Le Conseil supérieur de la magistrature a accepté vendredi soir la nomination du juge Tarek Bitar au poste de juge d'instruction dans l'enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août dernier, suite au dessaisissement du juge Fadi Sawan la veille par la Cour de cassation. L'information a pu être confirmée par L'Orient-Le Jour.
"Digne de confiance"
C'est la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, qui a proposé le nom du juge Bitar au CSM. "Ce juge est digne de confiance", a affirmé à L'OLJ une source proche du CSM. Le juge Bitar doit encore accepter sa nomination à la tête de l'enquête qui devra reprendre de zéro, plus de six mois après la déflagration qui a tué plus de 200 personnes et dévasté des quartiers entiers de Beyrouth. Selon la chaîne LBCI, Mme Najm a officiellement été notifiée par le CSM de son approbation du juge Bitar. La ministre sortante a demandé au magistrat de se rendre au siège du ministère de la Justice dès ce soir afin de pouvoir de prendre ses fonctions.
Un recours contre le juge Sawan avait été présenté en décembre par Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, députés du mouvement Amal et anciens ministres des Transports et des Travaux publics, qui avaient été mis en accusation pour "négligence" par le juge Fadi Sawan. Jeudi, la chambre pénale de la Cour de cassation avait accepté ce recours et a justifié sa décision de dessaisir le juge Sawan au motif d’une "suspicion légitime", estimant qu'il est lui-même une victime dans la mesure où son appartement situé à Achrafieh avait été sérieusement endommagé après l’explosion et qu’il avait été contraint de le réparer. Le second motif est justifié par des propos du juge Sawan sur une volonté présumée de ne pas se conformer aux lois en vigueur.
La mise à l'écart du juge Sawan a provoqué la colère des familles des victimes qui réclament justice depuis plus de six mois. Ils manifestent dans la rue depuis hier en réclamant que l'enquête se poursuive. De nombreux groupes d'oppositions et des ONG ont également dénoncé le dessaisissement du juge Sawan, certains estimant qu'il s'agissait d'une décision "politique par excellence".
Suspectés de négligence alors qu’ils étaient respectivement à la tête des ministères des Finances et des Travaux publics et des Transports quand les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium avaient été stockées en 2014 dans le hangar numéro 12 au port de Beyrouth, MM. Khalil et Zeaïter avaient été mis en accusation par le juge Sawan, à l'instar de l'ancien ministre Youssef Fenianos (Marada) et du Premier ministre sortant, Hassane Diab. Ils avaient été convoqués par le magistrat une première fois le 14 décembre 2020, mais, forts d’un soutien politique et communautaire, ils avaient refusé d’obtempérer, arguant d’immunités liées à leur statut de députés et d'ex-ministres. MM. Khalil et Zeaïter avaient ensuite déposé leur recours pour suspicion légitime, une requête à travers laquelle ils ont mis en cause l’impartialité du juge Sawan et demandé à la cour de cassation de le dessaisir du dossier. L'instruction avait ensuite été gelée pendant plusieurs semaines jusqu'à ce que le juge reprenne, la semaine dernière, ses interrogatoires.
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LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE? De quelle magistrature et de quel conseil supérieur parle t-on? Des vendus au service des traitres qui se sont mis tous d’accord qu’il y a un conflit d’intérêt et ce au bout de six mois de travail du juge parce que ce dernier habitait dans la région soufflée et que son domicile a été déduit? Et la deuxième cause et pire que la précédente qui dit que ce juge a outrepassé ses fonctions parce qu’il a interpelé des responsables politiques alors qu’ils bénéficiaient de l’immunité, alors que la loi ne reconnaît aucune immunité ni aucune excuse pour ceux qui sont soupçonnés ou responsables de meurtre contre tout un peuple. A qui veulent ils faire croire qu’ils sont magistrats ou même simple avocats s’ils ignorent même les lois de leur pays? Le titre est pompeux comme d’habitude mais les tenants du titre sont ras les pâquerettes amis contents d’eux pour avoir humilier la fonction.
Sissi zayyat
14 h 43, le 20 février 2021