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Société - Six mois après les explosions

À l’hôpital public de la Quarantaine, l’aile pédiatrique en travaux bientôt prête

À long terme, l’association Assameh qui cogère l’institution publique a pour objectif de développer un centre de soins mère-enfant de 300 lits, qui ambitionne de devenir une référence au Moyen-Orient.

À l’hôpital public de la Quarantaine, l’aile pédiatrique en travaux bientôt prête

Une infirmière au chevet d’un nouveau-né prématuré. Photos A.-M. H.

Au bruit incessant des marteaux s’unit le hurlement des sirènes des cargos dans le port de Beyrouth voisin, encore dévasté. En ce jour anniversaire de la meurtrière double explosion du 4 août 2020 qui a soufflé une grande partie de la capitale libanaise, faisant 200 morts, 6 500 blessés et 300 000 sans-abri, l’hôpital public de la Quarantaine semble renaître de ses cendres. Après dix jours d’interruption totale pour cause de confinement, le chantier de reconstruction de l’aile pédiatrique et de néonatologie se réveille enfin. Une vingtaine d’ouvriers s’activent nuit et jour à redonner vie aux locaux carrément soufflés par la double déflagration. Car le service doit impérativement démarrer fin février au plus tard. L’ancienne construction déjà fatiguée avant le drame a été quasiment refaite. Elle donnera le jour à une structure autonome de trois pavillons d’une capacité de 34 lits. Le premier destiné aux services de pédiatrie, de soins intensifs de néonatologie et de soins intensifs de pédiatrie, le deuxième muni d’une salle d’opération, d’une cuisine et d’une buanderie et le troisième consacré à l’administration.


Des ouvriers à pied d’œuvre pour permettre la réouverture de l’aile de néonatalité de l’hôpital public de la Quarantaine.


Une unité « digne d’un chalet suisse »

Le professeur Robert Sacy, fondateur de l’Association d’aide à la mère et l’enfant à l’hôpital (Assameh) qui cogère l’institution publique, promet un service pour nouveau-nés prématurés et enfants malades « digne d’un chalet suisse ». Un clin d’œil reconnaissant à l’adresse de « la Suisse qui a exclusivement financé les travaux de reconstruction, à hauteur d’un million de dollars ». Quant aux équipements, dont 60 % environ ont survécu à la double explosion et le reste a été offert par de généreux donateurs, ils n’attendent qu’à être installés. « Ce service sera doté de six lits de soins intensifs, 18 couveuses et 12 chambres pédiatriques », annonce le chef du programme de pédiatrie de l’institution, spécialiste en néonatologie et réanimation pédiatrique. À plus long terme, les lieux devraient prendre la fonction d’hôpital de jour pour les jeunes patients atteints de cancer, de maladies du métabolisme ou nécessitant des dialyses.

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Au même moment, dans le vieux bâtiment de l’hôpital public réhabilité en urgence après le 4 août par l’Association des maires francophones, 18 enfants dont 6 nouveau-nés prématurés sont pris en charge, dans l’attente de la réouverture de l’aile pédiatrique. Ici, aucun cas de coronavirus, mais des enfants malades qui nécessitent d’être soignés et surveillés en permanence. « En ces temps de pandémie, l’hôpital de la Quarantaine est le seul à accueillir les grands prématurés et les enfants souffrant d’atteintes autres que le Covid-19 », explique le Pr Sacy. Dans le silence feutré des lieux, les jeunes patients font partie des plus défavorisés. Des cas sociaux, il y en a à la pelle. Comme ces deux enfants battus et brûlés par leur marâtre, dont l’un ne survivra pas. Comme ces réfugiés syriens pris en charge par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Comme enfin ces apatrides qu’on appelle les bidoun (sans identité) et dont nul ne veut. « Un nourrisson apatride a été amené en urgence pour une déshydratation. Son père n’avait que 100 000 LL en poche. Nous l’avons hospitalisé et soigné, car nul ne l’aurait admis. Il est aujourd’hui guéri », souligne le pédiatre. Au total, en 2020, et malgré la baisse sensible due à la pandémie et à l’explosion, l’association Assameh a hospitalisé 870 enfants prématurés et malades à l’hôpital gouvernemental de la Quarantaine, contre un millier l’année précédente. « Un mois après l’explosion, nous étions déjà opérationnels », dit-il.


Devant le nouveau bâtiment, dont le chantier doit reprendre bientôt, le professeur Robert Sacy, fondateur d'Assameh, association qui cogère l'hôpital de la Quarantaine. Photo A.-M. H.


Reprise des travaux du nouveau bâtiment

L’engagement du Pr Sacy envers les plus démunis ne s’arrête pas là. La reconstruction de l’aile pédiatrique de l’hôpital gouvernemental de la Quarantaine n’est que la première étape de l’ambitieux projet de transformer l’institution en un centre de soins pour la mère et l’enfant d’une capacité de 300 lits. « Nous voulons en faire un hôpital de référence au Moyen-Orient », affirme-t-il. Un projet dont la deuxième étape se concrétise après plusieurs années d’incertitude, avec la reprise annoncée des travaux du nouveau bâtiment, démarrés en 2015 sous le contrôle du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et interrompus en 2017 par manque de fonds.

Car au lendemain des explosions, face à l’ampleur des destructions, les donations ont afflué au bénéfice d’Assameh, grâce à la mobilisation d’États et de particuliers. « Nous avons reçu près de 10 millions de dollars de donations, en espèces et en équipements », révèle le spécialiste.

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« C’est donc l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance) qui va se charger de réhabiliter le bâtiment et d’en terminer les travaux grâce aux aides financières de l’Agence française de développement (2 millions d’euros) et des autorités chypriotes (1 million d’euros). Aides qui s’ajoutent aux fonds accordés par Assameh de 1,2 million de USD », précise le Pr Sacy. Sept entreprises sont aujourd’hui en compétition pour l’appel d’offres. La sélection devrait se faire d’ici au 10 février, date prévue du lancement du chantier en présence notamment de l’ambassadrice de France, Anne Grillo. « Nous espérons inaugurer les nouveaux locaux le 4 août prochain, observe Robert Sacy. Un an après l’explosion, notre capacité sera alors de 120 lits mère et enfant. »

Il ne restera plus qu’à lancer la troisième étape du projet. Détruire le vieux bâtiment qui porte encore les stigmates de la guerre civile et le remplacer par une construction flambant neuve. « Les pourparlers avec l’ambassadeur du Qatar sont bien avancés dans ce sens », révèle le praticien, qui espère ainsi voir son rêve réalisé de construire enfin un véritable « palais pour l’enfance défavorisée ».

Au bruit incessant des marteaux s’unit le hurlement des sirènes des cargos dans le port de Beyrouth voisin, encore dévasté. En ce jour anniversaire de la meurtrière double explosion du 4 août 2020 qui a soufflé une grande partie de la capitale libanaise, faisant 200 morts, 6 500 blessés et 300 000 sans-abri, l’hôpital public de la Quarantaine semble renaître de ses cendres....

commentaires (2)

Quel rêve serait notre Liban s’il pourrait être gérait par des Hommes de cette trempe ! Merci Dr Robert SACY

Bardawil dany

10 h 44, le 06 février 2021

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Commentaires (2)

  • Quel rêve serait notre Liban s’il pourrait être gérait par des Hommes de cette trempe ! Merci Dr Robert SACY

    Bardawil dany

    10 h 44, le 06 février 2021

  • Chapeau!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 29, le 06 février 2021

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