Non, ce vivre-ensemble ne marche plus

Non, je ne parle pas d’un vivre-ensemble communautaire au niveau de la foi. Chrétiens, musulmans, juifs ou même athées peuvent très bien vivre ensemble quand chacun pratique sa religion chez lui. Il existe aujourd’hui un schisme culturel très profond qui divise les Libanais en deux. Ceux, d’un côté, pacifistes de nature et qui veulent que le Liban regagne sa réputation de perle du Moyen-Orient, grande plateforme culturelle, académique, et que Beyrouth redevienne la capitale de la gastronomie et de la vie nocturne, tout en payant leurs cotisations publiques, mais qui priorisent aussi nos relations historiques avec l’Europe, les pays arabes voisins et le reste de l’Occident. Il existe, d’un autre côté, ceux qui veulent oppresser toute liberté d’expression, visant à transformer ce paradis méditerranéen en un terrain de guerre éternelle au nom d’une certaine dignité qui leur permet de transgresser toutes les lois sans même se soucier de payer non seulement leurs taxes, mais aussi leurs factures d’électricité, et pour qui les investissements étrangers, les touristes et les premiers crus représentent des vices impardonnables. En regardant de plus près, on peut facilement constater (comme par pur hasard) une corrélation positive étroite entre le niveau d’éducation, mais surtout de culture, et l’appartenance à un de ces groupes. Cet écart fait du Liban un pays disproportionné, créant une divergence voire une inégalité flagrante entre ses différentes régions. Depuis plusieurs années, il suffisait d’aborder le sujet d’un système fédéral pour être traité de traître. Aujourd’hui, les choses ont changé, et leur « vivre-ensemble » a fait en sorte qu’un système fédéral n’est plus suffisant. Il faut opter pour une séparation plus profonde, de la même profondeur que nos divergences culturelles, mais aussi de la divergence de nos valeurs et de nos priorités. Non, nous ne sommes pas tous similaires, non, nous ne reflétons pas tous la même image ni même le même Liban.

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