
L’ancien ministre et conseiller du président Michel Aoun, Salim Jreissati. Photo d'archives Ani
L’ancien ministre et conseiller du président Michel Aoun, Salim Jreissati, a critiqué lundi "l’insoutenable légèreté" du discours prononcé la veille par le Premier ministre désigné Saad Hariri, affirmant que ce n’était pas à ce dernier de donner des garanties aux chrétiens.
Dans un discours dimanche à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de son père Rafic Hariri, le chef du courant du Futur avait rendu le chef de l’Etat et son camp responsables du blocage du processus de formation du cabinet et s'est fermement défendu face aux accusations selon lesquelles il porterait atteinte aux droits et aux prérogatives de la communauté chrétienne.
"Je m’adresse au Premier ministre désigné Saad Hariri en toute sincérité (..) pour lui dire que son discours était d’une légèreté insoutenable, sauf sur un point dangereux, lorsqu’il a évoqué le fait qu’on a arrêté de compter" le nombre de chrétiens au Liban, a affirmé M. Jreissati dans un communiqué. "Ce n’est ni le Premier ministre désigné ni qui que ce soit qui arrête le recensement, cela est une garantie dans la Constitution", a affirmé M. Jreissati. Le dernier recensement au Liban date de 1932 et avait été effectué sous le mandat français, alors que les chrétiens étaient encore majoritaires.
Régulièrement accusé par le Courant patriotique libre, fondé par le chef de l’Etat et présidé par Gebran Bassil, de vouloir porter atteinte aux droits et aux prérogatives politiques des chrétiens, Saad Hariri s'était fermement défendu dimanche. "Rafic Hariri disait : +nous avons arrêté le recensement démographique, et les chrétiens représentent la moitié de l’État, quel que soit leur nombre+. Aujourd’hui je le répète : nous avons cessé les recensements. Et on ne peut pas accuser Saad Hariri de violer les droits des chrétiens. Les droits des chrétiens sont les droits des Libanais tout simplement", avait-il dit.
"Les chrétiens ne sont redevables à personne d’être leur garantie, leur garantie est leur présence et leur rôle au Liban", a rétorqué M. Jreissati, défendant la nécessité de mettre en place une "décentralisation administrative qui est toujours prisonnière des tiroirs sombres" de l’administration.
"Le mufti constitutionnel du mandat Aoun"
Le site Moustaqbal Web, du courant du Futur, a réagi dans un article virulent au texte de Salim Jreissati, estimant que le fait que ce dernier soit "importuné" par le discours de dimanche prouve que Saad Hariri a "réussi à faire échouer le projet" du courant aouniste qui vise à "déplacer la bataille gouvernementale de l'arène politique à l'arène des dissensions communautaires".
"Salim Jreissati, le mufti constitutionnel du mandat Aoun et instigateur en chef de discordes politiques depuis la tutelle syrienne, est ennuyé par le discours de Saad Hariri parce que ce dernier a confirmé le principe de la parité entre les chrétiens et les musulmans", indique le Moustaqbal web. "Si M. Jreissati est importuné, cela signifie que Michel Aoun et Gebran Bassil le sont aussi. Cela signifie que Saad Hariri a réussi à faire échouer le projet de M. Bassil de déplacer la bataille gouvernementale de l'arène politique à celle des dissensions communautaires". "Tout ce qu'a fait Salim Jeissati, c'est de faire porter à Saad Hariri les distorsions politiques et communautaires habituelles du courant orange (le CPL, ndlr) sur Saad Hariri", souligne encore l'article, accusant le conseiller présidentiel de vouloir "lancer une bataille confessionnelle entre les chrétiens et les musulmans". "Mais nous ne céderons pas à Gebran Bassil les armes de la dissension confessionnelle", ajoute le texte, soulignant que le député de Batroun cherche à "surfer sur la vague des droits des chrétiens pour détruire le vivre-ensemble et nous faire revenir trente ans en arrière".
Dans une brève réponse, l'ancien ministre a regretté le fait que le débat n'ait pas pu être mené avec le Futur de manière "objective". "Ils prétendent avoir arrêté les recensements, mais ils ont naturalisé un grand nombre", a critiqué Salim Jreissati, en référence implicite à la naturalisation de milliers d'étrangers, en 1994, parmi lesquels un grand nombre de Syriens et Palestiniens, notamment de confession sunnite. "Ils prétendent consacrer le principe de parité (entre les communautés, ndlr), mais ce sont eux qui ont enterré le projet de loi sur le mariage civil facultatif qui avait été approuvé par le Conseil des ministres", en 1998. "C'est le peuple qui jugera", a-t-il conclu.
L’ancien ministre et conseiller du président Michel Aoun, Salim Jreissati, a critiqué lundi "l’insoutenable légèreté" du discours prononcé la veille par le Premier ministre désigné Saad Hariri, affirmant que ce n’était pas à ce dernier de donner des garanties aux chrétiens.Dans un discours dimanche à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de son père Rafic...
commentaires (12)
Nous, on voit plutôt ''l'insoutenable" arrogance et une prétention qui ne sont d'aucune utilité pour notre pays. Mais servent à merveille de paravent aux incapables perdants et nuisibles ! - Irène Saïd
Irene Said
14 h 49, le 16 février 2021