« L’état de notre État » : la Fondation Renaissance Liban attribue un 2,2/10 à la classe dirigeante

La Fondation Renaissance Liban (FRL), une ONG composée d’experts politiques et économiques et d’activistes, militant pour l’émergence d’un État de droit, vient de publier son indice annuel sur « l’état de notre État ». Un indice qui illustre une dégradation inédite de la situation dans divers secteurs de la vie publique libanaise. Le pays ne récolte ainsi cette année qu’une moyenne lamentable de 2,2/10 au plan de la capacité de la classe dirigeante à assurer une vie digne aux citoyens. Une note en nette régression depuis la première évaluation (4,3) à laquelle a procédé la FRL en 2010, ainsi que par rapport aux années 2017 (3,4), et 2018 et 2019 (3,2). Le Liban regarde ainsi du bas de l’échelle la note de 8,4/10 dont ne s’est jamais départi la Norvège, choisie comme modèle de comparaison. « On s’approche du fond », commente avec dépit le directeur des programmes et des relations externes de l’ONG, Fady Bustros, joint par L’Orient-Le Jour.

Au hit-parade des cancres

Le bilan établi par la FRL en termes de gouvernance se base sur 13 critères : la stabilité, la sécurité, le contrôle du gouvernement sur le territoire, la capacité à résister aux influences extérieures, l’exercice de la justice, la qualité de la classe politique, le contrôle de la corruption, la confiance dans les institutions publiques, la transparence économique, le remboursement de la classe souveraine, la liberté d’expression, la tolérance culturelle et religieuse, et l’efficacité de la société civile. Au hit-parade des cancres, la classe dirigeante obtient 0,5/10. La capacité à résister aux influences extérieures décroche un 1,2, le contrôle du gouvernement sur le territoire, la transparence économique, et le remboursement de la classe souveraine sont ex aequo avec une note de 1,4. La performance de la justice est également assez lamentable (1,5), tandis que la confiance dans les institutions publiques plafonne à 1,7/10. La stabilité et la sécurité sont elles aussi pointées du doigt (1,9 et 2,7), de même que la lutte contre la corruption qui affiche un tout petit 2/10.

Le commentaire de Joseph Maïla

La corruption au Liban : les racines du mal

Les seules notes qui s’approchent un tant soit peu de de la moyenne reviennent à ce qu’a pu arracher la société civile en matière de libertés publiques. Celle-ci n’a pourtant obtenu qu’une moyenne de 4,3. Interrogé pour savoir si la FRL n’est pas parcimonieuse sur ce point, notamment après la contestation déclenchée le 17 octobre, Fady Bustros attribue l’évaluation médiocre à « la désorganisation et (aux) divisions internes de la société civile ». « Si celle-ci avait continué à se mobiliser comme elle l’avait fait en 2019, elle aurait probablement obtenu 8/10 », estime-t-il.

Quant à la liberté d’expression, elle obtient la note de 4,3. « Les gens ont encore une marge de manœuvre pour s’exprimer, malgré les convocations policières et judiciaires auxquelles sont souvent sujets les activistes », reconnaît M. Bustros, qui souligne également que la tolérance culturelle et religieuse dont les Libanais font preuve décroche un 4,4. « Exit les extrémistes tel le chef salafiste Ahmad el-Assir » (aujourd’hui en prison), note-t-il, estimant qu’« une majorité des citoyens appellent davantage à la compréhension et à la composition ».