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Moyen-Orient - ANALYSE

L’accord Fateh-Hamas, passage obligé pour la reprise des relations avec Biden

Les deux factions palestiniennes ont besoin d’élections pour renouveler leur légitimité.

L’accord Fateh-Hamas, passage obligé pour la reprise des relations avec Biden

Des Palestiniens membres de la commission électorale mettent en place un centre pour information et enregistrement à Gaza. Mohammad Abed/AFP

L’accord entre le Fateh et le Hamas pour la tenue des premières élections palestiniennes en près de quinze ans est un passage obligé afin de relancer les relations avec les États-Unis et, à terme, des pourparlers avec Israël, estiment des analystes.

Après de nombreux reports et rumeurs, le président palestinien Mahmoud Abbas a signé le 15 janvier, quelques jours avant l’entrée en fonctions du nouveau président américain Joe Biden, un décret pour des élections législatives et présidentielle en mai et en juillet.

Les factions palestiniennes, en premier lieu les ténors du Hamas et du Fateh, ont fait un pas vers ces scrutins mardi à la faveur d’un accord conclu au Caire sur les mécanismes cruciaux à leur tenue. Parmi eux : la mise sur pied d’un « tribunal électoral » pour superviser le processus et l’arbitrage d’éventuels griefs quant aux résultats.

Il s’agit d’éviter le scénario des dernières législatives en 2006, lorsque la contestation des résultats avait entraîné des affrontements sanglants entre les deux camps et scindé les territoires palestiniens en deux grandes administrations.

L’Autorité palestinienne, contrôlée par le parti laïc Fateh de Mahmoud Abbas, siège en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967. Les islamistes du Hamas d’Ismaël Haniyeh règnent sur la bande de Gaza, territoire sous blocus israélien.

Ces deux voix n’ont pas réussi à contrecarrer l’administration de Donald Trump qui a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, plaidé pour l’annexion de pans de la Cisjordanie, et œuvré à la normalisation des relations entre l’État hébreu et plusieurs pays arabes.

Or, la victoire de Joe Biden a poussé M. Abbas à s’engager dans des élections et à lancer un dialogue « sérieux » avec le Hamas pour renouveler la légitimité des institutions palestiniennes, estime Achraf Aboul-Houl, spécialiste du dossier palestinien au quotidien égyptien al-Ahram.

Les pressions internationales pour relancer des pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens ne se « concrétiseront pas sans une unité préalable des Palestiniens », dit-il, ajoutant que l’Égypte et la Jordanie ont multiplié les « efforts » pour favoriser le rapprochement Fateh/Hamas.

D’autant que la normalisation des relations entre Israël et des pays arabes ces derniers mois a accentué la pression sur les Palestiniens pour parler d’une voix unie, ce qui passe par des élections, estime M. Aboul-Houl.

L’OLP en vue

Après ces élections, les Palestiniens prévoient d’intégrer le Hamas au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), structure reconnue par les accords d’Oslo comme représentant officiellement tous les Palestiniens.

« Le Hamas veut être un mouvement reconnu internationalement au sein de l’OLP et être un partenaire de l’Autorité palestinienne (...) car ce n’est qu’avec l’unité que nous pourrons contrecarrer les plans des Israéliens », a indiqué un haut responsable du Hamas.

Pour Mohammad Macharqa, directeur du Centre pour le progrès arabe, un institut d’analyse basé à Londres, le Hamas n’a pas d’autre option que des élections pour être « reconnu autrement que comme une organisation terroriste ».

« Les deux camps sentent bien que leur légitimité est en jeu. Ils ont donc besoin d’élections pour la renouveler, mais elles accoucheront encore d’un pouvoir bicéphale entre Gaza et Ramallah », ville-siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, estime l’analyste Abdel Salam Aqal.

Selon lui, la réconciliation Hamas/Fateh est cruciale pour le succès électoral du parti, mais aussi celle au sein même du Fateh, entre le camp du président Abbas et celui du frondeur Mohammed Dahlane, exilé aux Émirats arabes unis.

Et les analystes rivalisent de scénarios concernant les listes électorales.

Le Hamas et le Fateh présenteront-ils une liste commune ? M. Dahlane reviendra-t-il dans les bonnes grâces du Fateh ? Fera-t-il liste commune avec Marwan Barghouthi, le plus populaire chez les Palestiniens selon les sondages mais écroué en Israël pour meurtres ?

Ce dernier a reçu la visite en prison jeudi du ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Cheikh. Les deux hommes ont parlé des élections, a indiqué le ministre dans un communiqué, sans préciser si M. Barghouthi comptait se présenter.

Pour Hossam al-Dajani, professeur de sciences politiques à l’Université islamique de Gaza, le scénario le plus probable est « une fédération entre Ramallah et Gaza », avec le camp Abbas pour piloter la politique étrangère en Cisjordanie et le Hamas aux « services » à la population dans la bande de Gaza.

Adel ZAANOUN/AFP

L’accord entre le Fateh et le Hamas pour la tenue des premières élections palestiniennes en près de quinze ans est un passage obligé afin de relancer les relations avec les États-Unis et, à terme, des pourparlers avec Israël, estiment des analystes.Après de nombreux reports et rumeurs, le président palestinien Mahmoud Abbas a signé le 15 janvier, quelques jours avant l’entrée en...

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