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Santé - Covid-19

Technique de vaccination : les bonnes pratiques et les autres

Les campagnes de vaccination contre le SARS-CoV-2 se poursuivent un peu partout dans le monde. Ce qui soulève plusieurs interrogations quant à la bonne technique d’injection. « L’Orient-Le Jour » fait le point.

Technique de vaccination : les bonnes pratiques et les autres

Le vaccin Pfizer doit être injecté par voie intramusculaire en tendant fermement la peau entre l’index et le pouce, l’aiguille devant être introduite de façon perpendiculaire, et non tangentielle, dans le muscle. Photo João Sousa

Face à une pandémie qui continue de progresser de manière fulgurante et à un rythme effréné, des campagnes de vaccination sont déployées à grande échelle dans différents pays dans l’espoir de remettre le statu quo sanitaire sur de bons rails. La partie est toutefois loin d’être gagnée. En effet, plusieurs bémols ont été soulevés par la presse européenne qui évoque, depuis quelques semaines, des couacs signalés dans la technique de vaccination. Une nouvelle qui n’a pas manqué d’alimenter, sur le Vieux Continent et au-delà, des rumeurs sur la mauvaise administration du vaccin. Comment faut-il injecter ? Quel genre d’aiguille faut-il utiliser ? Les recommandations internationales sont-elles bel et bien respectées au Liban où les autorités sont souvent fustigées pour une insuffisante et déplorable gestion des affaires publiques ? Autant de questions requérant des réponses claires pour contrecarrer l’écho des rumeurs qui cavalent depuis l’intrusion intempestive du commun dans le domaine réservé de la médecine et de la recherche scientifique.

Faux sentiment de sécurité

Vers la fin décembre, la planète a donné le coup d’envoi à la campagne de vaccination contre le SARS-CoV-2. Depuis, les photos de personnes se faisant vacciner ont envahi les réseaux sociaux. Et c’est justement en consultant certaines photos que le neurologue américain Thomas Bates a remarqué de nombreux cas dans lesquels le vaccin est administré en pinçant la peau, c’est-à-dire en sous-cutané. Bates avait alors déclaré à NBC Miami qu’injecter le vaccin dans la couche graisseuse sous-cutanée, plutôt que dans le muscle deltoïde au niveau de l’épaule, rendrait le vaccin inefficace : « Je détesterais vraiment non seulement voir des gens ne pas se faire vacciner, mais aussi qu’une mauvaise vaccination donne un faux sentiment de sécurité. » Thomas Bates a, dès lors, diffusé sur les réseaux sociaux, sous le hashtag  #DoNotSqueezeMyArm (Ne me comprime pas le bras) des indications pour que le vaccin soit correctement administré, c’est-à-dire par une injection intramusculaire. Ces dernières rejoignent les directives du laboratoire Pfizer qui précise dans la notice explicative de son vaccin que son produit est à injecter « par voie intramusculaire dans le muscle deltoïde après dilution », et ceci en tendant fermement la peau entre l’index et le pouce sans faire de pli cutané, l’aiguille devant être introduite de façon perpendiculaire, et non tangentielle, dans le muscle. La compagnie américaine met en garde également contre l’injection de « ce vaccin par voie intravasculaire (dans les vaisseaux sanguins), sous-cutanée (dans la couche de graisse sous la peau) ou intradermique (dans le derme) ».

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Le conseiller du ministre sortant de la Santé, Mohammad Haïdar, se veut rassurant. « L’erreur qui a été commise dans certains centres en Europe et aux États-Unis se trouvait dans l’utilisation des aiguilles destinées à des injections sous-cutanées, explique-t-il à L’Orient-Le Jour. Au Liban, afin d’éviter toute erreur, le ministère de la Santé s’est chargé de distribuer à tous les centres de vaccination les seringues et aiguilles adaptées à une injection intramusculaire stricte. »

Effectivement, en contactant divers centres à Beyrouth et au Mont-Liban, les responsables ont affirmé avoir reçu un matériel standardisé du ministère, et une formation à la technique de dilution et d’injection du vaccin par Pfizer. Par ailleurs, selon le Dr Georges Ghanem, directeur médical du Centre médical de l’Université libano-américaine – hôpital Rizk, il est nécessaire de « former rapidement tous les professionnels de santé, notamment les pharmaciens, afin de pouvoir vacciner le plus grand nombre de personnes, surtout avec l’arrivée des nouveaux vaccins qui ne nécessitent pas des conditions de stockage particulières ». Le Dr Nagi Abi Rached, directeur médical de l’hôpital libanais Geitaoui, estime, quant à lui, qu’il « serait préférable que tous les vaccins contre le Covid-19 soient administrés par un personnel rodé, dans des centres hospitaliers équipés, afin de pouvoir intervenir en cas de réaction allergique grave au vaccin ».

Double immunité

La présidente du syndicat des biologistes au Liban, Myrna Germanos, spécialiste en hématologie et immunologie biologique, rappelle que de nombreux vaccins peuvent être indifféremment administrés en intramusculaire ou en sous-cutané. « Pour le vaccin de Pfizer-BioNTech utilisé au Liban, le fabricant conseille spécifiquement la voie d’administration intramusculaire, dit-elle à L’OLJ. Son efficacité pourrait donc être relativement diminuée s’il était injecté en sous-cutané en raison d’une possible diffusion dans la couche graisseuse. Celle-ci n’est toutefois pas très importante au niveau de l’épaule. » Elle ajoute que de récentes publications scientifiques jettent une nouvelle lumière sur le rôle des cellules immunitaires, et plus précisément des lymphocytes T (c’est-à-dire l’immunité cellulaire), dans le renforcement de l’immunité dite humorale, médiée par les anticorps qui seront fabriqués dans les deux semaines qui suivront la vaccination. Ces anticorps ont pour rôle de neutraliser les protéines de spicule présents à la surface du virus. Cette double immunité génère, selon un article publié en septembre 2020 dans Cell, une protection qui est la plus proche de la réponse immunitaire antivirale observée en postinfection naturelle par le SARS-CoV-2.

Et Mme Germanos de rassurer : « Il n’y a aucune raison d’avoir peur, d’autant plus que le vaccin sera administré en deux temps. La seconde dose déclenchera une explosion immunitaire robuste avec une production rapide d’une quantité bien plus importante d’anticorps grâce à nos cellules mémoires. »

Face à une pandémie qui continue de progresser de manière fulgurante et à un rythme effréné, des campagnes de vaccination sont déployées à grande échelle dans différents pays dans l’espoir de remettre le statu quo sanitaire sur de bons rails. La partie est toutefois loin d’être gagnée. En effet, plusieurs bémols ont été soulevés par la presse européenne qui évoque, depuis...

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