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Société - Covid-19

Déconfinement : davantage de contrôle pour limiter les dégâts

Le pays est entré depuis ce matin dans une phase de réouverture progressive, qui doit s’étendre sur quatre phases de deux semaines chacune.

Déconfinement : davantage de contrôle pour limiter les dégâts

Au cours de la prochaine étape, les tests de dépistage doivent être intensifiés pour détecter le plus de cas possible. Photo Marc Fayad

Au terme d’un bouclage strict de quatre semaines, le Liban est entré depuis ce matin dans une phase de déconfinement progressif qui doit s’étaler sur quatre étapes de quinze jours chacune. Cette première phase, qui verra l’ouverture des secteurs dits vitaux (supermarchés, épiceries, supérettes et les industries qui leur sont liées, ainsi que les banques) sous conditions strictes, constitue toutefois un prolongement du bouclage, le couvre-feu restant maintenu. Mis à part les personnes bénéficiant des exemptions ou d’autorisations spéciales pour circuler, tout autre individu désirant déroger au couvre-feu doit obtenir une permission acquise sur la plateforme en ligne mise en place à cet effet (covid.pcm.gov.lb) ou en envoyant un SMS au 1120. Une telle permission est obligatoire pour toute personne désirant faire ses courses, même si elle est exemptée du couvre-feu ou si elle détient une autorisation spéciale pour se déplacer.

La réouverture du pays signifie-t-elle pour autant que le confinement a atteint ses objectifs ? Nabil Rizkallah, membre de la commission nationale chargée du suivi du Covid-19, explique qu’en général le bouclage a pour objectif d’une part de baisser le nombre de contaminations au quotidien pour décongestionner les hôpitaux et leur permettre d’élargir leurs capacités d’accueil, et d’autre part d’effectuer un dépistage massif et un traçage des cas, ce qui permettra de ralentir la progression de l’épidémie. « Aujourd’hui, les hôpitaux n’ont pas encore pu souffler, mais ils ne sont plus débordés comme ils l’étaient il y a un mois, souligne-t-il à L’Orient-Le Jour. Par ailleurs, la réponse locale à la pandémie s’est mieux organisée. La Croix-Rouge libanaise et certaines municipalités ont acquis des concentrateurs portatifs d’oxygène, ce qui permet de donner des soins à domicile aux patients qui en ont besoin. »

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En ce qui concerne le dépistage, le nombre de tests quotidiens n’a pas augmenté. « Il est actuellement inférieur de 50 % à celui effectué durant la période des fêtes de fin d’année et les deux semaines qui l’ont suivie (le nombre de tests au quotidien avait alors atteint les 30 000) et qui était marquée par une volonté individuelle de se faire tester, observe Nabil Rizkallah. Or ce nombre est insuffisant pour pouvoir lutter contre la pandémie. Quoi qu’il en soit, on peut considérer qu’aujourd’hui nous avons atteint un plateau. »

Cas réels contre cas confirmés

Il n’existe pas toutefois de moyen pour savoir si la baisse du nombre des cas de Covid-19 est réelle ou si elle est proportionnelle à la baisse des tests de dépistage. « Cependant, selon les simulations établies par l’Imperial College au Royaume-Uni sur les contaminations réelles au Liban par rapport aux cas confirmés, on note une grande différence, constate M. Rizkallah. La dernière simulation remonte au 24 janvier, date à laquelle nous avions près de 3 900 cas confirmés au Liban. Or selon leur simulation, les cas réels oscillent entre 9 000 et 25 000, avec au moins 12 000 cas au quotidien. » Ce qui signifie qu’il y a au moins 5 000 à 8 000 personnes qui ne se savent pas porteuses du coronavirus. « L’avantage du bouclage c’est qu’il limite leurs déplacements, mais ne peut pas les empêcher de contaminer d’autres membres de leur famille, sachant que le taux d’attaque dans les ménages varie entre 25 % et 50 %. À cela s’ajoute le fait que le respect du confinement ne dépasse pas aujourd’hui les 30 % sur l’ensemble du territoire. Les chiffres continuent donc de s’élever, mais légèrement. »

Déplacements conditionnés

Pour toutes ces raisons, les deux prochaines semaines constituent un prolongement du bouclage. « Le confinement ne sous-entend pas la fermeture des commerces et des usines, insiste M. Rizkallah. Cela signifie qu’on doit rester chez soi. Si des commerces sont ouverts, tout le monde ne doit pas nécessairement s’y rendre. De plus, il faut éviter de se rendre visite, d’autant que les études ont montré que partout au monde les contaminations se font, dans 78 % à 84 % des cas, dans le cadre de rassemblements sociaux. »

Pour éviter que la prochaine étape n’échoue comme c’était le cas lors des précédents déconfinements, des mesures strictes de contrôle ont été prises. Ainsi, durant toutes les phases de réouverture, des autorisations de déplacement doivent être acquises sur la plateforme Impact dont le logiciel a été mis à jour de manière à contrôler la capacité d’accueil de chaque établissement selon sa superficie. Chaque permission livrée sera munie d’un code QR qui sera scanné à l’entrée et à la sortie du supermarché, à titre d’exemple. Aucune permission supplémentaire ne sera accordée lorsque la capacité d’accueil prévue pour chaque espace est atteinte. De plus, des tests PCR doivent être effectués aux employés des secteurs autorisés à rouvrir de façon régulière.

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Par ailleurs, le passage à l’étape suivante se fera après avoir pris en considération plusieurs paramètres de santé : la réponse communautaire à la pandémie, c’est-à-dire l’état de préparation des municipalités à prendre en charge les patients à domicile, l’augmentation du nombre de lits dans les hôpitaux et l’intégration du plan vaccinal. Durant la prochaine étape également, le nombre de tests au quotidien doit augmenter de manière à identifier autant de cas positifs que possible. Cela pour éviter que les images observées après les fêtes de fin d’année ne se répètent durant les fêtes de Pâques, le mois du ramadan et le Fitr.

Cent vingt et un décès

Pourquoi le Liban n’œuvrerait-il pas à inverser la courbe au lieu de se contenter de la stabiliser ? « Le bouclage imposé au Liban est l’un des plus sévères au monde, affirme Nabil Rizkallah. Toutefois, le nombre des personnes qui ont respecté le couvre-feu en se confinant chez elles n’a pas dépassé les 46 % au début du bouclage pour atteindre les 20 % actuellement, sachant que dans la Békaa, à Baalbeck-Hermel, au Akkar et au Liban-Sud, ce taux n’a pas dépassé 1 %. Il a atteint les 40 % au Mont-Liban et à Beyrouth. Donc, dans un pays comme le Liban où 60 % de la population vit dans la pauvreté, il est impossible d’inverser la courbe. Pour atteindre zéro cas de Covid-19, il faut compter au moins un milliard de dollars pour indemniser les gens. »

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Le week-end dernier, le pays a enregistré 4 577 (2 496 samedi et 2 081 hier) nouveaux cas de Covid-19 et 121 décès (67 samedi et 54 dimanche). Ce qui fait grimper à 319 917 le nombre de personnes ayant contracté le virus depuis l’annonce du premier cas le 21 février dernier, au nombre desquelles 3 616 sont décédées et 206 523 guéries, selon le bilan du ministère de la Santé. Parmi les cas toujours actifs, 2 241 personnes sont hospitalisées, dont 902 en soins intensifs.

Au terme d’un bouclage strict de quatre semaines, le Liban est entré depuis ce matin dans une phase de déconfinement progressif qui doit s’étaler sur quatre étapes de quinze jours chacune. Cette première phase, qui verra l’ouverture des secteurs dits vitaux (supermarchés, épiceries, supérettes et les industries qui leur sont liées, ainsi que les banques) sous conditions strictes,...

commentaires (1)

Une gestion "politique" de la crise, pour étouffer un peuple à qui cet état n'a rien apporté mais a tout pris, liberté, santé, éducation, ressources, et ça continue, avec la complicité de nos technocrates médicaux locaux qui se font complices du crime.

Christine KHALIL

11 h 08, le 08 février 2021

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Commentaires (1)

  • Une gestion "politique" de la crise, pour étouffer un peuple à qui cet état n'a rien apporté mais a tout pris, liberté, santé, éducation, ressources, et ça continue, avec la complicité de nos technocrates médicaux locaux qui se font complices du crime.

    Christine KHALIL

    11 h 08, le 08 février 2021

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