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Moyen-Orient - Enquête

Une plainte visant les attaques chimiques attribuées au régime syrien déposée à Paris

Plus de 1 400 personnes seraient mortes suite aux attaques au gaz sarin commises en août 2013 dans la ville de Douma et la Ghouta orientale.

Une plainte visant les attaques chimiques attribuées au régime syrien déposée à Paris

Des enfants syriens de Douma se faisant traiter, le 12 août 2015, suite aux attaques du régime syrien. Abd Doumany/AFP

Une plainte pour « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre », visant des attaques chimiques perpétrées en 2013 en Syrie et imputées au régime de Bachar el-Assad, a été déposée au tribunal judiciaire de Paris, ont annoncé hier trois organisations non gouvernementales dans un communiqué.

Invoquant la « compétence extraterritoriale » de la justice française, le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), Open Society Justice Initiative (OSJI) et Syrian Archive ont déposé lundi cette plainte avec constitution de partie civile afin qu’un juge d’instruction puisse mener des investigations sur les attaques au gaz sarin commises en août 2013 dans la ville de Douma et dans la Ghouta orientale, près de Damas.

Selon les États-Unis, plus de 1 400 personnes seraient mortes dans ces attaques.

Cette plainte, qui s’appuie sur de nombreux témoignages et des preuves documentaires dont des photos et des vidéos, doit permettre de « déterminer la responsabilité de ceux qui ont ordonné et mis en œuvre ces attaques », indiquent les ONG, soulignant avoir procédé à une « analyse de la chaîne de commandement militaire syrienne ».

Pour Hadi al-Khatib, directeur de Syrian Archive, cité dans le communiqué, le gouvernement syrien, qui « n’a pas fait œuvre de transparence sur sa production, son utilisation et son stockage d’armes chimiques », « doit être tenu responsable ». « En plus d’enquêter et de poursuivre ces crimes, lorsqu’ils sont compétents, les États doivent coopérer pour créer un Tribunal international spécial chargé de les juger », a pour sa part plaidé Mazen Darwiche, directeur du SCM.

Les trois ONG avaient déjà déposé une plainte en octobre 2020 auprès du parquet fédéral allemand, qui visait les faits de 2013 mais aussi une attaque au gaz sarin perpétrée en avril 2017 à Khan Cheikhoun, entre Damas et Alep. « Nous demandons au juge d’instruction français de mener des investigations coordonnées avec le procureur fédéral allemand », a de son côté déclaré Steve Kostas, avocat membre d’OSJI, aussi cité dans le communiqué.

Après les attaques de 2013, le régime syrien s’était engagé à démanteler son stock d’armes chimiques. Mais selon un rapport d’OSJI et de Syrian Archive révélé en octobre 2020, la Syrie dispose d’un programme d’armes chimiques « toujours robuste », le pouvoir syrien usant de « stratagèmes » pour tromper l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), l’organe censé avoir démantelé l’arsenal chimique syrien.

Sur la voie de la justice

La plainte est un pas de plus « sur la voie de la justice » et contre l’impunité des crimes imputés au régime de Bachar el-Assad, insiste Mazen Darwiche. Près de huit ans après les attaques meurtrières d’août 2013 près de Damas, qui horrifièrent le monde mais symbolisèrent aussi son inaction, la plainte « est un message pour les responsables de ces attaques : les survivants continueront à se battre pour la justice », insiste le militant historique des droits de l’homme.

« Nous travaillons depuis plus de trois ans pour construire ce dossier, et je pense que nous avons des preuves solides sur ce qui s’est passé et sur les responsabilités », souligne M. Darwiche.

La plainte ne vise pas spécifiquement des responsables syriens – certains, comme Maher el-Assad, commandant d’une unité d’élite de l’armée et frère du président syrien, y sont cependant nommés –, mais elle met en évidence « la chaîne de commandement ». « Il y a des noms, il y a des suspects, et nous donnons à la justice la possibilité de lancer des investigations », estime-t-il. « Nous n’avons aucun doute de la responsabilité directe et personnelle de Bachar el-Assad », ajoute-t-il.

Témoignages, photos et vidéos

Le dossier s’appuie sur des dizaines de témoignages de survivants, des photos et des vidéos tournées à l’époque, dont certaines – hommes, femmes, enfants inanimés, l’écume aux lèvres – ont fait le tour du monde. Les ONG se sont notamment appuyées sur le travail de Razan Zaitouneh, avocate syrienne renommée qui vivait à l’époque dans la Ghouta. Mme Zaitouneh a été enlevée en décembre 2013 par un groupe armé à Douma, alors contrôlée par les islamistes de Jaïch al-Islam, et n’a jamais été retrouvée. « Cette plainte, c’est le legs de Razan. Elle avait recueilli des témoignages, des vidéos. Sans son immense travail, nous n’aurions jamais été capables de constituer ce dossier », déclare M. Darwiche.

Au-delà, la plainte vise aussi à placer les grandes puissances occidentales devant leurs responsabilités, poursuit le président du SCM. En 2013, la « ligne rouge » – l’utilisation d’armes chimiques – fixée par le président américain Barack Obama pour une intervention en Syrie avait en effet été franchie. États-Unis et France étaient sur le point de lancer des frappes de représailles, mais au dernier moment le président américain a renoncé, et les Occidentaux ont accepté l’offre du parrain russe de Damas : le démantèlement de l’arsenal chimique du régime syrien.

Cela n’a pas empêché d’autres attaques, notamment en avril 2017 à Khan Cheikhoun, entre Damas et Alep, qui fit au moins 80 morts. « Notre plainte interpelle directement les gouvernements occidentaux et notamment la France, qui a pris la tête de la lutte contre les armes chimiques », déclare M. Darwiche. « Si nous acceptons l’impunité pour ce qui s’est passé en Syrie, cela veut dire que nous donnons le feu vert à tous les dictateurs pour utiliser des armes chimiques, et que personne ne sera en sécurité », martèle-t-il.

Source : AFP

Une plainte pour « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre », visant des attaques chimiques perpétrées en 2013 en Syrie et imputées au régime de Bachar el-Assad, a été déposée au tribunal judiciaire de Paris, ont annoncé hier trois organisations non gouvernementales dans un communiqué.Invoquant la « compétence extraterritoriale » de la...

commentaires (1)

Petit a petit la justice se met en mouvement afin de juger les crimes perpetres par la pire dictature genocide de l histoire de l humanite....essentiel afin de prevenir de nouveaux crimes dans le futur....

HABIBI FRANCAIS

07 h 36, le 03 mars 2021

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Commentaires (1)

  • Petit a petit la justice se met en mouvement afin de juger les crimes perpetres par la pire dictature genocide de l histoire de l humanite....essentiel afin de prevenir de nouveaux crimes dans le futur....

    HABIBI FRANCAIS

    07 h 36, le 03 mars 2021

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