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Société - Covid-19

L’épidémie se propage de nouveau au Liban, mais de manière inégale

Selon les chiffres de la commission nationale chargée de suivre le coronavirus, ce sont les régions qui ne se sont pas conformées au bouclage qui connaissent un pic important des cas.

L’épidémie se propage de nouveau au Liban, mais de manière inégale

Dans les régions où les mesures de confinement ont été peu respectées, les cas de Covid-19 sont repartis à la hausse. AFP / Anwar Amro

Avec une moyenne de 3 100 cas de Covid-19 par jour et des hôpitaux à la limite de leur capacité d’accueil, le Liban est loin d’être sorti de l’auberge. La situation reste précaire et inquiétante avec le déconfinement qui se poursuit et à l’approche d’une nouvelle série d’occasions prêtant aux rassemblements et par conséquent à un risque accru de transmission du coronavirus : les fêtes de Pâques selon les calendriers grégorien et julien, le mois du jeûne de ramadan et le Fitr.

« La courbe de contaminations est, depuis le 6 février, en plateau avec des chiffres qui fluctuent autour de 3 100 au quotidien », explique à L’Orient-Le Jour Nabil Rizkallah, membre de la commission nationale chargée de suivre le Covid-19. « Les chiffres sont stables parce que seules les personnes qui présentent des symptômes ou celles qui ont été en contact avec une personne dont la contamination au virus a été prouvée se font dépister, poursuit-il. Le taux de positivité sur une semaine reste tout autant élevé. Il oscille autour de 19 %, en raison d’un nombre faible de tests PCR au quotidien. » L’Organisation mondiale de la santé recommande de tester dix personnes dans l’entourage de chaque personne détectée positive pour un meilleur contrôle de l’épidémie, puisque cette mesure permet d’identifier les cas asymptomatiques. Dans le cas du Liban, cela se traduirait par au moins 31 000 tests au quotidien. Or, aujourd’hui, autour de 20 000 tests sont réalisés quotidiennement.

M. Rizkallah souligne que depuis une vingtaine de jours, ce nombre a augmenté de près de 27 % par jour, puisque cette mesure est exigée dans le cadre du déconfinement. De fait, tous les employés des secteurs concernés par la réouverture étaient appelés à se faire tester. « Mais parallèlement, les cas positifs ont augmenté de près de 23 %, constate-t-il. Ce qui signifie que l’infection est en train de regagner du terrain. Une augmentation du nombre des tests aurait dû être accompagnée d’une baisse du taux de positivité, d’autant que des personnes asymptomatiques se font tester. » Or ce n’est pas le cas. « L’épidémie se propage donc de nouveau, mais d’une manière inégale selon les régions, déplore-t-il. Le danger se présente surtout dans celles qui ne se sont pas conformées aux mesures de bouclage. »

Selon les derniers chiffres de la commission nationale chargée de suivre le Covid-19, du 23 février au 8 mars, le caza de Nabatiyé est celui où l’épidémie se propage le plus avec une moyenne de 104 nouveaux cas pour 100 000 habitants, contre 73 cas pour 100 000 habitants du 1er au 14 janvier. Il est suivi par les cazas de Tyr (88 cas contre 64 en janvier), Aley (82 cas contre 89), Saïda (63 cas contre 49), et Baalbeck (60 cas contre 23). « Ces chiffes montrent que les régions qui ne se sont pas conformées au bouclage observent un important pic de l’épidémie, constate M. Rizkallah. Si cette tendance se poursuit, elles connaîtront un désastre sanitaire durant le mois de ramadan. »

Les régions où une importante baisse a été observée sont Batroun avec 25 cas pour 100 000 habitants du 23 février au 8 mars contre 100 cas du 1er au 14 janvier, le Metn (28 cas contre 119), Kesrouan (36 cas contre 123 en janvier), Beyrouth (41 cas contre 83), Koura (48 cas contre 103) et Zghorta (51 cas contre 118). « Le respect du bouclage et la peur suscitée par l’augmentation des cas après les fêtes et les décès qui s’en sont suivis ont aidé à ralentir la propagation de l’épidémie dans ces régions », observe M. Rizkallah.



Éviter le pire

Pour éviter que les images des patients en quête d’un lit à l’hôpital observées en janvier au lendemain des fêtes de fin d’année ne se répètent, la commission nationale chargée de suivre le Covid-19 a émis deux recommandations. La première consiste à augmenter le nombre de lits dans les unités de soins intensifs dédiés au Covid-19 pour qu’ils dépassent les 2 000 contre 1 141 actuellement, ainsi que dans les chambres ordinaires qui comptent actuellement 2 144 lits. La seconde prône une meilleure organisation de la réponse communautaire au Covid-19 « qui a d’ailleurs été très efficace en janvier », note M. Rizkallah. « Par ailleurs, la commission va mener une étude sur le flux dans les unités de soins intensifs consacrées au Covid-19, notamment durant la période qui a suivi les fêtes, ajoute-t-il. Cela permettra au secteur hospitalier de mieux se préparer pour la prochaine période qui risque d’être très critique. »

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Selon le bilan d’hier du ministère de la Santé, 2 353 patients sont hospitalisés, dont 936 en soins intensifs. « Nous ne sommes pas encore sortis de la zone de danger, déplore M. Rizkallah. Il est important donc d’identifier les raisons pour lesquelles le nombre des cas hospitalisés ne baisse pas et de connaître le profil de ces patients. Cela permettra d’améliorer la stratégie de vaccination pour qu’elle soit mieux ciblée et plus efficace, mais aussi la stratégie de lutte contre l’épidémie. Malheureusement, le ministère de la Santé ne nous a pas encore fourni les données nécessaires pour cette étude. »

L’expert cite à ce niveau deux études. La première a été effectuée en Israël, où 54 % de la population a reçu la première dose et 42 % la seconde à ce jour, selon le protocole suivi actuellement dans les différents pays et qui consiste à immuniser en priorité le personnel soignant et les personnes âgées de plus de 75 ans. « Malgré cela, les unités de soins intensifs dans les hôpitaux israéliens sont restées saturées, observe-t-il. Cette étude a montré que les patients âgés de plus de 75 ans et admis en unités de soins intensifs mouraient au bout de quelques jours. Par contre, ceux qui sont âgés entre 45 et 65 ans, surtout les hommes, y étaient admis pendant plusieurs semaines. De plus, ce sont les patients appartenant à cette tranche d’âge n’ayant pas encore été vaccinés qui étaient admis en grand nombre aux soins intensifs. Une étude similaire menée au Royaume-Uni a abouti pratiquement aux mêmes conclusions. » Des données qui doivent permettre de changer l’approche vaccinale dans les pays.

En attendant que le processus de vaccination s’accélère et pour éviter un nouveau bouclage renforcé, la commission nationale chargée de suivre le Covid-19 pourrait recommander un retour au bouclage localisé selon le niveau d’alerte des régions. Des mesures renforcées pourraient également être préconisées ponctuellement pour la période des fêtes de Pâques et du mois de ramadan qui représentent un risque accru pour l’épidémie.

Avec une moyenne de 3 100 cas de Covid-19 par jour et des hôpitaux à la limite de leur capacité d’accueil, le Liban est loin d’être sorti de l’auberge. La situation reste précaire et inquiétante avec le déconfinement qui se poursuit et à l’approche d’une nouvelle série d’occasions prêtant aux rassemblements et par conséquent à un risque accru de...

commentaires (3)

Nous au nord de l'Italie nous sommes rentrés en zone rouge , je sais des TV occidentales que tous prennent des leçons d'Israël ......

Eleni Caridopoulou

17 h 43, le 11 mars 2021

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Commentaires (3)

  • Nous au nord de l'Italie nous sommes rentrés en zone rouge , je sais des TV occidentales que tous prennent des leçons d'Israël ......

    Eleni Caridopoulou

    17 h 43, le 11 mars 2021

  • L’épidémie se propage à nouveau? Parce qu’elle avait arrêté de se propager peut être. Ils confinent et déconfinent en fonction de leurs intérêts. Comment voulez-vous que ce pays devienne un pays développé avec une équipe de bras cassés et d’incompétents qui le dirigent et regardent leurs intérêts en premier alors que gouverner suppose avoir des gens compétents et honnêtes pour sortir des crises qu’un pays peut être amené à traverser. PARTOUT DES NULS QUI NE FONT QUE L’ENFONCER DANS LA MOUISE À CHAQUE ÉVÉNEMENT TRAGIQUE QUE RENCONTRE CE PAYS ET ILS SONT TOUJOURS LÀ À VANTER LEURS PROUESSES ALORS QUE DÉTRUIRE NE NÉCESSITE AUCUNE INTELLIGENCE OU COMPÉTENCE. Que font ils encore à leurs postes tous du plus haut titre au plus bas? Dans un pays démocratique cela ne se serait jamais produit. Tous dehors, bande d’incapables.

    Sissi zayyat

    11 h 15, le 11 mars 2021

  • Enfin un article qui explique clairement les cas de contamination en fonction des régions. Ce travail pédagogique aurait du être effectué par le technocrate de la santé qui doit sans doute être occupé par d’autres événement plus graves que le Covid

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 45, le 11 mars 2021

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