Le Liban d’autrefois fut cette prairie paisible aux plantes herbacées nommées liberté, joie de vivre, multiculturalisme, Orient et Occident. Ce Levant-là indisposait, accablait et irritait ses voisins, tous adeptes d’une seule plante terne et vénéneuse appelée pensée unique.
C’est ainsi que vint ce grand fauchage, ce saccage qui transforma le pays du Cèdre en un Far West aux multiples saloons étrangers dirigés par des shérifs forbans, ayant chacun ses propres desperados écervelés, mais tous sont prêts à tout faire pour maintenir le pays dans un état comateux, histoire de continuer à pomper ses ressources et détourner les aides internationales.
Et nous, les gens du peuple, où sommes-nous ? Que faisons-nous ?
Parmi nous, on trouve les ultras, ceux qui s’identifient aux loups, lèvent très haut l’étendard religieux, propagent la haine de l’autre et vivent de la corruption. Viennent ensuite nos intellectuels pauvres, aisés ou de la classe moyenne dont une partie cherche à fuir le pays tandis qu’une autre s’accroche et s’implique fortement dans les ONG, les associations et les partis politiques émergents pour essayer de faire bouger les lignes.
Et enfin, la majorité silencieuse qui n’a pas le temps de réfléchir, sa seule préoccupation étant de trimer pour pouvoir survivre au jour le jour, tout en continuant à se plaindre et compter les traces des coups reçus par sa pauvre peau, devenue si fragile. Malheureusement, c’est cette majorité qui se fait facilement manipuler et domestiquer par nos loups véreux à coups de dollars, de piston et d’aide alimentaire. C’est ainsi que nos charognards de loups arrivent à se déguiser en agneaux charitables et à brouiller les pistes en se mettant eux aussi à crier au loup.
Nous sommes tombés plus bas que bas, au point de ne plus savoir le vrai du faux. Notre scène politique correspond à un bal masqué, tout le monde crie au loup, les loups aussi.
Le temps urge, le Liban va fatalement sombrer dans l’abîme. L’histoire parlera du naufrage collectif d’un peuple incapable de se défaire de ses chefs brigands qui détournent des milliards de dollars et ne distribuent que des miettes pour maintenir et consolider leur emprise vampirique à nous autres, leurs quémandeurs, leurs moutons !
Arrêtons la haine et le mépris entre nous. Notre saison de désamour et de désunion a trop duré. Agissons ici et maintenant, sinon, l’histoire ajoutera notre nom à cette sombre liste des peuples martyrs : amérindien, palestinien, arménien, etc.
Ce texte est le courrier d'un lecteur. A ce titre, il n'engage que son auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue de L'Orient-Le Jour.
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