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Société - Contestation

« Le moteur du soulèvement, c’est la douleur de la rue »

Plusieurs militants s’accordent à dire que la révolte populaire ne s’est pas éteinte et que de nouvelles manifestations pourraient avoir lieu, au vu de la dégradation de la situation.

« Le moteur du soulèvement, c’est la douleur de la rue »

Un vrai cri de désespoir mardi dans les rues. Ici à la place des Martyrs. Photo Marc Fayad

Après l’explosion de colère de mardi soir, faut-il s’attendre à une reprise des manifestations, au même rythme qu’au début du soulèvement du 17 octobre 2019? La rue, qui n’avait pas protesté avec une telle force depuis plusieurs mois, s’est réveillée lorsque le dollar a atteint le taux symbolique de 10 000 livres libanaises sur le marché noir. De Tyr au Akkar, en passant par Nabatiyé, Saïda, Kfarhim, Beyrouth et sa banlieue sud, mais aussi dans la Békaa, à Jbeil, Batroun, Tripoli et le Koura, c’est le même cri de désespoir et de ras-le-bol qui a été lancé contre la classe politique, accusée d’être à l’origine de la crise dans laquelle le pays est plongé depuis plus d’un an et demi. Des pneus et des ordures ont été brûlés un peu partout dans le pays, de nombreuses routes ont même été coupées pendant plusieurs heures. Les manifestations se sont également poursuivies hier, notamment à Tripoli, Beyrouth ou sur l’autoroute menant vers le Sud. Un mouvement qui n’est pas sans rappeler les premières protestations qui ont lancé le soulèvement populaire en 2019.

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« Ce n’est pas parce que les manifestations avaient cessé pendant un moment que le soulèvement populaire n’existe plus », indique Samir Skaff, journaliste et militant de la première heure, qui explique que « le rythme des protestations change en fonction des jours, tout simplement ». « Les gens manifestent depuis plus d’un an, ils ne peuvent pas non plus passer tout le temps dans la rue », ajoute-t-il. « Le moteur du soulèvement, c’est la douleur de la rue », indique en outre M. Skaff, qui estime que « la thaoura ne s’est jamais éteinte » et que les manifestations sont désormais « appelées à se multiplier », en raison de la dégradation continue de la situation.

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Même son de cloche du côté de Ziyad Sayegh, expert en politique publique et activiste au sein du Front civique national, qui estime que le soulèvement populaire « ne s’est jamais arrêté ». « La thaoura, ce ne sont pas uniquement des manifestations sur le terrain. Certains ont considéré que la thaoura était morte car on ne protestait plus autant dans la rue, mais nous sommes passés aujourd’hui à une étape de lutte politique et démocratique », assure M. Sayegh, dont la formation regroupe 60 groupes de la société civile ainsi que plusieurs intellectuels et de nombreux Libanais de la diaspora qui coordonnent leurs actions sur le terrain ainsi que dans les coulisses.


Des protestataires brûlant des pneus et des ordures mardi, à Béchara el-Khoury, à Beyrouth. Photo João Sousa


Risque de « chaos sécuritaire »

Samir Skaff révèle par ailleurs que les groupes qui ont repris les protestations cette semaine, du nord au sud du pays, sont les mêmes que ceux qui ont pris part au soulèvement du 17 octobre. « De temps en temps, de nouvelles personnes nous rejoignent sur le terrain de manière spontanée », indique-t-il, tout en mettant en garde contre le « risque de chaos sécuritaire » qui guette le pays. « Les responsables libanais ont perdu toute légitimité populaire ou internationale. Il nous faut une nouvelle classe politique, sinon la situation risque de déraper sur le terrain », met-il en garde. Quant à la participation de dizaines d’habitants de la banlieue sud, fief du Hezbollah, aux manifestations de mardi, Ziyad Sayegh explique que le public du parti chiite, opposé depuis le début à la thaoura, « est également en train de souffrir, tout comme le reste des Libanais ». « Les gens qui manifestent sont issus de toutes les régions et de toutes les confessions. Ils sont unis par leur volonté de rétablir l’État », analyse-t-il. « La banlieue sud de Beyrouth concentre beaucoup de misère et ses habitants souffrent de nombreuses privations, explique pour sa part Mohammad Awad, militant et journaliste. Si les partis au pouvoir dans la banlieue sud essayent d’effectuer une récupération politique de cette situation, ils se heurteront sûrement à la détérioration grandissante de la situation économique et sociale, d’autant plus que les habitants de la région savent très bien qui contrôle la banlieue sud. »

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« Quiconque parie encore sur la capacité des partis à tenir la rue en laisse se berce d’illusions. La décision est désormais entre les mains des manifestants, qui considèrent qu’ils n’ont plus rien à perdre. La prochaine phase sera celle des grandes protestations, car les partis ne maîtrisent plus rien et les citoyens ont perdu leurs illusions », indique encore M. Awad.

Pour Ziyad Sayegh, la reprise des manifestations sert avant tout à affirmer que les Libanais n’ont pas baissé les bras. « Nous sommes les victimes d’un crime organisé. Nous voulons que la communauté internationale sache que nous n’acceptons pas le statu quo actuel comme certains le pensent. Nous avons toujours été présents et nous ne lésinerons pas sur nos demandes », indique cet activiste.

Plus pessimiste, Nour el-Dine Nour el-Dine, analyste et militant politique, considère que la rue ne retrouvera pas l’entrain des premiers jours. « Nous sommes au bord de l’explosion sociale, du fait de la détérioration des conditions de vie à tous les niveaux », met-il en garde. « Je crois que ce qui s’est passé mardi n’est rien d’autre qu’une conséquence naturelle du chemin dans lequel le pays s’est engagé depuis le 17 octobre 2019. Mais il y a fort à parier que les mouvements à venir ne seront pas de la même ampleur qu’au début de la révolte, car la rue libanaise a sombré dans le désespoir », estime-t-il.

Après l’explosion de colère de mardi soir, faut-il s’attendre à une reprise des manifestations, au même rythme qu’au début du soulèvement du 17 octobre 2019? La rue, qui n’avait pas protesté avec une telle force depuis plusieurs mois, s’est réveillée lorsque le dollar a atteint le taux symbolique de 10 000 livres libanaises sur le marché noir. De Tyr au Akkar, en passant...

commentaires (2)

Les six millions de libanais doivent se donner RV pour chasser les fossoyeurs du pays et les voleurs de leurs rêves, après les avoir dépouillé de tout. Les FSI prendront leur s jambes à leur cou pour éviter d’être lynchés et de subir le même sort que les rebelles du début du soulèvement. Ainsi les instituts publiques seraient récupérées et protégées par les citoyens pour y installer des politiciens responsables dignes de ce nom et de notre pays.

Sissi zayyat

15 h 14, le 04 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Les six millions de libanais doivent se donner RV pour chasser les fossoyeurs du pays et les voleurs de leurs rêves, après les avoir dépouillé de tout. Les FSI prendront leur s jambes à leur cou pour éviter d’être lynchés et de subir le même sort que les rebelles du début du soulèvement. Ainsi les instituts publiques seraient récupérées et protégées par les citoyens pour y installer des politiciens responsables dignes de ce nom et de notre pays.

    Sissi zayyat

    15 h 14, le 04 mars 2021

  • LE SOULEVEMENT DOIT DEVENIR UN TSUNAMI GIGANTESQUE QUI EMPORTERAIT TOUTES LES CLIQUES MAFIEUSES D,ALIBABAS ET DE MERCENAIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 57, le 04 mars 2021

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