C’est ce que révèle une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux durant le week-end écoulé. On y voit des jeunes rassemblés dans la rue de la banlieue sud de Beyrouth affichant leur colère contre le pouvoir en place. Un des manifestants lance : « Allons à Baabda ! » Une façon d’imputer la responsabilité de la crise au président de la République Michel Aoun, dans ce qui ne peut être interprété que comme le résultat de la polarisation politique et des rapports en dents de scie entre le chef de l’État et le président de la Chambre Nabih Berry. Même si un proche du chef d’Amal assure à L’Orient-Le Jour que la formation n’a pris aucune décision de prendre part aux manifestations. « Mais nous comprenons la colère des gens à l’heure où le pays s’effondre », nuance-t-il.
Près de sept mois après la démission du gouvernement de Hassane Diab, dans la foulée de la tragédie du 4 août au port de Beyrouth, rien ne prête à croire que le Premier ministre désigné Saad Hariri parviendra à former « le gouvernement de mission » souhaité par la communauté internationale, pour que soient engagées les réformes qui pousseraient les donateurs à débloquer les fonds promis au pays.
Sauf que l’impasse actuelle signifie que le cabinet Diab devrait continuer à expédier les affaires courantes sine die, alors que les protestataires lui imputent, entre autres, la responsabilité du chaos actuel. Dans une tentative d’absorber la grogne populaire, le Premier ministre démissionnaire a donc jeté un pavé dans la mare. Dans un message adressé à la nation, samedi, Hassane Diab a déclaré sans ambages : « Je suis disposé à m’abstenir de remplir mes fonctions si cela contribue à la formation d’un gouvernement, même si cela va à l’encontre de mes convictions. »
Contrairement à ce qu’aurait espéré le Premier ministre démissionnaire, sa démarche ne semble pas avoir atteint le but fixé. Dans une déclaration accordée hier à la chaîne LBCI, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a appelé au « renflouement du cabinet démissionnaire, en l’absence d’une nouvelle équipe en raison de mauvais calculs ».
La guerre Hariri-CPL
Entre-temps, la querelle opposant le Premier ministre désigné au Courant patriotique libre avait repris de plus belle samedi. Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion hebdomadaire de son conseil politique, le courant aouniste s’en était pris à Saad Hariri, l’accusant d’ « insouciance » au sujet de la formation du cabinet. « Le bureau politique (du CPL) regrette l’insouciance persistante du Premier ministre désigné à l’égard de l’avenir des gens et du pays et lui fait assumer la responsabilité de l’aggravation de la crise, alors qu’il s’abstient de tout effort ou dialogue pour la formation du gouvernement », peut-on lire dans le texte, qui ajoute que M. Hariri « refuse toute action de la part des personnes concernées et ne fait, en contrepartie, que fixer des rendez-vous dans les capitales internationales, comme si le gouvernement se formait à l’étranger et non au Liban ».
commentaires (4)
La rue Chiite ferais mieux de s'occuper de Berri et de Hassan Nasrallah. S'ils veulent montrer leur sérieux, qu'ils rejoignent alors les manifestants a Saida, sur la place des martyrs, le ring, zalka, Antelias, zouk et Tripoli au lieu de les attaquer et leur taper dessus. Qu'ils commencent par réclamer la démissions de leurs députés et demander des élections anticipées. Sinon, il sera clair que Amal et le Hezbollah cherchent simplement un dindon a farcir pour couvrir leurs immenses responsabilités ayant conduits a la situation actuelle. Oui Aoun est responsable, mais ils le sont 10 fois plus alors messieurs les Chiites de la rue, c'est par la qu'il faut commencer. Tous les autres l'ont fais a votre tour!
Pierre Hadjigeorgiou
08 h 24, le 09 mars 2021