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Politique - Justice

Le coup d’éclat de Ghada Aoun : Riad Salamé mis en cause pour négligence et abus de confiance

Le coup d’éclat de Ghada Aoun : Riad Salamé mis en cause pour négligence et abus de confiance

Riad Salamé.

Alors qu’il est mis sur la sellette en Suisse dans le cadre d’une enquête pour « blanchiment d’argent aggravé en lien avec de possibles détournements de fonds au préjudice de la Banque du Liban (BDL) », le gouverneur Riad Salamé fait depuis hier l’objet de poursuites judiciaires engagées par la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, dans le cadre de la gestion du dollar subventionné et d’une manipulation présumée du taux dollar/livre. La décision de la juge constitue une première. Actes reprochés ? Négligence professionnelle et abus de confiance ayant entraîné un gaspillage de fonds publics. Mme Aoun a également lancé des poursuites contre la présidente de la Commission de contrôle des banques (CCB), Maya Dabbagh, pour manquement à ses obligations dans l’exercice de ses fonctions, ainsi que contre Michel Mecattaf, propriétaire d’une agence d’importation de dollars, et Abdel-Rahman Fayed, changeur.

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À une question concernant le timing de la décision de Mme Aoun à moins de dix jours de l’annonce de l’enquête suisse, une source judiciaire proche du parquet d’appel du Mont-Liban rejette tout lien entre les deux processus. « L’enquête sur le dossier dans lequel est impliqué le gouverneur de la BDL au Liban s’est ouverte en décembre dernier, soit avant que ne parvienne l’information sur l’enquête suisse », rappelle-t-elle. Convoqué une première fois le 10 décembre, ce dernier s’était excusé à travers son avocat de ne pouvoir comparaître pour des raisons de sécurité, et avait comparu une semaine plus tard. La période des fêtes de fin d’année s’étant écoulée, Ghada Aoun a poursuivi son enquête qui s’est achevée tout récemment, d’où la date de publication de la décision, explique la source interrogée.

Il n’empêche que la chaîne MTV a estimé hier que la procureure générale du Mont-Liban aurait engagé ses poursuites pour empêcher Riad Salamé de se rendre en Suisse, alors que celui-ci avait exprimé sa volonté de comparaître devant la justice helvétique. Le gouverneur de la BDL avait été entendu il y a 8 jours par le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, suite à une demande d’entraide judiciaire adressée par le ministère public de la Confédération helvétique aux autorités libanaises. Aucune coordination n’a eu lieu entre M. Oueidate et Ghada Aoun au sujet du dossier lié au dollar subventionné, soutient une source judiciaire haut placée, interrogée par L’Orient-Le Jour. Sur un autre plan, à la question de savoir pourquoi cette affaire est entre les mains de Ghada Aoun, alors que le procureur général financier Ali Ibrahim s’était également penché sur une manipulation de taux de change en mai dernier, la source indique que les faits imputables ne sont pas les mêmes et concernent également le droit commun.

Dans les milieux judiciaires proches du dossier, on indique que M. Salamé « a permis une distribution aux changeurs de catégorie A des dollars échangeables au taux de 3 900 LL sans publier des circulaires exigeant que ces devises soient destinées aux seules catégories visées par le mécanisme mis en place, en l›occurrence des importateurs de certains produits alimentaires ». Cela a permis aux changeurs de vendre ces dollars subventionnés aux personnes de leur choix, et donc à gaspiller et dilapider les fonds publics, selon les mêmes sources.

Un feu vert du Conseil des ministres

Dans un son de cloche qui défend la politique du gouverneur, une source juridique note via L’OLJ que ce dernier a injecté les dollars sur le marché dans le but de réduire les effets de la crise monétaire et non de l’exacerber. M. Salamé avait d’ailleurs pris cette mesure en vertu d’une décision du Conseil des ministres, note la source précitée, indiquant que le gouverneur n’a pas à intervenir dans les relations liant les changeurs à leurs clients.

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Quant à la présidente de la Commission de contrôle des banques, Maya Dabbagh, elle serait accusée de n’avoir pas contrôlé de manière correcte les flux de dollars auprès des établissements de change. Ghada Aoun lui reproche de n’avoir pas dépêché auprès des bureaux de change suffisamment de contrôleurs pour s’assurer de la régularité des transactions.

Pour ce qui est de Michel Mecattaf, propriétaire d’une agence d’importation de dollars, et Abdel-Rahman Fayed, changeur, la procureure du Mont-Liban leur reprocherait d’avoir « contrairement aux directives de la BDL, gardé dans leurs caisses des dollars échangeables au taux de 3 900 livres, et d’avoir vendu des devises à des changeurs plutôt qu’à des importateurs », selon des sources judiciaires.

Le dossier sur le dollar subventionné a été transféré dans son ensemble au premier juge d’instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, qui devrait dès la semaine prochaine interroger toutes les personnes mises en cause.


Le chef du CPL se félicite de l’enquête ouverte par Berne
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil s’est félicité de l’enquête ouverte par la Suisse au sujet de transferts de fonds présumés effectués par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, son frère, son assistante et des institutions liées à la BDL, estimant qu’il s’agit d’« un précédent » qui, a-t-il espéré, aura un effet boule de neige. Dans un communiqué qu’il a fait paraître hier, M. Bassil a ainsi exprimé l’espoir que « d’autres pays dont les banques ont réceptionné des fonds transférés du Liban appliqueront la même procédure, qu’il s’agisse de fonds frauduleusement sortis du pays ou en lien avec des affaires de blanchiment d’argent ».
Après avoir rappelé qu’il avait à maintes reprises « demandé à des responsables internationaux (…) d’aider le Liban à faire la lumière sur des transferts douteux », le chef du CPL a jugé « indispensable que la justice libanaise lance une action diplomatique et engage un avocat ou un bureau d’avocats spécialisés dans ces affaires pour mener une enquête interne et internationale sur ces transferts ». Il a également plaidé pour la réalisation de l’audit juricomptable de la Banque du Liban. « Toutes les personnes impliquées (dans des affaires de corruption, NDLR) seront poursuivies », a-t-il affirmé, indiquant que les Libanais « comptent sur certains juges courageux pour récupérer les fonds qui leur ont été volés ». Le chef du CPL a encore demandé à la Chambre de se pencher sur différents textes de loi présentés par le groupe aouniste, relatifs notamment au contrôle des virements effectués à l’étranger, à la récupération des fonds transférés après le 17 octobre 2019 et à la création d’un tribunal spécial pour les crimes financiers.
Alors qu’il est mis sur la sellette en Suisse dans le cadre d’une enquête pour « blanchiment d’argent aggravé en lien avec de possibles détournements de fonds au préjudice de la Banque du Liban (BDL) », le gouverneur Riad Salamé fait depuis hier l’objet de poursuites judiciaires engagées par la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, dans...

commentaires (4)

Je ne pense pas qu'un multimillionnaire en USD se gargarise à risque avec quelques dollars et de se compromettre en s'exposant à des requins comme les agents de changes. Une fois blanchi, il nous dira "vous avez vu, j'en suis pour rien dans TOUTES ces affaires !

Shou fi

11 h 08, le 29 janvier 2021

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Commentaires (4)

  • Je ne pense pas qu'un multimillionnaire en USD se gargarise à risque avec quelques dollars et de se compromettre en s'exposant à des requins comme les agents de changes. Une fois blanchi, il nous dira "vous avez vu, j'en suis pour rien dans TOUTES ces affaires !

    Shou fi

    11 h 08, le 29 janvier 2021

  • IL N,EST QU,UN DES BRAS. QUI EST LE JUGE QUI VA OSER S,ATTAQUER A LA TETE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 05, le 29 janvier 2021

  • ceci dit, quid de la responsabilite des divers ministres des finances, le TRES HONNETE directeur general de ce ministere ? Bref de coups d'eclats on ne veut pas. ce que l'on veut c'est des coups qui portent .

    Gaby SIOUFI

    10 h 51, le 29 janvier 2021

  • ""Le coup d’éclat de Ghada Aoun "" ET VOILA ! il ne manquait plus que les coups d'éclat pour enjoliver les journees eclatantes de nos vies . plus il y en a plus on se marre !

    Gaby SIOUFI

    10 h 44, le 29 janvier 2021

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