Face à l’indifférence indicible des responsables alors que le pays s’effondre à tous les plans, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont appelé hier à la formation rapide d’un gouvernement apte à réaliser des réformes substantielles, condition sine qua non d’un soutien international.
« Il est urgent et vital que les responsables libanais mettent enfin en œuvre leur engagement de former un gouvernement crédible et efficace et de travailler à la réalisation des réformes nécessaires, conformément aux aspirations du peuple libanais », ont martelé MM. Blinken et Le Drian, dans une déclaration conjointe, marquant la commémoration des 6 mois de la double explosion au port de Beyrouth. « Ces actions concrètes restent absolument nécessaires pour que la France, les États-Unis et leurs partenaires régionaux et internationaux s’engagent à apporter un soutien supplémentaire, structurel et de long terme au Liban », ont-ils ajouté. Si l’appel très ferme des deux chefs de la diplomatie s’inscrit dans le prolongement de la politique suivie par leurs pays respectifs à l’égard de la crise au Liban, il reste que leur choix de faire paraître un communiqué conjoint n’est pas fortuit mais tend à montrer que Paris et Washington sont sur la même longueur d’onde par rapport au dossier libanais.
MM. Blinken et Le Drian ont aussi épinglé les responsables au sujet de l’enquête qui continue de faire du surplace au plan local, alors qu’à l’échelle internationale, les informations se multiplient sur les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont atterri en 2014 au port de Beyrouth. Ils ont appelé à une accélération des investigations en affirmant que « la France et les États-Unis attendent des résultats rapides dans l’enquête sur les causes de l’explosion ». « La justice libanaise doit travailler en toute transparence, à l’abri de toute interférence politique », ont insisté les deux ministres. MM. Blinken et Le Drian ont en outre réaffirmé la solidarité de leurs gouvernements respectifs à l’égard de la population libanaise. « Six mois après l’explosion du 4 août au port de Beyrouth, qui a fait des centaines de victimes et d’importants dégâts matériels, la France et les États-Unis réaffirment leur soutien plein et entier au peuple libanais. Comme nous l’avons fait depuis l’explosion, notamment avec les Nations unies, nos partenaires et la société civile libanaise dans le cadre des conférences de soutien du 9 août et du 2 décembre derniers, la France et les États-Unis vont continuer d’apporter une aide d’urgence au peuple libanais, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du logement et de l’alimentaire », indique le texte.
Lettre morte
Dans le même sillage, l’ambassadrice de France, Anne Grillo, a appelé l’État à réaliser des réformes, en même temps qu’elle a assuré les Libanais du soutien de Paris. « Il est inacceptable que le Liban n’ait toujours pas de gouvernement pour répondre à la crise sanitaire et sociale, et engager les réformes structurelles indispensables au redressement et à la stabilité du pays. Et que les engagements pris devant le président de la République soient encore lettre morte », s’est-elle indignée dans une déclaration marquant les 6 mois de « l’effroyable explosion » qui « a blessé Beyrouth et, par là même, tout le Liban ». Affirmant qu’« immédiatement, la France et les Français se sont mobilisés, parce que la France porte le Liban en son cœur », elle a rappelé que « deux jours après le drame, le président de la République était auprès de vous ».
Mme Grillo a elle aussi évoqué l’organisation par la France, « avec l’appui des Nations unies », des deux conférences qui avaient permis de « collecter l’aide d’urgence nécessaire ». « Aujourd’hui, dans un Liban confiné et face à une situation sanitaire dramatique, la France est toujours là, à vos côtés », a ajouté l’ambassadrice. « Je signerai dans quelques jours un document de soutien à la reconstruction de l’hôpital de la Quarantaine ; des dons de produits de première nécessité dans la lutte contre le Covid-19 seront livrés dans quelques jours. »
« Six mois après l’explosion, il est inacceptable de compter encore et toujours sur la résilience des Libanaises et des Libanais, qui attendent d’être soignés, de pouvoir se nourrir, d’accéder à une éducation de qualité et de vivre décemment et ensemble dans leur pays », a conclu Anne Grillo.
commentaires (6)
Ça ne sert à rien "d'appeler". Il faut soit leur donner une carotte (un os?) à ronger, soit leur faire sentir le bâton. Il se contrefichent de "l'aide internationale au Liban" comme de leur première culotte. Il n'y a que leur panse qui les intéresse. Et en plus vous le savez, alors pourquoi tous ces micmacs? Pour le "prestige" du pays? Ha ha ha ha ha! Je rigole mais c'est nerveux, J'ai plutôt envie de pleurer en ce moment.
Gros Gnon
23 h 00, le 05 février 2021