
Le rassemblement de Bkerké : sous le signe de la neutralité. Anwar Amro/AFP
C’est ce matin que reprendra, sauf contretemps de dernière minute, le dialogue entre le siège patriarcal maronite et le Hezbollah, à travers le comité bipartite… « En tête de nos demandes, la neutralité du Liban par rapport aux conflits régionaux et internationaux. Le patriarche aurait préféré que cela fasse l’objet d’un consensus interne, et il a tenté à diverses reprises d’en convaincre ses partenaires nationaux. Mais, à défaut, il n’hésitera pas – si nécessaire – à recourir à une conférence internationale sous l’égide de l’ONU, comme il l’a annoncé ! » C’est en ces termes que s’est exprimé hier, à la veille de la reprise du dialogue, Harès Chéhab, membre du comité bipartite chargé, avec Mgr Samir Mazloum, vicaire patriarcal maronite, de ce dialogue.
La délégation de Bkerké rencontrera ce matin deux membres du bureau politique du Hezbollah, Mohammad Saïd Khansa et Moustapha Hage Ali. À l’ordre du jour, une revue des grandes lignes du discours prononcé par le patriarche à Bkerké le 27 février, qui conditionne la démocratie et la prospérité du Liban à l’inscription de la neutralité dans ses textes constitutionnels.
« La rencontre sera marquée par la franchise la plus totale, et nous ne ménagerons aucun effort pour aider le Hezbollah à comprendre l’attitude de Bkerké », assure M. Chéhab. Et de suggérer que le patriarche est conscient que si la neutralité du Liban est de l’ordre des fins, une conférence internationale sous l’égide de l’ONU reste de l’ordre des moyens, et qu’il est de son devoir de ne pas cesser d’espérer que cette transition se fasse grâce à un consensus interne.
« Nous savons qu’il ne peut pas y avoir d’accord idéologique avec le Hezbollah, ajoute M. Chéhab. Mais nous lui demandons de comprendre que le Liban ne peut continuer sa plongée dans le vide. Le peuple a faim et les dirigeants politiques, toutes tendances confondues, ont failli à leurs promesses. Cela ne peut continuer. »
« D’ailleurs, qu’on le veuille ou non, conclut M. Chéhab, la crise a déjà revêtu un volet international. Nous avons besoin de réformes pour reconstruire le Liban sur tous les plans, et offrir à nos enfants une patrie où il fera bon vivre, d’étudier et de construire un avenir. Et nous savons que seule une aide de la communauté internationale peut rendre cet avenir possible, car cette aide ne saurait arriver avant la réalisation des réformes demandées. »
Convocation de l’ambassadeur iranien
Signalons par ailleurs que, convoqué par le ministre des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, pour s’expliquer au sujet des accusations diffamatoires que la chaîne iranienne al-Aalam s’est autorisée à proférer contre le patriarche maronite, après son discours du 27 février, l’ambassadeur d’Iran au Liban, Mohammad Jalal Firouznia, ne s’est pas rendu hier au rendez-vous qui lui a été fixé. Le diplomate a justifié sa décision par le fait, rapporte une source proche de l’ambassadeur, que le terme « convocation » ne se justifie plus, la chaîne al-Aalam s’étant excusée. Sans compter que ces excuses ont été transmises et acceptées par le chef de l’Église maronite, selon la source. Après ces explications, un nouveau rendez-vous sera fixé au diplomate, apprend-on, sans préjuger du langage diplomatique qui sera utilisé.
Il faut leur dire surtout : KHODAFEZ
13 h 44, le 10 mars 2021