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Société - Contestation

Des manifestants de tout le Liban affluent à Tripoli en signe de solidarité

"Les services de sécurité n'ont pas commis d'erreurs à Tripoli", affirme le ministre sortant de l'Intérieur, en commentant les émeutes des derniers jours.

Des manifestants de tout le Liban affluent à Tripoli en signe de solidarité

Des manifestants anti-pouvoir rassemblés sur la place Al-Nour de Tripoli, le 31 janvier 2021. Photo João Sousa

Tripoli, la "capitale du Liban-nord" qui a été le théâtre en début de la semaine de violents heurts qui ont fait un mort parmi les manifestants et plus de 300 blessés, notamment parmi les forces de l'ordre, était témoin d'une nouvelle manifestation dimanche, des centaines de protestataires ayant afflué de plusieurs villes du pays en signe de solidarité.

Afin de protester contre la dégradation des conditions de vie et le confinement strict en place jusqu'au 8 février, des centaines de manifestants étaient descendus dans la rue ces derniers jours, mais la contestation avait pris une tournure violente. Plusieurs bâtiments ont été dégradés, ou même incendiés, comme le siège historique de la municipalité de la ville, un acte qui a suscité un tollé dans le pays. L'armée et les forces de l'ordre ont réprimé les manifestations, alors que les responsables politiques du pays se rejetaient la balle quant à savoir qui ou quoi a provoqué ces émeutes et qui en assumait la responsabilité.

L'édito de Issa GORAIEB

Un record d’infortunes

"Des manifestants de Beyrouth, de la Békaa, du Akkar"

Dimanche, dès midi, l'armée a bloqué de manière préventive la place Al-Nour, haut lieu de la contestation populaire déclenchée le 17 octobre 2019. Des convois de protestataires ont pris le départ peu après 13h depuis la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, en soutien à Tripoli, ville la plus pauvre du pays. Ces convois regroupaient des manifestants des quatre coins du pays, allant jusqu'à Tyr, au Liban-sud.

Un groupe de manifestants sur la place Al-Nour à Tripoli, le 31 janvier 2021. Photo João Sousa

Vers 16h, les contestataires, plusieurs centaines selon Abby Sewell, journaliste envoyée sur place par notre publication anglophone L'Orient Today, se sont regroupés dans le calme sur la place Al-Nour. Certains sont venus en famille. Des vendeurs ambulants étaient présents aussi, malgré le confinement, et le port du masque n'était que très peu respecté.

"Des manifestants de Beyrouth, de la Békaa, du Akkar, sont venus nous soutenir de manière pacifique", se félicite Talal Tawil, originaire de la ville, dans des propos accordés à Abby Sewell. "Toute la population de Tripoli est fatiguée. Il faut que tout le monde vienne nous soutenir", implore-t-il. "Nous sommes venus dire au peuple de Tripoli que nous sommes avec eux, et que leur peine est la nôtre. Nous restons unis depuis le 17 octobre 2019 et nous le resterons", promet un jeune manifestant venu de Beyrouth, et qui affirme être accompagné d'une centaine de protestataires.

"Ce n'est pas la première fois que nous venons sur la place al-Nour", rappelle, à la journaliste de L'Orient Today, un autre manifestant venu de Kfar Remmane, dans le caza de Nabatiyé au Liban-Sud. "Les cantons qu'ils (les dirigeants) ont créé durant trente ans, la révolution du 17 octobre les a détruits, et c'est ce qui leur fait peur", affirme-t-il à notre journaliste, avant d'ajouter : "Oui, la faim a poussé les gens dans la rue, mais la dignité aussi, car la population en a assez d'être humiliée. Les révolutions ne se font pas en un an ou deux. Cela requiert de la patience".

Un petit groupe de jeunes s'est rendu en fin d'après-midi devant le siège du Sérail de la ville, lançant des pierres contre le bâtiment, avant d'être rappelés à l'ordre par leurs aînés. En début de soirée, les heurts ont repris, mais cette fois les forces de l'ordre ont répliqué en tirant quelques grenades lacrymogènes.

Des sit-in de solidarité avec Tripoli ont également été signalés dimanche ailleurs dans le pays, notamment sur la place Moutran de Baableck, dans la Békaa, où une dizaine de manifestants se sont rassemblés, selon notre correspondante Sarah Abdallah.

Fahmi défend les services de sécurité

Alors que l'armée et les forces de sécurité ont été accusées par certains d'excès de violence et d'usage d'armes létales contre les manifestants, des responsables politiques, à leur tête le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ont estimé que l'armée était restée "les bras croisés" face aux actes de vandalisme.

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Le ministre sortant de l'Intérieur Mohammad Fahmi, a volé au secours des services de sécurité, affirmant dimanche que ceux-ci "n'ont pas commis d'erreurs" à Tripoli. "Les services de sécurité n'ont pas commis d'erreurs à Tripoli. Il y avait un objectif clair de nuire au prestige de l'État", a affirmé M. Fahmi, dans une déclaration à une chaîne télévisée. "La municipalité de Tripoli n'est pas une caserne de l'armée ou des forces de sécurité, mais représente les institutions de l'État", a-t-il souligné. Le ministre a fait savoir que "l'enquête n'est toujours pas terminée". "Les forces de sécurité et l'armée libanaise ont défendu le Sérail gouvernemental à Tripoli et les manifestants, n'ayant pas réussi à le prendre d'assaut, se sont rendus au siège de la municipalité", a estimé M. Fahmi. "L'armée n'a pas manqué à ses obligations, et il n'y avait pas 600 membres des forces de sécurité à l'intérieur du Sérail", a-t-il encore affirmé. Le ministre sortant a dans ce contexte effectué dimanche une tournée à Tripoli où il a pu inspecter les dommages au palais municipal, au tribunal religieux sunnite et dans le Sérail gouvernemental.

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L'armée avait annoncé vendredi avoir arrêté la veille trois individus, dont un ressortissant syrien, soupçonnés d'avoir incendié le bâtiment de la municipalité de Tripoli et participé à des actes de vandalisme. Deux autres personnes ont également été arrêtées pour avoir participé à des émeutes et des actes de vandalisme et attaques contre des propriétés publiques et privées et pour avoir bloqué l'accès de la municipalité à la Défense civile et aux pompiers. Les Forces de sécurité intérieure ont de leur côté publié dimanche un nouveau communiqué dans lequel elles défendent leur action dans le périmètre du Sérail, lorsque celui-ci a été encerclé par des manifestants et partiellement incendié.

Un incendie fait deux morts

Déjà endeuillée par la mort de Omar Tayba, jeune manifestant tué par balles lors des émeutes en début de semaine, Tripoli a connu un nouveau drame dimanche, vraisemblablement d'origine accidentelle. Selon Abby Sewell, deux hommes non identifiés sont décédés dans l'incendie a priori accidentel d'une vieille demeure située dans le vieux souk de la ville. Il semblerait que ce drame ait été provoqué par un dysfonctionnement électrique.

Tripoli, la "capitale du Liban-nord" qui a été le théâtre en début de la semaine de violents heurts qui ont fait un mort parmi les manifestants et plus de 300 blessés, notamment parmi les forces de l'ordre, était témoin d'une nouvelle manifestation dimanche, des centaines de protestataires ayant afflué de plusieurs villes du pays en signe de solidarité.Afin de protester contre la...

commentaires (4)

« Il y avait un objectif clair de nuire au prestige de l'État", Vraiment ? De quel prestige s’agit il ? Toujours rigolo le Fahmi. De grâce laissez le nous, il nous pond une perle par semaine !!!

Joumana Khalife

22 h 24, le 31 janvier 2021

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Commentaires (4)

  • « Il y avait un objectif clair de nuire au prestige de l'État", Vraiment ? De quel prestige s’agit il ? Toujours rigolo le Fahmi. De grâce laissez le nous, il nous pond une perle par semaine !!!

    Joumana Khalife

    22 h 24, le 31 janvier 2021

  • C’est ce bon vieux Covid qui doit se rouler par terre de rire, en se disant: j’arrive pas à croire la chance que j’ai d’être tombé sur des crétins pareils, miam miam miam...

    Gros Gnon

    20 h 51, le 31 janvier 2021

  • L,INCOMPETENCE DE LA TETE DE L,ECHELLE ET DES SUIVANTS ECHELONS JUSQU,AU DERNIER ET LES CATASTROPHES QUE LES CORROMPUS ONT FAIT ABATTRE SUR LE PAYS DONT LE VOL DES ECONOMIES DU PEUPLE ET LA FAMINE IMPOSEE PAR LEUR M,ENFOUTISME CONDUIT LE PAYS IMMANQUABLEMENT SUR LA VOIE DE L,INSURRECTION. DEGAGEZ-LES TOUS MEME SI DE MALGRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 55, le 31 janvier 2021

  • Les émeutes à Tripoli ne semblent pas avoir terni. L'étroite association à la crise politique est claire, car toute solution qui engendre un nouveau gouvernement quel qu'il soit, est capable de calmer le jeu sous tous les aspects. Un bon président se tiendrait à l'écart des petitesses, et responsabilise le chef de gouvernement pour la formation à laquelle il n'objecte pas, et le laisse se débrouiller face au parlement

    Esber

    17 h 37, le 31 janvier 2021

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