Dans un article publié sur le site saoudien al-Arabiya, la journaliste franco-libanaise Mona Alami avance que l’intellectuel Lokman Slim, retrouvé mort jeudi matin au Liban-Sud, a été assassiné en raison des recherches qu’il était en train d’effectuer sur les activités financières du Hezbollah. Opposant notoire et virulent au parti chiite, Lokman Slim a été tué de cinq balles, quatre à la tête et une dans le dos. Dans son article, Mona Alami affirme que lors de sa dernière rencontre avec l’écrivain chiite le 1er février, il lui aurait révélé être en contact avec un homme d’affaires sanctionné par le Trésor américain et affilié aux réseaux du Hezbollah, qui souhaitait monnayer sa défection contre son exfiltration vers les États-Unis. Lokman Slim aurait échangé avec la journaliste sur les différents moyens d’assister cette personne afin qu’elle accède à l’asile et la protection des États-Unis. Mona Alami a accepté de répondre aux questions de L’OLJ.
Pourquoi Lokman Slim a-t-il été assassiné selon vous ?
Tout ce que j’ai à dire sur le sujet est publié dans mon article. Lokman Slim m’a parlé (de cet homme souhaitant faire défection, NDLR) parce qu’il avait confiance en moi, pas en tant que journaliste, mais en tant qu’amie. Lorsqu’il m’a approchée pour me parler de cette personne prête à donner des informations sur le Hezbollah en contrepartie d’un exil aux États-Unis, j’ai été extrêmement surprise. Je n’ai pas pris cette information au sérieux, et aujourd’hui, je culpabilise. Je lui ai dit qu’il me fallait quelques jours pour réfléchir. Il avait beaucoup plus de contacts que moi aux États-Unis, mais il voulait que l’on réfléchisse ensemble sur le sujet. Quand j’ai appris la nouvelle de son assassinat, j’ai directement fait le lien avec ce dossier et compris la gravité des informations qu’il devait avoir entre les mains. Je l’avais mis en garde quant à la sensibilité de ce dossier sans avoir conscience de l’ampleur du danger.
Seriez-vous prête à témoigner devant la justice en cas de procès ?
Oui, bien sûr. J’espère vraiment qu’il y aura un procès et je suis prête à me rendre devant la justice. Les assassins de Lokman Slim doivent être condamnés, mais permettez-moi d’être pessimiste sur ce point. La justice libanaise n’arrive jamais à rien sur ces dossiers d’assassinats politiques, et nous le savons bien. Au bout du compte, les assassins sont les gens qui sont au pouvoir, on le sait depuis 2005.
Savez-vous si Lokman Slim est allé au bout du processus visant à exfiltrer la personne en question ?
Non, je crois qu’il ne voulait pas communiquer avec les ambassades de peur que trop de personnes ne soient impliquées. Il avait peur d’éventuelles fuites.
Avait-il conscience, selon vous, des risques qu’il prenait avec cette affaire ?
Je sais qu’il travaillait sur le dossier des financements du Hezbollah depuis longtemps, et le fait qu’il soit directement en contact avec une personne qui blanchissait de l’argent pour le compte du parti de Dieu représentait une grosse menace pour l’organisation. Mais je ne sais pas à quel point il prenait ses précautions vis-à-vis de son entourage et de ses communications sur cette affaire. Il m’en a parlé dans sa maison à Ghobeyri, ce qui me laisse penser qu’il n’était pas très inquiet pour sa sécurité.
commentaires (5)
Mme. Alamo pourquoi vous ne l'avez pas aider à fuite du Liban?
Eleni Caridopoulou
20 h 26, le 06 février 2021