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Nos Lecteurs ont la Parole

La clé du Liban

La diversité religieuse, cette diversité qui, pour certains, a entraîné le Liban dans la peur, dans la peur du désespoir, dans le désespoir de la guerre, dans la guerre de confessions… Cette guerre qui a créé la haine, la haine de l’autre, le rejet de l’autre, et surtout qui engendre le souhait que l’autre disparaisse. Beaucoup de personnes croient savoir que le Liban ne pourra jamais sortir du problème confessionnel.

On ne le sait pas.

Mais ce que l’on sait aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, c’est que nous devons coexister parce que si cette diversité nous amène la guerre, elle peut aussi nous amener la paix.

Le Liban a toujours été sous domination étrangère jusqu’en 1943. Il n’a donc pas eu la possibilité de former son identité nationale. Pourtant, ce que le Liban a toujours eu tout au long de son histoire, c’est sa diversité. L’identité nationale du Liban est sa diversité religieuse, mais l’avidité de certains de vouloir identifier le Liban à une seule religion a causé la division de la société libanaise.

La clé du Liban est l’unification du peuple libanais. Cet idéal peut paraître absurde et inatteignable pour certains, mais ce que l’on retient de l’histoire du Liban, ce sont les guerres et les périodes d’instabilité, mais jamais des moments d’unité par lesquels les Libanais sont passés.

On ne se rappelle sûrement pas de la cohabitation entre chrétiens et musulmans pendant la moutassarifiyah qui a duré de 1860 à 1918 et qui a permis au Mont-Liban d’être un modèle de l’émergence de la liberté et de la démocratie au Proche-Orient. On ne se rappelle pas non plus du développement politique, économique et social des années 50 et 60 lorsque musulmans et chrétiens faisaient preuve d’une telle coordination, que les pays du monde considéraient le Liban comme la Suisse du Moyen-Orient et que beaucoup de villes, comme Dubaï et Singapour, rêvaient de devenir Beyrouth. Pourtant, être unis ne veut pas dire être uniformes. Lorsqu’un peuple est uniforme, cela montre que tous ses membres sont identiques, alors que lorsqu’un peuple est uni, quelle que soit la différence entre les individus, au niveau de leur avis, de leur religion, de leur vision économique, ils acceptent leurs différences. Ce concept s’appelle le respect de l’autre.

Ce respect n’existe pas aujourd’hui au Liban et c’est parce que ce respect n’existe pas que l’identité du Liban se retourne contre lui. On dit que l’État est responsable de cette situation, mais un État, c’est la représentation de son peuple, un État qui échoue, c’est un peuple qui a échoué à voter. Ce ne sont pas des élections qu’il faut attendre pour tout renverser parce que leur organisation n’est pas entre nos mains. C’est vrai, elles font partie du changement pour un Liban meilleur, mais le vrai problème, c’est la division du peuple. Le peuple doit apprendre à être uni et à respecter ses différents membres.

Pour respecter l’autre, il faut le connaître.

Ce qui pousse les Libanais à se méfier les uns des autres, c’est la peur. La peur de la différence. Cette différence qui vient de l’ignorance et cette ignorance qui engrange ces conséquences. La connaissance de l’autre amène à la compréhension de l’autre. Connaître un peuple, c’est savoir son histoire, sa culture, ses ambitions, ses rêves. Pour unir les Libanais, ce n’est pas le vote ou l’État qui va changer la situation, chacun est responsable sans aucune exception. Pour atteindre notre but, nous devons tous, musulmans et chrétiens, apprendre à comprendre l’autre en apprenant ce qui le définit. Ce qu’il faut faire, c’est se mettre à la place de l’autre et voir la situation comme lui la voit. C’est cela qui forme l’unité et la rencontre au sein d’une nation.

Cette solution peut paraître idéaliste. Certains n’ont pas le souhait de comprendre l’autre. D’autres peuvent considérer cette solution comme irrationnelle, comme irréalisable, pour autant, tout ce qui a été fait politiquement pendant les 45 dernières années n’a cessé d’accentuer notre division. Pour ceux qui ont la volonté d’avoir un pays meilleur, il leur faut apprendre à connaître l’autre, parce que c’est un devoir citoyen, si nous avons le souhait de voir notre pays sortir de la misère et de pouvoir grandir au Liban.

La clé du Liban ne repose sûrement pas sur une seule solution. C’est un système d’engrenages : beaucoup de conditions doivent être remplies pour assurer le développement d’un pays. Les élections font partie des critères pour atteindre cet idéal, la compétence technique est essentielle dans un gouvernement fonctionnel et bien plus encore. C’est juste que le respect mutuel est la première étape et que s’il n’existe pas, personne ne pourra réaliser quoi que ce soit parce qu’il représente la base de toute société développée.

La clé du Liban n’est pas un résultat fini mais un processus en évolution constante, parce que la clé du Liban doit toujours rester dans la porte : il faut juste s’assurer que cette porte ne se referme jamais !

Élève de terminale Collège Notre-Dame de Jamhour

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La diversité religieuse, cette diversité qui, pour certains, a entraîné le Liban dans la peur, dans la peur du désespoir, dans le désespoir de la guerre, dans la guerre de confessions… Cette guerre qui a créé la haine, la haine de l’autre, le rejet de l’autre, et surtout qui engendre le souhait que l’autre disparaisse. Beaucoup de personnes croient savoir que le Liban ne pourra...

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