Rechercher
Rechercher

Économie - Liban

Restructuration bancaire : Fièvre sur les réseaux sociaux

Restructuration bancaire : Fièvre sur les réseaux sociaux

Aucune source interrogée n’a pu infirmer ou confirmer les rumeurs des fusions-acquisitions qui vont toucher le secteur bancaire. Photo João Sousa

Depuis près d’une semaine circulent sur les réseaux sociaux des listes prédisant quels établissements bancaires resteraient sur le marché, ceux qui en seraient éjectés et ceux qui seraient tout simplement absorbés par d’autres, en marge de la restructuration bancaire prévue en mars et annoncée depuis août 2020 par le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé. Les deux conditions principales à celle-ci sont l’augmentation du capital des banques à fin 2020 de 20 % par rapport à leur niveau à fin 2018 (circulaire n° 532 du 4 novembre 2019) et le placement à fin février auprès des banques correspondantes de 3 % des dépôts en devises détenus à fin juillet 2020 (circulaire n° 154 du 27 août 2020).

C’est d’ailleurs en partie sur cette base que plusieurs banques se préparent depuis plusieurs mois à absorber d’autres établissements, selon une source bancaire interrogée par L’Orient-Le Jour, toutefois incertaine de celles qui seront concernées. Le ratio eurobonds sur capitaux propres (les eurobonds – titres de dette en devises sur lesquels le gouvernement de Hassane Diab a fait défaut en mars 2020) est aussi envisagé selon cette source, qui ne peut ni infirmer ni confirmer les listes qui se propagent sur les réseaux.

Lire dans Le Commerce du Levant

Les banques libanaises se replient pour survivre

Cependant, vu leur ampleur, la BDL a publié un communiqué tard jeudi soir indiquant que ces informations sont « incorrectes et dépourvues de toute vérité » et qu’elle ne savait toujours pas jusqu’à présent quelles banques seraient capables d’appliquer effectivement les circulaires. La BDL n’a d’ailleurs pas répondu favorablement à la requête de l’Association des banques du Liban (ABL), envoyée fin janvier, demandant à prolonger les délais imposés par la Banque centrale.

« Pas la solution »

Bien que plusieurs banques ont vendu certaines de leurs filiales à l’étranger pour pouvoir répondre favorablement à ces exigences, celles-ci sont insuffisantes, selon Jean Riachi, PDG de la FFA Private Bank. En effet, « ce n’est pas en augmentant leur capital de 20 % que les banques seront solvables, compte tenu de l’ampleur des pertes, et 3 % des dépôts en devises à l’étranger ne suffisent pas à les rendre liquides », s’exclame le financier. Il a également clamé haut et fort sur Twitter que la circulaire n° 154 « n’est pas la solution à la crise bancaire » que traverse le Liban, sans oublier la crise économique et la dévaluation de la monnaie nationale de près de 80 %.

Lire aussi

Les banques à l’aube d’un déconfinement bouillant

D’ailleurs, l’expert financier s’étonne de la décision de la Banque centrale de saisir des banques insolvables et de garantir leurs dépôts, signifiant par là un transfert de leurs pertes sur la Banque centrale alors que cette dernière est déjà potentiellement insolvable.

Il préconise plutôt, pour contrer cette crise, l’élaboration d’un plan gouvernemental qui inclurait la recapitalisation de la BDL et qui taclerait les pertes du secteur bancaire dans son ensemble tout en négociant une restructuration de la dette en devises, les eurobonds. L’exécutif avait démarré ce chantier le printemps dernier mais cela s’est soldé par un échec, les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) n’ayant pas abouti en raison des divergences entre l’exécutif, d’un côté, et les banques, la BDL et une partie de la classe politique, de l’autre. La solution passe aussi par une législation communément appelée « Bank Resolution Act », soit des mesures de gestion de la crise bancaire qui posent les bases de la restructuration et mettent en place un organisme indépendant chargé de la restructuration du secteur après une analyse des bilans de chaque banque, les solutions adéquates étant variées et dépendantes de chaque situation, toujours selon l’expert.

La Banque centrale avait créé en juillet une commission chargée de la restructuration du secteur mais n’a plus donné de suite sur ce dossier depuis. Une source bancaire avait alors précisé à L’Orient-Le Jour qu’il était prévu depuis longtemps que les banques alpha du pays – celles qui possèdent plus de 2 milliards de dollars de dépôts, au nombre de 16 sur les 49 banques commerciales établies au Liban – absorbent les autres établissements. Une disposition fondamentalement inéquitable pour certains établissements de petite taille qui ont été bien gérés. Mais « si une mauvaise banque absorbe une autre mauvaise banque, cela ne produit qu’une énorme mauvaise banque », rappelle Jean Riachi.


Depuis près d’une semaine circulent sur les réseaux sociaux des listes prédisant quels établissements bancaires resteraient sur le marché, ceux qui en seraient éjectés et ceux qui seraient tout simplement absorbés par d’autres, en marge de la restructuration bancaire prévue en mars et annoncée depuis août 2020 par le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut