de contestation du 17 octobre, les partis communautaires mobilisent la masse critique dans la rue afin de créer un élan populaire qui finit par les dépasser. Malgré cela, ces partis, appartenant autant aux camps du 8 que du 14 Mars, ont besoin de recréer sans cesse cette...

commentaires (1)

Mais Monsieur si la neutralité est l’ADN de notre pays, pourquoi on n’a pas entendu ces voix s’élever contre le HB qui est le,premier à mêler le Liban aux conflits internationaux? Pourquoi vous voulez savoir qui finance ce mouvement de contestation lorsque vous avez des vendus qui sont payés oar l’étranger et le déclare haut et fort pour détruire le pays sans que cela ne choque personne? Tant de questions à poser aux sujets de tous ces partis prétendus libanais et patriotiques qui ne daignent pas dénoncer l’occupation du pays par une milice armée mais trouvent soudainement le courage de contester les décisions courageuses du Patriarche ou de n’importe qui d’autre lorsqu’il s’agit de sauver notre pays. Avec ça vous voulez nous convaincre de votre bonne foi? Tous les libanais honnêtes devraient se rassembler et œuvrer pour que ce pays retrouve sa souveraineté sans condition aucune, le temps n’est pas à la tergiversation, notre pays se meurt et il faut le sauver. Point à la ligne

Sissi zayyat

13 h 08, le 11 mars 2021

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Commentaires (1)

  • Mais Monsieur si la neutralité est l’ADN de notre pays, pourquoi on n’a pas entendu ces voix s’élever contre le HB qui est le,premier à mêler le Liban aux conflits internationaux? Pourquoi vous voulez savoir qui finance ce mouvement de contestation lorsque vous avez des vendus qui sont payés oar l’étranger et le déclare haut et fort pour détruire le pays sans que cela ne choque personne? Tant de questions à poser aux sujets de tous ces partis prétendus libanais et patriotiques qui ne daignent pas dénoncer l’occupation du pays par une milice armée mais trouvent soudainement le courage de contester les décisions courageuses du Patriarche ou de n’importe qui d’autre lorsqu’il s’agit de sauver notre pays. Avec ça vous voulez nous convaincre de votre bonne foi? Tous les libanais honnêtes devraient se rassembler et œuvrer pour que ce pays retrouve sa souveraineté sans condition aucune, le temps n’est pas à la tergiversation, notre pays se meurt et il faut le sauver. Point à la ligne

    Sissi zayyat

    13 h 08, le 11 mars 2021

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