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Société - Palestiniens

Dans le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué, le coronavirus se propage rapidement

Les habitants en appellent à l’Unrwa en raison de l’insuffisance des infrastructures hospitalières.


Dans le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué, le coronavirus se propage rapidement

Face à l’aggravation de la situation dans le camp, les comités populaires chargés de la gestion du camp ont appelé la population à respecter les mesures sanitaires. Photo DR

Le coronavirus se propage de plus en plus rapidement dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Heloué près de Saïda, faisant vivre ses plus de 80 000 habitants, dont la situation économique est déjà dramatique, dans la peur.

Chaque jour, de nouveaux cas sont signalés dans ce camp surpeuplé, le plus grand du Liban, où déjà 184 personnes ont succombé à cette maladie, selon le directeur du département de la santé de l’Unrwa, Abed Chanta. Récemment, les habitants du camp ont dû enterrer sept personnes en une seule journée. Les chiffres de contamination sont alarmants : à titre d’exemple, 125 cas ont été recensés entre le 1er et le 5 février.

Dans ce camp, qui échappe au contrôle des autorités libanaises, les mesures de confinement imposées par le gouvernement sur l’ensemble du territoire ne sont pas appliquées. Mais face à l’explosion des cas, les comités populaires chargés de la gestion du camp ont appelé la population à respecter les mesures sanitaires. Cela alors que la majorité des habitants y vivent sous le seuil de pauvreté et s’entassent dans des habitations exiguës et souvent insalubres.

Le comité chargé du souk aux légumes a ainsi appelé les habitants à respecter les règles de base, en portant des masques et en évitant de se rassembler dans les ruelles du camp, pour tenter de contenir la propagation de la pandémie. De leur côté, les forces islamiques ont décidé la semaine dernière de suspendre la prière du vendredi dans les mosquées du camp, l’un des plus grands rassemblements hebdomadaires, et demandé aux habitants de prier dans leurs maisons.

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« Bien sûr que nous avons peur du coronavirus, mais nous devons travailler »

Devant l’accroissement du nombre de contaminations dans le camp, qui ne compte aucune structure hospitalière susceptible d’accueillir les malades du coronavirus, Mounir Maqdah, l’un des principaux responsables du Fatah à Aïn el-Héloué, a décidé de transformer l’hôpital al-Aqsa, contrôlé par sa formation, en hôpital de campagne. L’établissement accueille désormais les malades atteint d’une forme légère ou moyenne du Covid-19, sous la supervision du Croissant-Vert palestinien et de la Défense civile palestinienne, alors que les cas plus graves doivent être transférés en dehors du camp. « Nous avons pris cette mesure en raison de la situation catastrophique dans le camp, où il n’y avait pas de place pour accueillir et traiter les malades atteints du coronavirus, surtout après la fermeture par l’Unrwa de l’école al-Samouh qui était un centre de quarantaine », affirme Mounir Maqdah à L’Orient-Le Jour. Les responsables de Aïn el-Héloué ne dissimulent pas leur colère depuis que l’Unrwa, qui fait face à la crise financière la plus grave de son existence, a réduit ses activités. En novembre 2020, l’agence avait même annoncé être à court de liquidités pour payer les salaires de ses 28 000 employés, pour la plupart des réfugiés, offrant des services (éducation, soins de santé) à plus de cinq millions de Palestiniens répartis dans des camps en Jordanie, en Syrie, au Liban et dans les territoires palestiniens.

Les secouristes devant l’hôpital al-Aqsa de Aïn el-Héloué. Photo DR

« Nous mendions les bouteilles d’oxygène »

Adnane Rifaï, membre du comité populaire du camp chargé de gérer les affaires quotidiennes, ne mâche pas ses mots à l’égard de l’organisation onusienne, l’accusant de vouloir « pousser les Palestiniens du Liban au désespoir pour qu’ils renoncent à tous leurs droits, notamment leur droit au retour ». Il appelle à « décréter l’état d’urgence sanitaire dans le camp » et réclame « l’ouverture des dispensaires de l’Unrwa jour et nuit, et non pas simplement aux heures régulières de travail, ainsi que l’envoi de médecins et de personnel soignant supplémentaire ». « Où est le plan d’action sanitaire de l’Unrwa pour aider les camps dans ces circonstances difficiles ? » lance-t-il, soulignant que l’organisation n’a fourni qu’une seule aide financière distribuée une seule fois aux habitants du camp qui en ont besoin depuis le début de la crise. « Nous mendions auprès des gens des bouteilles d’oxygène, que nous ne trouvons qu’à grand-peine, pour sauver les gens, mais nous avons besoin de l’aide de l’Unrwa. Les gens dans les camps meurent à petit feu, soit du coronavirus, soit de faim », ajoute-t-il.

De son côté, un autre responsable palestinien, Fouad Othman, affirme que toutes les manifestations organisées par les habitants, dont une fin janvier devant le bureau principal de l’Unrwa à Saïda, n’ont eu aucun effet. « Malgré toutes ces protestations, l’Unrwa n’a lancé aucune action, à part se coordonner avec le ministère libanais de la Santé et le Croissant-Rouge palestinien pour effectuer un nombre limité de tests PCR », déplore-t-il.

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Les dispensaires en première ligne face aux multiples crises

Interrogé par L’Orient-Le Jour, le docteur Channaa se défend : « L’Unrwa remplit toutes ses obligations à l’égard des réfugiés dans les camps, surtout à Aïn el-Heloué, assure-t-il. Mais il est nécessaire pour les habitants de faire preuve de responsabilité et de respecter les consignes sanitaires, en attendant l’arrivée des vaccins. » Le responsable de l’Unrwa souligne que les cas sont en train de s’accroître dans le camp, et que trente à cinquante cas journaliers sont signalés dans l’ensemble des cas enregistrés au Liban.

« Depuis le début de la crise, l’Unrwa n’a pas manqué à ses engagements et effectue des tests PCR à sa charge pour tous les réfugiés qui ressentent des symptômes, assure-t-il. Le Dr Channaa ajoute que les personnes souffrant du coronavirus sont hospitalisées dans les établissements avec lesquels l’Unrwa a des accords, et que son organisation met à la disposition des réfugiés un centre de quarantaine à Sibline qui compte cent lits. » Mais, souligne le médecin, « le plus important est que les gens respectent les consignes sanitaires : nous avons à maintes reprises mis en garde contre la participation aux rassemblements, dont les enterrements et les mariages, et insisté sur la nécessité de porter le masque à l’intérieur des camps. Nous avons mené des campagnes de sensibilisation à cet effet ».

Le coronavirus se propage de plus en plus rapidement dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Heloué près de Saïda, faisant vivre ses plus de 80 000 habitants, dont la situation économique est déjà dramatique, dans la peur.Chaque jour, de nouveaux cas sont signalés dans ce camp surpeuplé, le plus grand du Liban, où déjà 184 personnes ont succombé à cette maladie, selon...

commentaires (1)

qu ils soient propres d abord ,mettent le masque et respectent les mesures d hygiène et de social distance, au moins ! leur fautes et responsabilité aussi!!

Marie Claude

10 h 40, le 12 février 2021

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Commentaires (1)

  • qu ils soient propres d abord ,mettent le masque et respectent les mesures d hygiène et de social distance, au moins ! leur fautes et responsabilité aussi!!

    Marie Claude

    10 h 40, le 12 février 2021

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