
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Photo ANI
Le chef des Forces libanaises, le leader chrétien Samir Geagea, a appelé mercredi les députés à démissionner pour paver la voie à des élections législatives et le chef de l'Etat, Michel Aoun, à céder sa place, au lendemain de manifestations de colère dans tout le pays, au moment où le dollar s'échangeait contre 10.000 livres libanaises, un record absolu dans l'histoire du pays en crise.
"La question essentielle aujourd'hui aux dirigeants, et je veux dire par là le président de la République, le Premier ministre désigné (Saad Hariri), et la majorité parlementaire : Ne voyez-vous pas et ne sentez-vous pas ce qui se passe sur le terrain ?", a lancé M. Geagea, dans un entretien accordé à Radio Liban Libre (RLL). "Comment les dirigeants acceptent-ils de rester en place à l'ombre de tous ces événements et des problèmes actuels ?", s'est encore demandé celui qui se veut le fer de lance de l'opposition au pouvoir.
Législatives anticipées et internationalisation
"Je ne cherche pas à donner de leçon, je m'exprime après quatre ans et demi", s'est défendu Samir Geagea, en allusion à la date de l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République en octobre 2016. Pourtant, le chef des FL avait apporté son soutien au président Aoun, dans le cadre d'un accord politique entre leurs deux partis. Aujourd'hui, M. Geagea affirme avoir fait cela afin d'éviter au pays une plus longue vacance au pouvoir, la première magistrature étant restée inoccupée durant plus de deux ans en raison d'une crise politique.
"Le chemin le plus court vers une sortie de crise sont les élections législatives anticipées et l'internationalisation" du dossier libanais, a encore estimé M. Geagea, alors que le scrutin est prévu à l'été 2022, mais pourrait, selon certains observateurs, être reporté sine die en raison de la crise. Des élections législatives partielles sont censées se tenir le mois prochain pour combler dix sièges laissés vacants après la mort de deux élus, et la démission de huit autres dans la foulée de l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Quant au terme "internationalisation", il renvoie à l'appel du patriarche maronite, Béchara Raï, pour la tenue d'une conférence internationale sous l'égide de l'ONU autour du dossier libanais. Une initiative cautionnée par les Forces libanaises, mais rejetée par le Hezbollah et ses alliés.
"J'appelle le reste des députés à démissionner du Parlement et d'aller vers des législatives anticipées. Avec ces élections, la majorité parlementaire changera, et nous irons vers l'élection d'un nouveau président et la formation d'un nouveau gouvernement", a estimé Samir Geagea. "La solution consiste soit en la démission de la majorité parlementaire et la démission du président de la République, soit la démission du plus grand nombre de députés pour aller vers un scrutin anticipé", a-t-il ajouté.
"Il y a des partisans FL parmi ceux qui manifestaient dans la rue"
Le chef des FL avait laissé planer la menace d'une démission des députés de sa formation après l'explosion du 4 août, mais avait finalement renoncé à un tel choix. S'il affirme soutenir la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre toute la classe politique, ses détracteurs l'accuse de faire partie du système et de vouloir surfer sur la vague de la contestation populaire.
Commentant les manifestations de colère qui se sont propagées dans tout le pays mardi soir, Samir Geagea a affirmé qu'il s'agit de "mouvements populaires spontanés et d'un accès de colère normal en raison de la situation actuelle". "Il y a des partisans FL parmi ceux qui manifestaient dans la rue, car ils font partie des classes qui souffrent, mais les accusations selon lesquelles les FL sont responsables d'avoir mobilisé la rue sont fausses", s'est-il défendu.
Au lendemain de cette nuit de colère, plusieurs routes du pays étaient encore bloquées par des manifestants, alors que d'autres axes ont été rouverts à la circulation par l'armée, sans que des heurts ne soient enregistrés.
La livre libanaise a atteint mardi un plus bas historique sur le marché noir mardi, frôlant les 10.000 livres pour un dollar et suscitant la colère de la rue dans un pays en plein effondrement économique. Officiellement, la monnaie locale reste indexée sur le billet vert au taux de 1.507 livres pour un dollar, observé depuis plus de deux décennies. Mais sur le marché noir, elle connaît depuis l'automne 2019 une dégringolade sans précédent. La crise a été aggravée par la pandémie de coronavirus et l'explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Accusée de corruption tant par la population que par la communauté internationale, la classe politique se trouve dans une impasse et le pays est sans gouvernement depuis bientôt sept mois. Toute aide financière internationale est conditionnée à des réformes.
Le chef des Forces libanaises, le leader chrétien Samir Geagea, a appelé mercredi les députés à démissionner pour paver la voie à des élections législatives et le chef de l'Etat, Michel Aoun, à céder sa place, au lendemain de manifestations de colère dans tout le pays, au moment où le dollar s'échangeait contre 10.000 livres libanaises, un record absolu dans l'histoire du pays en...
commentaires (14)
Opportuniste qui avait aidé , avec ses armes , à la réintégration de la présence syrienne en 1990 et au fameux accord de Taëf qui a été appliqué par ses fondateurs à leur goût et qui nous fait coûter et subir autant de malheurs sur tous les plans : politique , économique , valeurs , et dépendance de la Justice des politiciens . Charité bien ordonnée commence par soi .
Lecteurs OLJ 2 / BLF
13 h 47, le 05 mars 2021