Pour le troisième jour consécutif, la colère populaire continuait de gronder jeudi dans les rues du Liban, alors que le pays s'enfonce de plus en plus dans une grave crise économique qui se traduit notamment par une dépréciation record de la livre libanaise, au plus près des 10.000 livres libanaises pour un dollar.
Dès la matinée, des protestataires ont bloqué plusieurs autoroutes, du Nord au Sud, en passant par la capitale Beyrouth et la plaine de la Békaa.
"Nous sommes sur le point de mourir"
Vers 15h, dans le centre-ville de Beyrouth, une poignée de contestataires ont fermé la route longeant la place des Martyrs au moyen d'un barrage de pneus enflammés. Des disputes ont éclaté entre certains d'entre eux et des automobilistes excédés qui se sont retrouvés bloqués sur place. La police a alors dévié la circulation vers d'autres artères. Un peu plus loin, la voie rapide du "Ring" a elle aussi été fermée à la circulation par des protestataires. Autre axe majeur bloqué : l'avenue Béchara el-Khoury, où des bennes à ordures et des pneus ont été incendiés, selon notre photographe sur place, João Sousa.
Toujours dans la capitale, des manifestants ont brièvement bloqué la voie publique dans le quartier Mazraa. Dans la banlieue sud de Beyrouth, d'autres manifestants ont fermé à la circulation la voie publique à Ghobeyri, au niveau de l'ambassade du Koweït, cet axe étant le principal accès du côté nord vers l'aéroport de Beyrouth. Dans la banlieue est, des manifestants ont bloqué le croisement dit de "Chevrolet", au niveau de Furn el-Chebbak.
Dans le Metn, des manifestants, dont les rangs grandissaient dans la soirée, ont bloqué l'autoroute au niveau de Jal el-Dib à l'aide de pneus enflammés. Un peu plus loin, au niveau de Dbayé, des protestataires bloquaient le passage. Dans le Kesrouan, l'autoroute a été coupée au niveau de Zouk et de Jbeil.
Au sud de Beyrouth, l'autoroute au niveau de Naamé et du croisement de Jiyeh a elle aussi été bloquée au moyen de pneus en feu, rapporte notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. L'armée a été dépêchée et a tenté de rouvrir cet axe vital, mais les manifestants au niveau de Jiyeh ont maintenu le blocage. La circulation a été déviée vers les routes intérieures, et ce afin d'empêcher toute friction entre les protestataires et les forces de l'ordre. D'autres protestataires ont fermé avec des pneus enflammés la route reliant Zahrani à Nabatiyé, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
À Saïda, des manifestants ont campé dans les rues. "Pas d'essence, pas de mazout, les gens meurent de faim", criait l'un d'entre eux, selon notre correspondant. "Je ne pars pas de là. Nous sommes sur le point de mourir", lançait un autre manifestant par désespoir. "Nous allons recourir à des moyens d'escalade afin qu'on nous entende", menace un autre. "Nous ne pouvons plus rien acheter en raison de l'inflation", ajoute-t-il. En soirée, un rassemblement a également été signalé à Tyr, au niveau de la route menant vers la localité de Abbasiyé, selon notre correspondant.
Dans la Békaa aussi, des manifestants en colère ont érigé des barrages sur les routes de Ferzol et de Rayak-Baalbeck, selon notre correspondante Sarah Abdallah. Depuis le début de la journée, des contestataires ferment également l'autoroute du Nord, au niveau du complexe de Palma, à l'entrée de Tripoli, dans les deux sens de la circulation.
La chute de la livre au cours des derniers jours a provoqué un grand mouvement de colère et des manifestations ont éclaté dans toutes les régions du pays, alors que la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre toute la classe politique semblait s'essouffler, notamment en raison de la pandémie du coronavirus.
Le Liban connaît depuis l'été 2019 une grave crise économique et financière, marquée par la dépréciation de la monnaie nationale et une inflation galopante. Un marasme encore aggravé par les mesures de confinement sanitaire mises en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus et la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, en août de l'année dernière. A ces crises s'ajoute un blocage politique avec l'incapacité des protagonistes à former un gouvernement, depuis près de sept mois.
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AU LIEU DE CAMPER ET DE COUPER LES ROUTES CAMPEZ ET COUPEZ LES ENTREES DES QUARTIERS OU MEME DES MAISONS DES MAFIEUX.
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 45, le 05 mars 2021