Quarante décès et plus de 2 000 cas à la veille de la réouverture des commerces

Dans l’attente de résultats tangibles de la campagne de vaccination qui a débuté il y a deux semaines, le Liban poursuit son déconfinement progressif, entamé le 8 février. Aujourd’hui, de nouveaux commerces et centres commerciaux commencent à rouvrir, selon des dispositions et horaires qui n’avaient pas encore été précisés à l’heure de mettre sous presse. Initialement prévue pour le 8 mars, soit deux mois après l’entrée en vigueur du confinement, cette réouverture a été avancée d’une semaine, sous la pression des organismes économiques qui craignent un effondrement total du secteur.

À partir d’aujourd’hui, le système d’obtention d’une autorisation de sortie via la plate-forme en ligne du ministère n’est plus nécessaire pour se déplacer, sauf pour se rendre dans des lieux considérés comme à « haut risque », comme les magasins ayant une superficie importante ou les banques, par exemple. Selon une source proche de la commission nationale chargée du Covid, un couvre-feu sera cependant maintenu de 20h à 5h du matin.

Le ministre sortant de l’Économie Raoul Nehmé a demandé aux commerces concernés de « respecter la totalité des mesures de prévention contre le coronavirus et les dispositions réglementaires et logistiques concernant leurs employés, notamment les dépistages PCR ».

Pour sa part, l’Association des commerçants de Beyrouth a exposé un protocole sanitaire strict pour la réouverture des boutiques. Divisés en deux catégories selon le nombre d’employés (moins de 12, ou plus), les magasins devront se conformer aux règles ayant cours dans les supermarchés, notamment l’inscription sur la plate-forme Impact et les tests PCR réguliers pour les employés. Le port du masque, l’utilisation de gel hydroalcoolique et la distanciation sociale seront évidemment de rigueur, entre autres mesures.

Les commerces et entreprises les plus importantes devront s’inscrire sur la plate-forme du ministère, mais les petits commerces, dont certains ne sont pas familiers avec la technologie, se contenteront d’avoir des documents imprimés qu’ils montreront aux policiers s’ils le leur demandent, selon la source proche de la commission.

Des indicateurs négatifs

La réouverture progressive intervient alors que la situation sanitaire ne s’est pas substantiellement améliorée et que la prudence doit rester de mise. Le Liban a encore enregistré 40 décès et 2 258 nouveaux cas de contamination au Covid-19 au cours des dernières 24 heures, selon le bilan du ministère de la Santé publié hier soir. Le taux de propagation par rapport au nombre de tests effectués au cours des 14 derniers jours est de 17,8 %. Au total, 375 033 personnes ont contracté le virus depuis février 2020, parmi lesquelles 4 692 sont décédées, alors que 291 590 ont été guéries. Parmi les cas toujours actifs, 2 178 personnes sont hospitalisées, dont 912 en soins intensifs.

Le directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, le Dr Firas Abiad, a fait savoir dimanche que les indicateurs de propagation de la pandémie restaient inquiétants, en dépit de l’impression qui prévaut chez beaucoup selon laquelle les choses s’améliorent. « Alors que les boutiques et les centres commerciaux rouvrent demain et les écoles dans une semaine, on ne peut pas blâmer les nombreuses personnes qui ont l’impression que la situation sanitaire s’améliore. Ce n’est pas le cas. Et il est malhonnête de ne pas être franc avec le public », a-t-il affirmé sur son compte Twitter. Il a joint à son tweet un tableau montrant une croissance de 18 % du nombre de cas au Liban au cours des sept derniers jours, avec des records dans la région de Baalbeck-Hermel et dans le sud du pays.

Parallèlement, la campagne de vaccination lancée le 15 février se poursuit aujourd’hui. Samedi soir, une nouvelle cargaison de près de 42 000 doses du vaccin Pfizer-BioNTech est arrivée au Liban, la troisième en deux semaines. Ces doses viennent s’ajouter aux 60 000 déjà réceptionnées depuis le 13 février, sur un total de 2,1 millions devant arriver avant la fin de l’année. D’autres cargaisons de ce vaccin doivent arriver progressivement au cours des prochains mois, parallèlement à celles du vaccin AstraZeneca/Oxford, achetées directement auprès du groupe pharmaceutique et via la plate-forme Covax. Des doses du vaccin russe Spoutnik V devraient également être réceptionnées dans les prochaines semaines et le ministère de la Santé a commencé à étudier le dossier du vaccin chinois.